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Actualités - ANALYSE

L’exclusivité gouvernementale réfutée par des artisans de Taëf

Le stationnement des forces syriennes au Liban ne concerne que le gouvernement libanais et le gouvernement syrien. Aucune tierce partie ne peut interférer dans cette question. C’est là le point de vue officiel de Damas, réitéré récemment par le ministre des AE, M. Farouk el-Chareh. Mais un témoin libanais de première main, un député qui était présent à Taëf, réfute cette position, qui avait valu aux Américains (à James Baker plus précisément) un cinglant camouflet quand ils avaient réclamé le redéploiement, en septembre 92. Ce parlementaire en vue développe la riposte suivante : – «Premièrement : les accords de Taëf stipulent que deux ans après les réformes constitutionnelles, le redéploiement doit être décidé par le gouvernement syrien et par le gouvernement libanais. Au sujet duquel une précision est bien soulignée dans les textes : il doit s’agir d’un Cabinet d’entente nationale. Or, le seul Cabinet ayant cette apparence jamais formé chez nous a été celui de M. Omar Karamé, au sein duquel les FL étaient représentées par M. Roger Dib. Cabinet que l’on a fait sauter en février 92, six petits mois avant la date butoir de septembre prévue pour le redéploiement. Tous les gouvernements qui ont suivi ont été monochromes, placés sous l’ombrelle syrienne. On ne pouvait donc s’attendre à les voir demander le redéploiement. S’il y avait eu un gouvernement d’entente, les ministres représentant l’aile légaliste auraient exigé l’application des accords de Taëf. Avec peu de chances de succès en pratique. Car la Syrie n’a jamais hésité, par le passé, à envoyer à la trappe le droit des autorités libanaises de demander son départ. Deuxièmement : M. el-Chareh reste en quelque sorte conséquent avec lui-même. Lors des pourparlers à Taëf, ce ministre avait catégoriquement refusé que l’on fixât un délai déterminé pour le retrait syrien. Il proposait qu’on laissât ce soin aux gouvernements libanais et syrien. En étant sûr, et l’histoire prouve qu’il avait raison, que jamais des officiels libanais, devant leur pouvoir même à la Syrie, n’iraient la tarabuster en lui rappelant la question du retrait. C’est donc, par la force des choses, de tierces parties qui ont soulevé le problème. Les Américains, dès 92, et récemment le manifeste de Bkerké. Le patriarche Sfeir répond à ceux qui veulent limiter le débat aux autorités des deux pays qu’il faut encore, à tout le moins, que le pouvoir libanais soit libre de ses décisions et que cela ne soit pas la Syrie qui les fabrique pour lui». Ignorant ensuite le démenti de M. el-Chareh, qui a précisé que, par «tierce partie», il ne faisait pas allusion à M. Nabih Berry, ce député souligne que le chef de l’Assemblée «fait ipso facto partie intégrante du pouvoir officiel. Il a son rôle à jouer dans le traitement des affaires publiques, tout comme les autres dirigeants». – «Quant au patriarche Sfeir, ajoute-t-il, il est évident qu’il a le droit de s’exprimer sur le sujet, surtout quand le gouvernement pour sa part n’a rien fait en dix ans. De plus, il n’est pas du tout vrai qu’aucune tierce partie extérieure ne peut intervenir. En effet, Taëf stipule clairement que le comité tripartite arabe est disposé à aider les gouvernements libanais et syrien à s’entendre sur les modalités, le volume et la durée du stationnement syrien après le redéploiement sur la Békaa. Ce comité arabe était dès lors considéré comme le garant d’un accord virtuel entre les deux gouvernements cités, qui ne devaient pas rester seuls l’un en face de l’autre. Certes, le comité a volé en éclats à la suite de la guerre du Golfe. Mais si l’on revient au principe de base, non seulement une tierce partie est autorisée à se mêler de l’affaire, mais elle y est encore vivement sollicitée. D’autant que les accords de Taëf tout entiers sont cosignés ou soussignés par nombre de tierces parties, arabes ou internationales, dont on peut citer l’Arabie séoudite et les États-Unis. Une présence étrangère prévue pour faciliter la concrétisation des clauses adoptées ou même pour veiller à leur application». «Enfin, conclut ce député, comme M. Albert Mansour le souligne dans son ouvrage Putsch contre Taëf, la décision de redéploiement est contenue dans ces accords fondamentaux et ne nécessite aucune confirmation de la part des deux gouvernements directement concernés, tout comme elle ne tolère aucune interprétation évasive». Émile KHOURY
Le stationnement des forces syriennes au Liban ne concerne que le gouvernement libanais et le gouvernement syrien. Aucune tierce partie ne peut interférer dans cette question. C’est là le point de vue officiel de Damas, réitéré récemment par le ministre des AE, M. Farouk el-Chareh. Mais un témoin libanais de première main, un député qui était présent à Taëf, réfute...