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Actualités - ANALYSE

Liban-Sud - Annan reproche à l’État libanais de ne pas assumer sa part de l’application de la 425 Le mandat de la Finul sérieusement en balance

Le litige entre le Liban officiel et le secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, sur l’absence de l’armée à la frontière sud en est presque arrivé au point de rupture. Des contacts intensifiés vont devoir être développés très vite pour rétablir les ponts. Sans quoi, le mandat de la Finul, qui expire en décembre, risque de ne pas être renouvelé. Car le Conseil de sécurité se fonde en principe sur un rapport circonstancié que le secrétaire général lui remet et dont les conclusions de M. Annan pourraient être extrêmement défavorables à la reconduction de la force intérimaire. D’autant que dans un précédent exposé, qui tient lieu d’avertissement sans frais, il a chargé sévèrement le pouvoir libanais. En lui imputant la responsabilité d’un éventuel changement négatif par rapport aux Casques bleus. Sans aller encore jusqu’à préciser si cela signifiait l’annulation potentielle de la Finul. En deux mots comme en mille, M. Annan reproche à l’État libanais de ne pas assumer sa part de l’application de la 425. Et les explications qu’on lui fournit en réponse ne lui semblent pas assez logiques pour être satisfaisantes. M. Annan a expressément invité les autorités libanaises à déployer leur armée à la frontière avec Israël pour assurer le contrôle sécuritaire de la zone et ne pas la laisser aux mains des milices. Selon lui, cette situation de fait enfreint clairement la 425, dont l’une des clauses stipule : «La force intérimaire relevant de l’Onu a pour mission d’aider le gouvernement libanais à concrétiser le rétablissement effectif de son autorité dans la région évacuée par Israël». Il va sans dire que ce passage signifie que la Finul n’a qu’une mission de soutien à une autorité libanaise qui doit être bien présente sur le terrain par ses forces régulières propres. Et il est aisé de comprendre qu’il reste assez difficile, quand on n’est pas un militaire de carrière, de réaliser comment une armée, en temps de guerre ou en temps de paix, peut être tenue éloignée de sa frontière, ainsi que l’affirme Baabda. D’autant qu’au cours d’une période antérieure flottante, le pouvoir libanais avait fait savoir qu’il y aurait bien déploiement, mais en temps opportun. Toujours est-il que selon une source diplomatique locale, «Beyrouth s’efforce actuellement de mieux expliciter ses positions, dans l’espoir d’obtenir de la compréhension de la part de M. Annan. Et de parvenir avec lui à un arrangement raisonnable assurant le maintien de la Finul. Le palais de verre doit comprendre, ajoute cette personnalité, que l’application de la 425 de la part d’Israël n’est toujours pas chose faite. Il y a eu certes un repli consistant, mais les hameaux de Chebaa, terre libanaise, sont toujours occupés. Sans compter les débordements israéliens quotidiens, la violation de notre espace aérien ou maritime et les bombardements ici ou là. En outre, des prisonniers libanais restent détenus en Israël, au titre même de l’occupation, puisqu’ils ont été capturés pour avoir lutté pour la libération de leur pays». Le diplomate indique ensuite que «le Liban va demander le renouvellement du mandat de la Finul car il reste attaché à une légalité internationale qui, tout compte fait, l’a effectivement aidé à récupérer le Sud». Un objectif qui semble encore plus difficile à réaliser que jamais. Car le président Lahoud a rendu un verdict tranchant et définitif : l’armée ne sera pas déployée tant que l’état de guerre subsistera entre le Liban et Israël. Autrement dit, pas avant la conclusion d’une paix régionale globale. Il ajoute que le but de la demande instante d’envoi de l’armée (par Israël, les USA et l’Onu) est tout simplement d’en faire un otage des frontières. Et de placer le Liban dans une situation de discorde intérieure pour dégager le Premier ministre israélien de l’ornière dans laquelle il se trouve. M. Lahoud ajoute que pas un État en guerre avec un voisin ne place son armée à la frontière, mais l’établit pour la protection de la ligne arrière. Pour le chef de l’État, on tente de faire de la question de la Finul un instrument de chantage sur le Liban. Il conclut en réaffirmant que c’est au Liban, et à lui seul, de décider de l’attitude sécuritaire à prendre par rapport aux régions libérées. Pour sa part, un cadre sécuritaire confirme que l’une des vraies raisons de la retenue libanaise «est d’éviter une possible confrontation entre l’armée et la Résistance, qui ne veut pas cesser d’agir tant que les hameaux de Chebaa sont occupés et que les prisonniers libanais aux mains d’Israël ne sont pas libérés. Et si l’armée, une fois déployée, n’interdisait pas les apparences ou les opérations armées, elle se trouverait confrontée aux Israéliens. De plus, il faut envisager l’éventualité d’une grave discorde intérieure chez nous si l’armée et la Résistance en venaient à découdre au Sud. Dès lors, malgré un prix qui pourrait être lourd à payer, le pouvoir estime de loin préférable de ne pas aventurer ses troupes dans la région frontalière». Une autre cause essentielle, qu’évoquent d’ailleurs les propos officiels sur la nécessité préliminaire d’un accord de paix global, est que le front du Sud restera ouvert ou semi-ouvert, à volonté, tant qu’Israël n’aura pas rendu le Golan à la Syrie. Dans le même ordre de raisonnement, et de choix politique, l’armée syrienne restera au Liban jusqu’à la conclusion de la paix. Émile KHOURY
Le litige entre le Liban officiel et le secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, sur l’absence de l’armée à la frontière sud en est presque arrivé au point de rupture. Des contacts intensifiés vont devoir être développés très vite pour rétablir les ponts. Sans quoi, le mandat de la Finul, qui expire en décembre, risque de ne pas être renouvelé. Car le...