Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

ÉDUCATION - Session de formation à l’USJ Le jeu, moyen d’expression de l’enfant

Sensibiliser les éducateurs à l’utilisation professionnelle et approfondie du jeu, tel est le but de la session de formation animée par Paulette Farchakh Calanche à l’Institut libanais d’éducateurs de l’USJ. Thème : «Du jeu libre à l’éducation par le jeu». Formatrice et consultante en éducation, loisirs et culture enfantine, après une maîtrise en sciences de l’éducation de la Sorbonne ainsi qu’un DESS en sciences du jeu à l’Université de Paris XIII, Mme Calanche n’en est pas à sa première activité au Liban. Elle a en effet dirigé il y a quelques mois une session sur le conte enfantin au collège Saint-Joseph de Antoura. Une approche théorique du jeu de façon générale ainsi qu’une définition du jeu, à travers les représentations et les analyses des différentes éducatrices présentes, ont constitué l’une des étapes de la session de formation, explique Mme Calanche. «Jouer est devenu indispensable pour l’enfant, remarque-t-elle, compte tenu du contexte culturel et social actuel». «Et même si le fait de jouer n’est pas inné, donc pas réellement indispensable, cette activité culturelle est spontanée et enrichissante», ajoute-t-elle. D’autant plus que le concept du jeu de l’enfant a évolué et qu’il prend aujourd’hui une dimension très importante. S’il existe différentes façons de jouer, variables selon les enfants, les cultures et les milieux socio-économiques, le jeu représente pour l’enfant la majeure partie de son activité et aussi la plus sérieuse, vu son implication de façon absolue dans le jeu et l’effort qu’il fait pour en respecter les règles. Le jeu implique une liberté de jouer, mais aussi la liberté d’arrêter de jouer. Il doit procurer du plaisir à l’enfant qui doit être conscient de l’illusion créée par le jeu. Ainsi, il lui faut prendre conscience de la fuite que représente pour lui le jeu, car il ne doit pas confondre ce dernier avec la réalité. Dans notre société moderne, un enfant qui ne joue pas, de même qu’un enfant qui colle trop à un même jeu présentent tous deux un problème, dont il est important de déceler la cause. Prendre le temps de jouer avec son enfant C’est la raison pour laquelle l’adulte doit accorder l’importance qu’il mérite au jeu de l’enfant. Et si l’attitude d’une mère ou d’une éducatrice face à cette activité peut être formatrice, elle est certainement déterminante et marque l’enfant dans son rapport au jeu. L’achat de jeux constitue certes un investissement servant au développement de l’enfant et à sa socialisation, mais les parents ne doivent pas se contenter de lui acheter des jouets. Ils doivent aussi prendre le temps de jouer avec lui, afin de lui permettre d’accéder à sa culture par le biais de l’objet culturel qu’est le jeu. De même, l’éducatrice peut mettre l’enfant sur les rails de l’apprentissage scolaire au moyen du jeu, en travaillant avec lui pour atteindre un objectif éducatif précis. Car grande est sa responsabilité de médiateur entre l’enfant et le monde. L’histoire du jouet, son évolution, ses qualités et caractéristiques à travers le temps ont constitué la seconde étape du séminaire animé par Mme Calanche. Les éducatrices ont ainsi pu analyser des jeux de leur choix, mais aussi apprendre à mettre en place, avec l’enfant, des jeux complémentaires à ceux dont elles disposent dans les établissements scolaires. «C’est dans la fabrication et la création d’un jeu que réside l’intérêt de cette étape, remarque Paulette Calanche. D’autant plus que bon nombre d’établissements scolaires souffrent d’un manque de moyens et disposent donc d’un matériel de jeu incomplet et pas assez varié. Malheureusement, le jeu devient un privilège réservé aux plus aisés, spécialement au Liban où l’absence de ludothèques gratuites et ouvertes à tous accentue l’écart entre les classes sociales». «On n’a pas nécessairement besoin de matériel pour jouer, ajoute-t-elle. On peut même créer des jeux avec les outils, le matériel de la maison et les objets réels qui meublent la vie quotidienne de l’enfant. Même des haricots, des lentilles ou des fèves feront l’affaire». Car, explique-t-elle, c’est l’acte mental qui prime, ainsi que la capacité de l’enfant de construire son univers ludique, de développer sa créativité et son imagination. Le jeu libre permet à l’enfant de s’exprimer La dernière étape de la session de formation a abordé les différentes formes du jeu. Le jeu libre revêt une importance majeure, car il permet à l’enfant de s’exprimer. C’est d’ailleurs dans le cadre du jeu libre que les éducateurs ont la possibilité d’observer et de comprendre un enfant. À titre d’exemple, Mme Calanche rapporte l’histoire de la fillette qui coiffait sa poupée de manière agressive. Interrogée par son éducatrice sur sa façon de jouer, la fillette a avoué qu’à la maison, on la coiffait en lui tirant les cheveux. Le jeu dirigé est une autre forme de jeu. Mené par un adulte, généralement la mère ou l’éducatrice, il doit rester un jeu et un mode d’expression, source de plaisir pour l’enfant. Quant au jeu éducatif, il est divisé en quatre grandes catégories, les Memory ou jeux de mémoire, les dominos, les lotos et finalement les puzzles qui deviennent de plus en plus sophistiqués. Développant la mémoire, l’observation, la concentration, le repérage dans l’espace et dans le temps, et reposant parfois sur le hasard, ils sont en général directement liés aux programmes officiels instaurés par l’Éducation nationale des pays où ils sont édités. C’est pourquoi il est indispensable qu’un adulte enseigne à l’enfant l’utilisation des jeux éducatifs, insiste la consultante, car à part le Memory, les enfants ne jouent pas spontanément avec les jeux éducatifs, à moins d’y être encouragés et guidés par un adulte. «Cependant, ajoute-t-elle, il est primordial de ne pas tomber dans l’excès qui consiste à ruser avec l’enfant à travers le jeu». Si le jeu reste un objet culturel, qui permet souvent d’éduquer l’enfant à sa culture mais aussi à d’autres cultures, on assiste à une mondialisation du jeu, à la création d’un matériel qui dépasse les barrières culturelles, au risque d’une perte de l’identité culturelle. Évidemment, explique Paulette Calanche, si chaque enfant joue différemment avec un même jeu, il devine intuitivement le mode de communication véhiculé dans un jouet et simplifie le monde en le mettant à sa portée. Utiliser le jeu pour communiquer avec l’enfant, le laisser s’exprimer et l’instruire, tout en tenant compte des contraintes matérielles de chaque classe et de chaque établissement représente une tâche qui n’est pas toujours aisée pour les éducateurs, vu la surcharge d’un grand nombre de classes maternelles du pays. Anne-Marie El-HAGE
Sensibiliser les éducateurs à l’utilisation professionnelle et approfondie du jeu, tel est le but de la session de formation animée par Paulette Farchakh Calanche à l’Institut libanais d’éducateurs de l’USJ. Thème : «Du jeu libre à l’éducation par le jeu». Formatrice et consultante en éducation, loisirs et culture enfantine, après une maîtrise en sciences de...