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Actualités - ANALYSE

PRISONNIERS - Abou Haytham serait bientôt livré à la justice de son pays La Syrie libère 24 détenus libanais

C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Parmi les 600 prisonniers politiques bénéficiant de l’amnistie décrétée par le président syrien Bachar el-Assad à l’occasion du trentième anniversaire du mouvement de redressement mené par son père, il y aurait 24 Libanais. Mais parmi ces 24 futurs rapatriés certains sont recherchés par la justice libanaise et par conséquent ils quitteront la prison syrienne pour entrer dans une prison libanaise. Gagneront-ils au change ? Cela reste à prouver, même s’il est certain que pour leurs familles la peine sera bien moins lourde. Le député membre du parti Baas syrien Assem Kanso a annoncé hier que la Syrie avait décidé de libérer 24 détenus libanais, parmi lesquels Abou Haytham Karara. Kanso a précisé que cette mesure a été prise librement par le président syrien Bachar el-Assad et qu’elle n’est nullement le résultat de pressions, populaires ou autres. Or, le cas d’Abou Haytham est l’exemple même de la mauvaise nouvelle. Jadis responsable militaire du PSP de Walid Joumblatt, Abou Haytham s’était illustré pendant les guerres de Beyrouth-Ouest entre son parti et le mouvement Amal par de nombreuses exactions et il a été accusé de plusieurs liquidations et autres assassinats. Les autorités syriennes avaient d’ailleurs réclamé son arrestation, le soupçonnant d’avoir agi pour le compte du chef de l’OLP de l’époque Yasser Arafat, et même d’avoir été un agent du Mossad infiltré dans les rangs du PSP. Soumis à de fortes pressions, Joumblatt avait donc livré Abou Haytham aux autorités syriennes qui, après un procès rapide, l’avaient condamné à l’emprisonnement à perpétuité. La semaine dernière, des rumeurs avaient circulé sur une éventuelle remise en liberté d’Abou Haytham par les Syriens afin qu’il soit déféré devant la justice libanaise. Interrogé par L’Orient-Le Jour sur les dégâts que pourrait causer un éventuel déballage de l’ancien milicien – même si des aveux extorqués sous la torture n’ont aucune valeur juridique –, Joumblatt avait affirmé : «Il ne faut pas oublier que c’est moi qui ait livré cet homme aux Syriens». Kanso annonce la couleur Toutefois, M.Kanso n’a pas attendu l’arrivée de l’ancien milicien en territoire libanais pour annoncer la couleur, l’accusant, dans une déclaration faite hier, d’être «un criminel ayant tué cheikh Sobhi Saleh, Mehdi Amel, Mohammed Choucair et bien d’autres sur le territoire libanais. Et, par conséquent, selon la loi libanaise, il doit être jugé au Liban». Selon M. Kanso, Abou Haytham aurait été un agent d’Israël et aurait été manipulé par le chef des FL dissoutes Samir Geagea. Mais après avoir lancé ces accusations, il s’est empressé d’ajouter qu’il ne souhaite pas intervenir dans le cours de la justice, laissant aux tribunaux le soin de juger Abou Haytham. C’est dire que cette affaire risque d’empoisonner le climat général, déjà bien lourd. La justice aura donc du pain sur la planche. Il est vrai que ce n’est pas la première fois que de tels événements se produisent. En 1997, les Syriens avaient libéré plus d’une centaine de détenus libanais qui avaient tous été remis à l’armée libanaise. Après avoir vérifié leurs identités, ainsi que la brève notice sur le crime qui leur avait été imputé en Syrie et la condamnation qui leur avait été infligée, certains d’entre eux avaient été rendus à leurs familles et d’autres, comme le major Keitel Hayeck, avaient été immédiatement déférés devant la cour de justice, Hayeck ayant été accusé par le juge d’instruction de complicité dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rachid Karamé. Après un procès long et riche en rebondissements, le major avait été acquitté, la cour de justice ayant estimé qu’il n’avait rien à voir dans cet assassinat. En ce qui concerne les agressions contre les soldats syriens auxquelles il avait participé, la cour avait considéré qu’il avait purgé une peine suffisante pour ce crime en Syrie, conformément à la loi qui stipule qu’on ne peut être jugé deux fois pour un même crime. Le même principe devrait s’appliquer pour Abou Haytham et il s’agit de connaître les chefs d’inculpation retenus contre lui en Syrie. La justice libanaise étudiera le dossier, mais on peut d’ores et déjà parier que l’affaire fera couler beaucoup d’encre. L’identité des 23 autres détenus qui seront libérés par les autorités syriennes n’a pas encore été divulguée et depuis l’annonce de la nouvelle, des familles entières attendent pleines d’espoir. Rappelons qu’il y a un mois, les Syriens avaient pour la première fois officiellement reconnu détenir une cinquantaine de prisonniers libanais, jugés pour des crimes divers. Pour la moitié d’entre eux, le cauchemar est peut-être terminé, mais pour les autres, le bout du tunnel est encore loin. Quant aux autres, ceux dont personne ne reconnaît l’existence, il faudrait sans doute un miracle pour que leur sort soit enfin connu.. Scarlett HADDAD
C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Parmi les 600 prisonniers politiques bénéficiant de l’amnistie décrétée par le président syrien Bachar el-Assad à l’occasion du trentième anniversaire du mouvement de redressement mené par son père, il y aurait 24 Libanais. Mais parmi ces 24 futurs rapatriés certains sont recherchés par la justice libanaise et par...