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Actualités - BIOGRAPHIE

VIENT DE PARAÎTRE « Baskinta et Neaimeh ou la nouvelle montagne inspirée », de Raja Choueiri

 Le troisième prophète Gibran-Neaimeh-Rihani : le trio intellectuel brillant du Liban du début du XXe siècle. Si le premier a connu un succès considérable et inaltérable, les deux autres sont quelque peu méconnus, bien que leur importance, et le rayonnement de leurs œuvres outre-Atlantique, ait été égale à celle, pour ne citer qu’un livre, du Prophète. Raja Choueiri a voulu rendre hommage à Mikhaïl Neaimeh à travers Sab’oun, mémoires passionnants s’il en est – l’écrivain a vécu jusqu’à 99 ans –, et dont il a entamé la rédaction à 70 ans. Baskinta et Neaimeh ou la nouvelle montagne inspirée s’appuie donc largement sur l’œuvre de l’auteur vieillissant et rentré au pays, plus exactement à Baskinta. De longs extraits ponctuent les éléments de biographie, ce qui donne la possibilité aux lecteurs ne connaissant pas l’arabe de découvrir un style et surtout une pensée hors de l’ordinaire. Car Mikhail Neaimeh était d’une intelligence supérieure, hautement estimée par Gibrane, qu’il avait rencontré pendant son long séjour aux États-Unis. Il a connu la Russie, en séjournant en Ukraine, où sa maîtrise du russe lui avait attiré l’admiration de ses professeurs et des intellectuels qui l’entouraient, le début de la révolution, la Première Guerre mondiale, en combattant – peu de temps – sur le front français, le capitalisme incarné par New York, qu’il détestait, puis la Deuxième Guerre mondiale et enfin, jusqu’en 1988, les conflits libanais. Guerre des goûts Raja Choueiri ponctue les étapes de la vie dense et riche de celui à qui tout a souri d’anecdotes, de brèves évocations historiques. Il révèle la facette fondamentale de sa personnalité : élevé dans la ferveur greque-orthodoxe, il a fait une partie de ses études dans le célèbre couvent de Nazareth, en Palestine, et les a poursuivies en Ukraine. En fait, Mikhail Neaimeh n’a fait que suivre la voie d’un futur religieux. Il n’en a rien été : il a rapidement été anticlérical, et les années 60 ont fait de lui, comme de beaucoup d’autres, un adepte inconditionnel de la pensée bouddhiste. En fait, le penseur a surtout tiré sa force et la beauté, parfois cruelle, de sa méditation sur le monde (n’annonçait-il pas qu’après le deuxième conflit mondial, il y aurait «une guerre des goûts, des idées et des cultures» ?) de Sannine. La montagne qu’il quitte avec peine lors de son exil initiatique, qu’il retrouve avec une joie et une émotion touchantes («Mes yeux ont failli jaillir de mon visage et mon cœur voler hors de mes côtes», écrit-il à son retour définitif en 1932) et auprès de laquelle il finira tranquillement ses jours, en élevant des abeilles. Une belle biographie, rédigée sans prétention et avec beaucoup de rigueur. À lire. D.G. • «Baskinta et Neaimeh ou la nouvelle montagne inspirée», de Raja Choueiri, collection «Terroirs littéraires du Liban», édition Félix Béryte, 2000, 256 pages.
 Le troisième prophète Gibran-Neaimeh-Rihani : le trio intellectuel brillant du Liban du début du XXe siècle. Si le premier a connu un succès considérable et inaltérable, les deux autres sont quelque peu méconnus, bien que leur importance, et le rayonnement de leurs œuvres outre-Atlantique, ait été égale à celle, pour ne citer qu’un livre, du Prophète. Raja Choueiri a...