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Actualités - ANALYSE

Présence syrienne - Une attitude libanaise unifiée n’est pas tolérée La position de Bkerké reste inébranlable

Toujours le débat sur la présence militaire syrienne au Liban. Le président Lahoud a confirmé la position du pouvoir : le retrait syrien est conditionné par la conclusion d’une paix globale et par la restitution du Golan à la Syrie. D’où l’on conclut qu’aussi éloigné qu’il puisse être dans le temps, ce départ aura lieu un jour. Le patriarche Sfeir n’est pas tout à fait de cet avis. Il pense, et n’hésite pas à le proclamer, que les forces syriennes entrées au Liban n’en ressortiront que lorsqu’elles le voudront bien. Autant dire jamais. Le cardinal en veut pour preuve palpable le fait que la Syrie se déclare l’ennemie et sanctionne tout pôle local qui l’invite à refluer avant l’heure fixée par elle-même. Il ajoute qu’il n’est même pas question de demander le redéploiement sur la Békaa édicté par les accords de Taëf, ni un calendrier-programme de retrait, pour qu’à tout le moins l’on soit fixé sur les délais. Mgr Sfeir n’oublie pas le mot lancé en 1976 par M. Abdel Halim Khaddam : «Nous n’avons demandé le feu vert de personne pour entrer au Liban et nous ne demanderons pas d’autorisation pour en sortir». Du reste, rappelle également Bkerké, trois régimes successifs qui n’étaient pas inféodés à la Syrie, ceux des présidents Sarkis et Gemayel ainsi que celui du général Aoun, avaient vainement fait des pieds et des mains pour obtenir un calendrier-programme de retrait, sinon un départ immédiat. Il leur avait été répondu en substance que le peuple libanais dans sa majorité devait formuler une telle requête. Une façon de justifier un refus catégorique en se fiant à l’assurance qu’on ne trouverait pas au Liban une telle majorité, du moment que la plupart des régions étaient sous contrôle et sous influence. À Taëf, la Syrie a tenté d’obtenir qu’on ne mentionne pas de délais dans les accords, pour en laisser le soin aux gouvernements libanais et syrien. Cependant le redéploiement a été fixé à deux ans. Mais la Syrie a fait rajouter cette importante nuance, «au bout de cette période, le gouvernement syrien et le gouvernement libanais d’entente nationale décideront le redéploiement des forces syriennes sur la Békaa». Le texte spécifie donc que le gouvernement libanais devra être d’entente nationale. Cela, à première vue, pour éviter qu’un gouvernement monochrome, comme l’était celui du général Aoun, ne décide de demander le redéploiement sans l’aval des autres fractions libanaises. Personne n’a observé que sur ce point, la précision était inutile, puisqu’en tout cas, l’accord stipule que ce redéploiement devrait faire l’objet d’une décision commune libano-syrienne. La subtilité est ailleurs. Elle est dans le fait, maintenant chronique, que depuis Taëf, le Liban n’a jamais pu se doter d’un gouvernement d’entente nationale. Il n’y a jamais été autorisé, même pas à l’issue des dernières élections où l’on avait tant parlé d’ouverture. Les Cabinets qui se sont succédé étaient tous prosyriens et on ne pouvait s’attendre à les voir demander l’application de Taëf. Chaque fois que le problème était soulevé par une partie locale, arabe ou internationale, la Syrie répliquait invariablement que cela regardait uniquement les gouvernements des deux pays. C’est cette réponse sèche, contresignée par Beyrouth, qui avait été faite en 92 au secrétaire d’État Baker venu voir où en était l’application de Taëf. Plus tard, Damas a arrondi un peu les angles, en affirmant que l’initiative est du ressort du gouvernement libanais et que s’il demandait le retrait, il serait fait suite à sa requête. Avec la certitude que jamais le pouvoir local, acquis à la Syrie, ne ferait une telle démarche. Bkerké ne veut pas que cette situation anormale, pour ne pas dire aberrante, s’éternise. Face à l’inertie des autorités locales, il a donc pris l’initiative. Il ne compte pas renoncer à une campagne qui, manifestement, est soutenue par un très large ensemble de Libanais, ouvertement ou entre quatre murs. Comme le souligne du reste le manifeste des évêques maronites. Et comme le montrent les positions affichées par des leaders de la trempe de M. Walid Joumblatt ou du président Omar Karamé, qui propose un congrès national sur la question. Dès lors, les sanctions qui frappent le leader du PSP, l’interdiction qui lui est faite d’effectuer des visites d’ordre politique en Syrie, signifient qu’une attitude libanaise unifiée n’est pas tolérée. Et que ce que l’Est demande, l’Ouest n’est pas autorisé à le vouloir aussi. Émile KHOURY
Toujours le débat sur la présence militaire syrienne au Liban. Le président Lahoud a confirmé la position du pouvoir : le retrait syrien est conditionné par la conclusion d’une paix globale et par la restitution du Golan à la Syrie. D’où l’on conclut qu’aussi éloigné qu’il puisse être dans le temps, ce départ aura lieu un jour. Le patriarche Sfeir n’est pas tout...