Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DU FILM EUROPÉEN - Un chef-d’œuvre « Dogma » signé Thomas Vinterberg Cracher son amour, sa rage, sa haine et voir « Festen » en urgence

Il y a de ces films, comme ça, qui vous prennent à la gorge, aux tripes, à l’âme, dès le premier plan, dès la première image, dès la première minute et qui ne vous lâchent plus. Il y a de ces films, comme ça, qui vous font haïr le cinéma, qui vous font l’aimer donc, éperdument, passionnément. De ces films qui blanchissent vos nuits, vous font faire trente-cinq fois l’aller et le retour entre le lit et le réfrigérateur, de ces films qui vous touchent, en plein cœur. En faisant en sorte de ramener à votre surface tout ce que, patiemment, vous avez refoulé des années durant, tous ces secrets, tous ces non-dits, toute cette fange. Et Dieu comme ça fait mal – et comme ça soulage, comme ça Festen fait incontestablement partie, et en bonne place, de ces quelques incontournables du cinéma. Et ce qu’il y a de plus génial, c’est que Festen carbure, 106 minutes durant, à la plus vive, la plus radieuse, la plus vitriolée des méchancetés – la plus méchante donc. Et la plus drôle. Un dîner d’anniversaire, un riche patriarche de famille, sorte de Godfather nordique, qui fête, justement, ses soixante ans. Sa femme et son collier de perles, ses trois enfants – le cadet, un ivrogne rustre en pleine crise d’adolescence à retardement, la fille, nymphomane déclarée qui s’amène avec son cavalier black, le fantôme de l’autre fille, suicidée, et l’aîné, Christian. Sacré Christian... Christian au milieu de dizaines d’invités, l’un plus coincé que l’autre, Christian qui bouillonne, lentement, sûrement, Christian qui se lève, il faut bien un discours, papa a 60 ans, Christian sort son papier noirci, et Christian parle. Il lâche sa bombe. Il raconte à tous – et tous ne veulent pas entendre – comment et combien leur papounet chéri les a violés, sa sœur suicidée et lui, lorsqu’ils étaient enfants. Et c’est la guerre. entre tous d’un côté, Christian, sa sœur et les serviteurs de la maison de l’autre. Et la mère ? Eh bien la mère... Et la fin, surtout, la fin, tout s’est fait, et c’est comme si rien ne s’était passé. Thomas Vinterberg. Avec Festen, il a surpris tout le festival de Cannes en 1998, il y a eu le Prix du jury, ex aequo, quelle drôle d’idée, avec La classe de neige de Claude Miller. Pour son film estampillé Dogma, tourné en vidéo puis «gonflé» ensuite, il a choisi la plus petite des caméras, la plus maniable possible, la plus facile à lever, à mettre dans des coins. Dans tous les cas, le plus-que-mignon Thomas Vinterberg, vérifiez-le, il apparaît fugitivement et hitchcockement dans Festen en chauffeur de voiture, a accumulé les distinctions internationales dès ces premiers courts métrages, et à 29 ans, il fait déjà figure de surdoué du cinéma danois post-Dreyer. Tout comme son complice, un certain Lars von Trier... «Pour cette histoire qui repose sur le secret, le maintien d’un certain flou visuel, une certaine part d’obscurité, me plaisait». Thomas Vinterberg dixit. Et il y va jusqu’au bout, le bougre. Surtout que Festen n’est pas un film sur l’inceste, encore moins sur la pédophilie. Ni vraiment sur sa famille que l’on hait. Festen est un film sur l’hypocrisie sociale – elle est plus qu’inaltérable, elle est inoxydable. Et au Liban mille fois plus qu’ailleurs. Il faut aller voir Festen : guérir le mal par le mal, ça a quelque chose de terriblement salvateur. Z.M. Dernière projection ce soir, à 22h30, Empire-Sofil, salle III.
Il y a de ces films, comme ça, qui vous prennent à la gorge, aux tripes, à l’âme, dès le premier plan, dès la première image, dès la première minute et qui ne vous lâchent plus. Il y a de ces films, comme ça, qui vous font haïr le cinéma, qui vous font l’aimer donc, éperdument, passionnément. De ces films qui blanchissent vos nuits, vous font faire trente-cinq fois...