CORRESPONDANCE Elizabeth Taylor, Joan Collins, Shirley MacLaine et Debbie Reynolds « Ces vieilles filles », ou l’histoire de leur vie sur petit écran

 WASHINGTON-Irène MOSALLI Si elle ne commence pas vraiment à 70 ou 80 ans, la vie peut dans cette phase connaître un regain d’éclat et de ferveur... Assise dans son lit, Elizabeth Taylor confie à Debbie Reynolds qu’elle regrette de lui avoir chipé son mari, il y a quarante ans. Reynolds possède un hôtel minable où elle a conservé ses vieux costumes et elle chante dans un casino. Shirley MacLaine est en tournée perpétuelle pour le musical Mame et elle est immergée dans la réincarnation. Joan Collins n’en finit pas de passer sur le billard esthétique et cultive toujours son accent «british», toute native du Kansas qu’elle est. C’est la réalité et c’est aussi de la fiction. Ces quatre divas du cinéma américain des années 50 ont accepté de se placer devant la caméra pour se mettre personnellement en boîte et aussi se lancer des piques pour le besoin d’un film qui passera sur le petit écran américain, (la chaîne ABC), sous le titre Ces vieilles filles. «Je n’ai jamais eu un rôle pareil depuis Dynastie, a dit Joan Collins au cours d’une interview télévisée. Ce film est un pastiche souvent féroce et non loin de la plaque. De plus, je travaille avec trois partenaires “oscarisées” et moi je n’ai reçu que le Golden Globe !». Elizabeth Taylor s’explique ainsi : «Je n’ai plus travaillé depuis des années, notamment à cause de mes nombreuses maladies. Ici, ma principale scène, qui se déroule avec Debbie Reynolds, est délirante. Cette production nous a rapprochées. Toutes les deux, nous avons eu de mauvaises expériences dans le passé» . Et non des moindres pour Debbie Reynolds qui a vu son mari, Eddy Fisher, la quitter pour épouser Elizabeth Taylor. Shirley MacLaine se souvient d’avoir dîné un soir en compagnie de son frère Warren Beatty et de la fiancée de ce dernier : Joan Collins. Comme depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, les quatre stars qui ont eu, respectivement, leur heure de gloire, se retrouvent donc en l’an 2000 sur un même plateau pour s’amuser et amuser le public. Leur film qui s’annonce cocasse à souhait est le miroir burlesque de leur existence. C’est l’histoire d’un producteur de TV, avide de sensationnel qui décide de réunir «ces trois vieilles biques» dans un «spécial musical». Leur agent légendaire (campée par Elizabeth Taylor) qui ne manque pas non plus de roublardise signe l’accord et réunit les trois protagonistes qui s’exècrent l’une l’autre. Taylor qui apparaît comme ne pouvant résister à aucun homme dira entre autres : «Je pense au sexe comme à une langue que je parle couramment». Et pour corser le tout, l’auteur du scénario qui se nomme Carrie Fisher n’est autres : que la fille de Debbie Reynolds et d’Eddie Fisher. Elle est fascinée par ces vieilles dames qui, en fait, sont bien conservées. Quand on lui avait demandé d’écrire ce scénario, elle avait dit : «Passe encore pour ma mère et mon ex-belle-mère (à savoir Elizabeth Taylor). Mais bon, pourquoi pas. Sans compter qu’ayant grandi avec ces femmes, elles me traitent encore comme une gosse !». En définitive, l’humour était au rendez-vous de ce tournage, de même que l’esprit de répartie et, bien sûr, un brin de compétition. Le tout exécuté avec savoir-faire et respect des règles du jeu. Car ces femmes-là restent, avant tout, de véritables pros. L’idée de ce film est née, il y a trois ans, un dimanche, jour où Elizabeth Taylor a l’habitude de réunir quelques amis dans sa demeure de Bel Air. Ce dimanche-là, étaient notamment venues Shirley MacLaine, la productrice Laurence Mark et Carrie Fisher. En discutant de la raretée des rôles pour actrices âgées, ces dames ont demandé à Carrie Fisher d’écrire un scénario à leur mesure. Cette dernière a trouvé la formule adéquate. Les faire apparaître à nouveau sur scène dans leur réalité et le glamour qui a été leur label.