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Actualités - OPINION

Prisonniers d’un axiome

 L’appel du chef du gouvernement à rompre les relations diplomatiques avec Israël fait partie de l’arsenal politique et diplomatique des pays arabes, mais son impact restera limité, s’il est entendu. Et ses chances d’être entendu restent très incertaines. Cet appel peut paraître global et radical, mais en fait, il ne concerne que deux pays arabes seulement, l’Égypte, qui a signé un accord de paix avec Israël en 1979 et la Jordanie, qui a signé en 1994. Ce sont les seuls pays arabes dont les rapports diplomatiques avec Israël ont un certain poids politique et diplomatique. Et dont les décisions auraient un certain impact sur Israël. Or on voit difficilement l’Égypte et la Jordanie geler leurs relations diplomatiques avec Israël, car ces relations sont complexes, et assorties de garanties économiques américaines dont ces pays ne peuvent se passer. Par ailleurs, il existe des bureaux de représentation ou de liaison israéliens dans certains pays du Golfe. Mais leur fermeture ne risque pas vraiment d’avoir un gros impact sur l’économie israélienne. Certes, idéalement, les pays arabes pourraient organiser leur solidarité afin que ces appuis parviennent aux pays en question par d’autres voies, mais on en est très loin pour le moment. Alors quelle est la portée pratique de ces appels ? Pratiquement nulle. L’axiome régional qui s’est le mieux vérifié au cours des cinquante dernières années, dit : «On ne peut pas faire la guerre sans l’Égypte, mais on ne peut pas faire la paix sans la Syrie». La situation actuelle continuera d’être prisonnière de cet axiome. Nous allons peut-être vers une situation de «ni guerre, ni paix» qu’Israël saura bien gérer, avec l’appui des Etats-Unis, mais qui aura des conséquences économiques désastreuses sur les pays arabes, les Palestiniens, la Syrie et surtout le Liban. Cette situation pourrait nourrir, par contre, les extrémismes de tous bords. Des guerres aux frontières d’Israël étant inconcevables, les pressions sur Israël ne peuvent venir que de l’intérieur, et se retourner contre leurs auteurs. À l’intérieur, elles risquent de fournir des arguments aux ultranationalistes qui cherchent à pousser à l’exode le plus grand nombre de Palestiniens, y compris ceux qu’on appelle Arabes israéliens, qui ne sont en fait que les Palestiniens qui ont choisi de rester en Palestine, en 1948 À l’extérieur, elles contribueront à la poursuite d’un marasme qui vide les pays arabes de leur élite. Il n’y a pas d’alternative aux négociations. Fady NOUN
 L’appel du chef du gouvernement à rompre les relations diplomatiques avec Israël fait partie de l’arsenal politique et diplomatique des pays arabes, mais son impact restera limité, s’il est entendu. Et ses chances d’être entendu restent très incertaines. Cet appel peut paraître global et radical, mais en fait, il ne concerne que deux pays arabes seulement, l’Égypte,...