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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Débat - L’ancien élève devenu député répond aux questions des jeunes de l’International College Émile Lahoud : Les Syriens vont se retirer... grâce au dialogue

«Vous m’épatez. À votre âge, je ne m’intéressais pas autant aux affaires politiques». Avec beaucoup de simplicité, le député Émile Lahoud a répondu aux questions des élèves des classes de troisième et de quatrième de l’International College, qu’il fréquentait lui aussi il n’y a pas si longtemps encore. Dans son jeans délavé et ses grosses chaussures, il avait lui-même l’air d’un écolier, mais un écolier qui a su faire son chemin avec détermination. Il a d’ailleurs rappelé aux adolescents attentifs que l’action n’a pas d’âge, leur lançant un vibrant : «Vous n’imaginez pas ce que vous pouvez faire. Peut-être commencez-vous seulement à le découvrir maintenant». Avec un langage accessible, le jeune député a répondu à toutes les questions, sans louvoiement ou usage de la langue de bois et les adolescents, d’abord heureux de cette heure volée aux cours, se sont surpris à écouter attentivement, ne voulant plus que la cloche soudain fatidique sonne la fin de cette rencontre privilégiée. Le jeune Lahoud a parlé de l’importance du sport et de la nécessité d’être conscient de ses responsabilités. Au sujet de la fête de l’Indépendance, il a rappelé que c’est la première fois depuis 22 ans qu’elle est célébrée sur l’ensemble du territoire. «Certains de ceux qui ont aidé à la libération du Sud ont votre âge. C’est leur courage entre autres qui a défait Israël». Il a ensuite insisté sur l’importance du service militaire, précisant qu’il ne faut pas hésiter à servir son pays, mais conséquent avec ses promesses électorales, il a affirmé qu’il était favorable à la réduction de sa durée de façon à accélérer l’entrée des jeunes dans la vie active. Comme les ados faisaient un peu de brouhaha, il s’est exclamé : «Vous savez, c’est la même chose au Parlement», provoquant un rire général. Le jeune député a affirmé qu’il comptait présenter un projet de création d’une direction d’orientation professionnelle au ministère de l’Éducation, afin d’aider les jeunes à choisir leur métier, car, selon lui, leur principal problème est d’ordre économique. Il a ensuite évoqué sa relation avec son père et la nécessité pour les jeunes de se distinguer de leurs parents afin de se construire une identité propre. «J’ai la chance d’avoir un père compréhensif et ouvert qui nous demandait, à moi, à mon frère et à ma sœur notre avis, même s’il ne nous écoutait pas souvent». Le jeune député a aussi parlé de sa relation avec Nassib Lahoud. «Nous représentons deux lignes différentes et deux projets différents, mais si la base électorale qui nous a élus tous les deux a fait son choix par conviction, cela signifie qu’elle les a jugés complémentaires». Faire la part des choses Comme prévu, le gros des questions a porté sur la présence syrienne et là, le président de la commission parlementaire de la Jeunesse et des Sports a été très clair : «Cette question a été évoquée avec les responsables syriens et ils ont promis que leurs troupes se retireraient prochainement, mais le débat sur l’opportunité de leur présence complique un peu la situation. Avec les Syriens, nous gagnerons par l’entente et la compréhension, non par la force. Certains considèrent la Syrie comme une ennemie. À mon avis, c’est faux, on ne peut pas mettre sur le même plan les Syriens et les Israéliens. Une fois que l’on est d’accord sur ce principe, tout le reste peut être réglé par le dialogue». Émile Lahoud a estimé que le problème des étudiants syriens a été réglé et que le Liban doit être fier d’être un phare culturel pour le monde arabe. Selon lui, le problème des ouvriers syriens est bien plus important, «mais il est en train d’être étudié par les deux parties afin qu’il soit réglementé». Lahoud a insisté sur le fait que seul le dialogue peut permettre au Liban d’obtenir le retrait syrien et il a proposé de créer sur la frontière libano-syrienne une zone franche qui permettrait aux Libanais et aux Syriens de créer ensemble des entreprises profitables pour les deux parties et destinées au monde arabe. Le jeune député a aussi déclaré qu’il était naturellement pour les manifestations, l’action et le souci de la dignité, mais «vous ne devez pas vous laisser aveugler. Vous êtes en mesure de faire la part des choses et de vous créer vos propres convictions. Certains se sont battus contre la Syrie et ont perdu, puis ils ont déclaré : nous avons essayé et cela n’a pas marché. Ce n’est pas une attitude responsable. Ne vous laissez pas influencer par les slogans». À une adolescente qui voulait savoir si le Liban mérite son indépendance, Lahoud a répondu : «Tant qu’il y aura des jeunes qui se poseront cette question, le Liban méritera son indépendance et celle-ci est avant tout dans la tête». Le directeur M. Antoine Boulad a ensuite remis l’insigne de l’école au jeune orateur avant de laisser les adolescentes toutes rougissantes se précipiter vers ce dernier pour obtenir des autographes. Le message portera-t-il ? En tout cas, il a été entendu. Scarlett HADDAD
«Vous m’épatez. À votre âge, je ne m’intéressais pas autant aux affaires politiques». Avec beaucoup de simplicité, le député Émile Lahoud a répondu aux questions des élèves des classes de troisième et de quatrième de l’International College, qu’il fréquentait lui aussi il n’y a pas si longtemps encore. Dans son jeans délavé et ses grosses chaussures, il...