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Actualités - ANALYSE

Avec ou sans les officiels, le débat reste ouvert

 Répondant aux députés, le président du Conseil a répété que la présence militaire syrienne est temporaire, sans fixer de délais. Il a de même réaffirmé qu’elle reste nécessaire, sans dire en quoi, si l’on excepte une brève allusion au conflit israélo-arabe. Puis il a obtenu la confiance de la Chambre. Cela signifie-t-il que le dossier est clos, tout au moins au niveau des institutions ? À cette question, une source gouvernementale répond d’abord par une apparente lapalissade : «Les parlementaires gardent le droit de discuter tout sujet qui leur vient à l’esprit, même si cela peut susciter des divergences d’opinion. C’est ainsi que cela se passe dans tous les pays de démocratie parlementaire». Puis tombe le verdict : «Mais c’est la majorité qui tranche. Et c’est le cas pour la controverse sur la présence militaire syrienne au Liban. Des députés ont demandé qu’on y mette fin. D’autres s’y sont opposés, à l’instar du gouvernement. Le vote final a donc clos le débat». Ce serait un peu trop commode, car ce n’est pas d’une adjudication que l’on traite en l’occurrence (encore qu’on puisse voir les choses sous un tel angle), mais d’un problème national qui reste en suspens. Toujours est-il que la même source officielle pense que «les forces syriennes pourraient, en temps opportun, réduire leurs effectifs et le nombre de leurs positions. Elles l’ont déjà fait à plusieurs reprises, à Beyrouth ou ailleurs. Mais ce qui est quasi certain, c’est qu’elles resteront tant qu’Israël n’aura pas parachevé son retrait du Liban et qu’il continuera à constituer une menace pour ce pays comme pour la Syrie. En d’autres termes, le statu quo serait maintenu jusqu’à la conclusion d’une paix globale incluant un retrait israélien du Golan et de la Cisjordanie». Une position connue qui constitue un net rejet de la thèse qui veut qu’après le retrait israélien du Sud le mouvement du balancier devrait entraîner le départ syrien du Liban. Pour Damas, l’équation n’a toujours pas changé et restera la même jusqu’à ce qu’il récupère le Golan. C’est d’ailleurs à cause de telles considérations de tension régionale que nombre de politiciens locaux, tout en étant partisans du retrait syrien, estiment qu’il vaut mieux mettre le débat en veilleuse. À leur sens, il est préférable de laisser au gouvernement le soin de décider à quel moment il pourrait entamer des pourparlers en vue d’un redéploiement syrien sur la Békaa, conformément aux accords de Taëf. Ce courant ne manque pas cependant d’insister, tout comme MM. Walid Joumblatt et Nassib Lahoud, sur un point capital : le Cabinet doit discuter avec les autorités de Damas des relations de ses troupes avec les services de l’État libanais. En d’autres termes, il faut que la présence militaire syrienne au Liban devienne comme celle des États-Unis en Allemagne, purement stratégique et sécuritaire, sans aucune interférence avec les affaires intérieures du pays. Mais à cette (importante) nuance près : ce courant est convaincu qu’il est préjudiciable, pour le Liban autant que pour la Syrie, de faire tout un battage médiatique autour du manifeste de Bkerké et poursuivre la polémique sur la présence syrienne. Ce n’est évidemment pas l’avis des indépendantistes purs et durs. Ils répètent que la menace israélienne est un prétexte trop facile, vu le rapport des forces en présence. À leur avis, en effet, la Syrie n’est pas en mesure de protéger le Liban en cas d’agression caractérisée, comme on l’a d’ailleurs constaté en 82, en 93 puis en 96. Ils soulignent de même qu’on ne peut admettre l’autre prétexte, qui est d’attendre la conclusion d’une paix globale, car cela peut prendre encore des années, ou même ne jamais se réaliser. Ce courant demande qu’à tout le moins on établisse un calendrier-programme, d’abord pour le redéploiement sur la Békaa ; ensuite pour un retrait syrien complet. Dès lors, face au rejet officiel de leur thèse, ce courant se rallie volontiers à l’idée d’un congrès national avancée par le président Omar Karamé pour une décision unifiée. Mais comme on sait, le président Hariri a refusé la proposition, en prétendant que ce congrès national n’est autre, à tout prendre, que le Parlement. Pour peu représentatif qu’il soit. En somme, les autorités ne veulent pas entendre parler de retrait syrien. Mais, avec ou sans leur participation, le débat semble appelé à se poursuivre. Car, comme le prouvent les interventions de multiples députés, il touche à tous les domaines de la vie du pays. Notamment à l’économie, principale préoccupation des Libanais à l’heure actuelle. Émile KHOURY
 Répondant aux députés, le président du Conseil a répété que la présence militaire syrienne est temporaire, sans fixer de délais. Il a de même réaffirmé qu’elle reste nécessaire, sans dire en quoi, si l’on excepte une brève allusion au conflit israélo-arabe. Puis il a obtenu la confiance de la Chambre. Cela signifie-t-il que le dossier est clos, tout au moins au...