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Actualités - REPORTAGES

RÉCIT - Elle exerce le plus vieux métier du monde, elle le raconte, l’explique, le hurle, le rit... L’autre femme

Quel pseudonyme vous voulez choisir ? «Sally... ». C’est joli Sally, pourquoi ce prénom-là ? «Je ne sais pas. Peut-être parce que ça sonne comme “tassalli“, et que moi j’aime m’amuser...». Elle s’appellera donc Sally. Et elle sourit. Sally fait le plus vieux métier du monde. «Oh non, je vous en prie, ne dites pas ça, dites que je suis une putain, pas besoin de se leurrer avec tous ces euphémismes. Y en a marre de ne pas appeler un chat un chat, non ?». Ça sera comme elle voudra. Sally... Dans tous les cas, difficile de faire autrement. Il est 10h30 ce matin-là, la porte du bureau de Dar el-Amal vient de se refermer et Sally crève d’envies. De besoins. Besoin de parler. Besoin de hurler, de montrer aux yeux du monde l’horreur qu’elle a vécue, son enfance v(i)olée, l’horreur qu’elle continue de vivre – l’horreur crûment. L’horreur simplement. Besoin aussi de faire partager les petits, tout petits bonheurs qu’elle se crée, «je ris tout le temps, tout le temps», besoin surtout que les gens prennent conscience. Conscience du délabrement physique et moral qui fait de ces jeunes femmes, toutes ces jeunes femmes, des parias à vie. Conscience que l’on ne naît pas putain, que l’on ne devient pas putain comme ça, par vocation.
Quel pseudonyme vous voulez choisir ? «Sally... ». C’est joli Sally, pourquoi ce prénom-là ? «Je ne sais pas. Peut-être parce que ça sonne comme “tassalli“, et que moi j’aime m’amuser...». Elle s’appellera donc Sally. Et elle sourit. Sally fait le plus vieux métier du monde. «Oh non, je vous en prie, ne dites pas ça, dites que je suis une putain, pas besoin de se...