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Actualités - REPORTAGES

Infrastructure - Enchevêtrement des prérogatives et gaspillage des deniers publics retardent les travaux d’entretien 35 % du réseau routier dans un état lamentable

Négligence ou absence d’entretien, aujourd’hui, près de 35 % de l’ensemble du réseau routier du pays est dans un état piteux. Si l’on ne parvient pas dans un proche avenir à redresser la situation, cela entraînera des pertes économiques bien plus importantes que celles déjà subies en raison notamment des dommages occasionnés à l’infrastructure et qui exigeront une reconstruction coûteuse. Le réseau routier est le moteur principal et le lien entre les différentes régions libanaises et, par là même, l’élément clé de l’activation des différents secteurs économiques et sociaux. Il s’agit d’un capital national qu’il convient de préserver en le réhabilitant et en l’améliorant. «Le budget affecté par le ministère des Travaux publics à l’entretien et au développement des routes pour l’année en cours s’élève à près de 100 milliards de LL, soit 1/3 seulement des crédits nécessaires à un entretien correct du réseau», déclare Fady Nammar, directeur général des routes et des bâtiments au ministère des Travaux publics, appelé à jouer un rôle principal dans le cadre de la dynamique de reconstruction et de développement du pays. Mais l’efficacité de l’action du ministère sur le terrain est tributaire de l’étendue de ses prérogatives, des potentialités techniques dont il dispose et de la compétence de ses cadres. Or, ces trois composantes de la réussite font en quelque sorte défaut dans la structure actuelle du ministère des Travaux publics devenue caduque. Les législations en vigueur consacrent un enchevêtrement des prérogatives et une dualité dans le fonctionnement en raison de la multiplicité des organismes et des établissements publics chargés d’une même mission concernant l’exécution de travaux d’entretien et de réhabilitation des routes. Ainsi, outre la direction générale des routes et des bâtiments, le Conseil du développement et de la reconstruction, la Caisse des déplacés, le Conseil du Sud et le Conseil exécutif des grands projets s’occupent de l’entretien du réseau routier. La ville de Beyrouth, quant à elle, représente à ce niveau une entité totalement autonome puisque l’aménagement et la maintenance de son réseau routier sont confiés par la loi d’une manière exclusive et explicite à certains organismes publics à l’exclusion du ministère des Travaux publics. Concertation préalable L’exécution des projets, qui exige donc une concertation entre plusieurs administrations du fait de leur spécialisation, de leur compétence au niveau du financement ou de leurs ressources humaines, bute en général sur des difficultés qui entraînent un ralentissement dans la concrétisation des projets et un gaspillage certain des deniers publics. «Pour éviter ces cas de figure, il faut dynamiser la coordination entre les différentes instances concernées par l’exécution d’un même projet à travers la formation d’une équipe de travail ad hoc chargée de superviser la bonne marche des travaux de tout projet commun à plusieurs entités publiques», souligne M. Nammar, qui fait valoir par ailleurs qu’une telle démarche permet de limiter le gaspillage tout en canalisant les efforts et les potentialités des différentes parties concernées et en faisant assumer la responsabilité de la bonne mise en œuvre du projet au seul comité ad hoc. Selon le directeur général des routes et des bâtiments, la fusion des ministères des Travaux publics et du Transport approuvé le 25 juillet dernier peut s’avérer salutaire. Et pour cause : une concertation préalable entre les deux départements au niveau des études de faisabilité des projets à exécuter permettrait des économies d’échelles certaines. En dépit de l’état de fait actuel, le ministère des Travaux publics s’attelle à l’amélioration et à la modernisation des moyens de travail appliqués sur base desquels une stratégie d’avenir peut être mise en œuvre. Il s’agit entre autres de : planifier et coordonner le travail entre la direction générale des routes et bâtiments et les directions régionales dans les différents mohafazats ainsi qu’entre la direction générale et les différents services et départements techniques et administratifs ; adopter le principe de la sanction et de la gratification des fonctionnaires sur base d’une évaluation permanente de leur travail ; informatiser le travail administratif, renforcer le rôle du ministère au niveau de la mise au point des études de faisabilité, du contrôle de l’exécution des projets et de la qualité des matières premières utilisées dans les opérations de maintenance des routes en coordination avec Libnor ; moderniser les lois et les règlements qui régissent le travail et les relations administratives et financières entre ce ministère et les autres administrations en l’occurrence le ministère des Finances et les organismes de contrôle. Un réseau de 6 800 km «Dans le programme annuel des projets d’entretien du réseau routier de la direction des routes et bâtiments, le principe du développement équilibré entre les régions est respecté. La priorité dans l’exécution des travaux est donnée dans la mesure du possible aux différentes localités sur base d’études de terrain précises et détaillées menées par la direction générale», affirme M. Nammar. Le ministère des Travaux publics est responsable des travaux de maintenance et de développement du réseau routier classifié qui comprend les routes internationales (600 km) ; les routes principales (1 700 km) ; les routes secondaires (1 500 km) et les routes locales (3 000 km) soit un total de près de 6 800 km. Les routes intérieures estimées à 10 000 km sont du ressort des municipalités. Les travaux de maintenance qu’entreprend la direction des routes et des bâtiments concernant le réseau routier classifié sont à titre d’exemple : l’asphaltage en surface des routes ouvertes à la circulation depuis 8 à 12 ans et plus en raison du vieillissement de l’asphalte (ceci concerne 10 % de la longueur du réseau) ; la construction des anciens murs de soutènement détériorés ; la construction des canaux d’eau ainsi que des barrières aux endroits dangereux, la maintenance des signalisations des routes ; l’éclairage et la réparation du réseau électrique des autoroutes et des routes principales, le déblayage des routes enneigées et l’entretien des ponts. La Banque mondiale «Nous avons entrepris de développer une stratégie rationnelle de maintenance et de développement des routes susceptible de permettre au ministère des Travaux publics de jouer un rôle actif. Un de nos objectif est de mettre en œuvre une stratégie qui puisse maximaliser la valeur du budget du ministère des Travaux publics et d’optimiser le niveau de service de notre réseau routier. Le recours à la Banque mondiale a permis de mettre en place un projet pilote couvrant 400 km de routes étalé sur trois années comprenant douze projets d’un coût total de 75 millions de dollars avec une participation de 42 millions de dollars de la Banque mondiale et 33 millions de dollars de la part du gouvernement libanais», souligne Fady Nammar. Dans le cadre de l’informatisation de la direction des routes et des bâtiments destiné à relier l’Administration centrale aux administration régionales, une première démarche a été accomplie à travers l’adoption de ce qu’on appelle Document Management System (DMS) et l’Archiving and Retrieval System (ARS). Dans une étape ultérieure, il s’agira pour cette même Administration de mettre en œuvre les dernières technologies de pointe concernant la gestion du réseau routier à travers le contrôle de la densité du trafic automobile et de la densité de la pollution de l’air et l’utilisation d’un software avancé comme celui du HDM-4. Une affaire à suivre.
Négligence ou absence d’entretien, aujourd’hui, près de 35 % de l’ensemble du réseau routier du pays est dans un état piteux. Si l’on ne parvient pas dans un proche avenir à redresser la situation, cela entraînera des pertes économiques bien plus importantes que celles déjà subies en raison notamment des dommages occasionnés à l’infrastructure et qui exigeront une...