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Actualités - CHRONOLOGIE

Qui sont les Phéniciens ?

 «C’est dans les résultats exposés jusqu’ici de notre étude sur les Phéniciens que nous devrons puiser nos conclusions. «La préhistoire nous montre l’existence d’une population très dense d’autochtones sur le littoral, et cette population ne paraît pas sémitique. «Le premier fait historique nous indique la pénétration de l’influence égyptienne à Byblos, influence qui sera profonde dans tout le pays au cours du second millénaire (tombes de Kafer-ed-Djarra, lettre de Tell el-Amarna). «L’élément sémitique est aussi abondamment représenté en Canaan et nous pouvons inférer sa présence dans le pays dès le début de l’histoire. Lorsque Hérodote visita la Phénicie, on lui assura que Tyr avait été fondée 2 300 ans avant l’époque de son voyage. On s’accorde pour placer sa visite vers 450, ce qui donne 2750 pour la fondation de Tyr. C’est là une date vraisemblable, qui s’accorde avec ce que nous connaissons de l’archéologie de Byblos ; et elle doit correspondre à la grande colonisation sémitique du pays qui représente un rameau jeté vers le sud par la grande migration partie d’Amurru en direction de l’est fonder au XIXe siècle la monarchie d’Agadé. Mais nous avons exposé que les rapports indéniables constatés entre l’Égypte et l’Asie occidentale avaient eu lieu à une période bien antérieure et que cependant ils accusaient déjà une influence sémitique venue de l’Asie ; il est donc impossible d’accepter que les Sémites d’Amurru familiarisés avec la culture sumérienne ont uniquement correspondu avec l’Égypte, pacifiquement ou non, par le seul intermédiaire de Byblos. De même que nous apprenons par les textes que les premiers dynastes égyptiens ont été en difficultés avec les Asiatiques, de même il nous faut admettre que la pénétration asiatique ne fut pas seulement maritime, mais qu’elle eut lieu aussi par voie de terre. «Au début du second millénaire, les tombes de Byblos nous assurent encore de l’importance de cet élément sémitique. Le roi de Byblos, Ypshemuabi, porte un nom sémitique, et si la langue n’est pas une certitude de la race, la langue du nom propre est une forte présomption. Au milieu du second millénaire, toute la correspondance d’el-Amarna nous montre des Sémites installés sur tous les points du pays ; deux siècles plus tard, voici le tombeau d’Ahiram roi sémite, dont l’épitaphe est écrite en phénicien. Il y a donc toute une suite de petits faits qui nous permettent de retrouver la présence d’un élément sémitique en Phénicie jusqu’au début de l’histoire. «Un autre élément ethnique de l’arrière-pays est le Hittite ; mais il n’y reste pas cantonné ; quand Sennachérib d’Assyrie, vers 695, fait construire une flotte pour aller châtier les tribus du golfe Persique, il nous dit qu’il s’adresse à des prisonniers tyriens, sidoniens et chypriotes. À cette occasion, il désigne sous le nom de pays des Hittites l’ouest de la Syrie, car il s’exprime ainsi : “J’avais déporté à Ninive des Hittites, proie de mes arcs ; ils construisirent habilement de grands vaisseaux, à la manière de leur pays”. «Ces Hittites représentent une des composantes du grand bloc qu’on a nommé Asianique ; il comprend aussi les Lydiens, Lyciens, les peuples de la région de Van et du Mitanni (le nord de l’Assyrie) et même peut-être les Kassites, qui venus du nord-ouest de l’Élan, prendront Babylone au deuxième millénaire. Ces Hittites descendent jusqu’au cœur de la Palestine. À la fin du deuxième millénaire, un roi de Jérusalem porte un nom hittite Abdi-Hipa. À ces Hittites se mêlent sans doute des Indo-Européens ; en tout cas, ce ne sont pas des Sémites. «Un autre élément qui n’est pas négligeable est l’élément Amorrite, nouvelle vague de l’invasion sémitique dont une autre était constituée par les Cananéens. Les Amorrites comme les Hittites sont partout en Canaan ; la célèbre apostrophe d’Ezechiel à Jérusalem (XVI, 3) : “ton père était un Amorrite et ta mère une Hittite” le résume en une formule saisissante». Le rôle de la Phénicie Quelle que soit l’origine de la culture phénicienne, son influence sur l’évolution de l’humanité a été considérable. Les Phéniciens, grâce à leur penchant pour le commerce et pour la navigation, ont été le trait d’union entre l’Orient et l’Occident au premier millénaire. Ils ont été les propagateurs du confortable, du bien-être, de tout ce qui fait le charme de la vie. Qu’ils aient ou non inventé l’alphabet, ils en ont assurément pratiqué la diffusion dans tout le monde ancien et ont ainsi ouvert à la pensée des horizons sans bornes ; par là, ils ont rendu des services inappréciables à la civilisation. Georges Contenau «La civilisation phénicienne» Paris 1928
 «C’est dans les résultats exposés jusqu’ici de notre étude sur les Phéniciens que nous devrons puiser nos conclusions. «La préhistoire nous montre l’existence d’une population très dense d’autochtones sur le littoral, et cette population ne paraît pas sémitique. «Le premier fait historique nous indique la pénétration de l’influence égyptienne à Byblos,...