Actualités - BIOGRAPHIE
SIGNATURE « Voyages en cancer » par Evelyne Accad
Par A. F., le 10 novembre 2000 à 00h00
Douloureux, dérangeant, affligeant mais nécessaire, cet ouvrage que nul, a priori, n’aurait envie d’aborder, avec ce titre clair comme un défi, sans euphémismes ni métonymies, hypallages et autres synecdoques : il lâche le mot. Dans ce siècle où en matière de production les artisans du mieux sont systématiquement les ennemis du bien, tout ce que nous absorbons menace notre organisme. La maladie guette. Evelyne Accad l’a vécue, dans sa chair, dans celle de ses proches. Elle en a extrait la substantifique moelle, l’a laissée sourdre en encre noire, a réglé ses comptes à la médecine et son univers carcéral aux lobbies pharmaceutiques, au business de la santé qui continue à infantiliser le malade en le laissant ignorant des décisions que l’on prend sur son propre corps, de la nature des agressions qu’on lui fait subir au nom du traitement. N’ayant d’arme que sa plume, au clair et jusqu’à la garde, elle en a pourfendu le mensonge et le gâchis écologique, des États-Unis où elle enseigne, à Beyrouth où se meurent ses parents en passant par Tunis où l’attachent des amitiés remarquables et enfin Paris où elle choisit en définitive de poursuivre son traitement. Ce livre est un journal de bord, mais aussi un reportage minutieux sur un cancer sur-vécu, «empoisonné, coupé et brûlé», mais aussi observé, radiographié et exorcisé dans toute l’atroce nomenclature qui y est rattachée. Le cancer exsude des mots étranges. Evelyne Accad en a fait un roman aux accents de ballade, rythmé de voix diverses, comme des chœurs antiques. Il serait naturel de refuser cette lecture et de faire les frais d’angoisses qui ne concernent pas immédiatement les personnes saines. Mais à rencontrer l’auteur on comprend tout de suite à quel point certaines vérités sont apaisantes à admettre et l’énergie que font perdre les faux-fuyants dans des combats cruciaux comme la santé de l’environnement, et qui, in fine, nous concernent tous. Evelyne Accad signera son ouvrage ce soir à 17h dans le cadre du salon «Lire en français» au stand des éditions Dar an-Nahar F.A.
Douloureux, dérangeant, affligeant mais nécessaire, cet ouvrage que nul, a priori, n’aurait envie d’aborder, avec ce titre clair comme un défi, sans euphémismes ni métonymies, hypallages et autres synecdoques : il lâche le mot. Dans ce siècle où en matière de production les artisans du mieux sont systématiquement les ennemis du bien, tout ce que nous absorbons menace...
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