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Actualités - CHRONOLOGIE

La polémique sur la présence syrienne rebondit avec la violente attaque de Kanso contre Joumblatt Le gouvernement obtient la confiance par 95 voix sur 118

Le quatrième gouvernement Hariri a obtenu la confiance du Parlement par 95 voix sur un total de 118 députés présents hier soir, place de l’Étoile. Six députés lui ont refusé cette confiance et 17 autres se sont abstenus. Un vote sans surprise majeure, en somme, puisque la nouvelle équipe ministérielle était dès le départ assurée d’une majorité parlementaire, qui s’explique par l’appui des trois principaux blocs parlementaires au nouveau chef du gouvernement : les blocs Hariri, Berry et Joumblatt. Sauf qu’il y a eu quand même un élément de surprise : il s’agit de l’adhésion des quatre députés arméniens du bloc Hariri, MM. Serge TerSarkissian, Jean Oghassapian, Hagop Kassardjian et Yéghia Djerdjian au courant qui a dénié sa confiance au gouvernement. Les quatre ont voulu de la sorte protester contre la non-représentation de la communauté arménienne par un deuxième ministre au sein de la nouvelle équipe Hariri. Quant au ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Sebouh Hovnanian, il a tout simplement choisi de ne pas assister à la séance. Le débat de confiance a donc pris fin en soirée, dans une ambiance faussement détendue, marquée par quelques échanges acerbes entre certains députés et M. Hariri qui, pourtant, ne manque jamais de répondre cordialement aux remarques des parlementaires, aussi sévères soient-elles. Si une certaine tension était perceptible, c’est en raison de la polémique autour de la présence syrienne au Liban qui s’est envenimée avec la violente attaque de M. Assem Kanso, député baassiste de Baalbeck-Hermel, contre M. Walid Joumblatt, durant la séance matinale : «Je me demande ce que veut Walid Joumblatt en faisant prévaloir un climat de méfiance en la patrie, à l’égard du gouvernement et de son chef et en semant le doute sur les relations libano-syriennes», a déclaré M. Kanso. Indifférent aux députés qui, comme Mme Nayla Moawad, multipliaient d’un geste de la main les signes de mécontentement, il a poursuivi : «Dans l’intérêt de qui a-t-il fait exploser cette bombe ? Est-ce pour faire sauter le gouvernement, le Parlement ou l’avenir des relations entre les présidents Lahoud et Hariri ? Ou bien Walid Joumblatt sait et nous pensons d’ailleurs qu’il sait qu’une guerre israélienne se prépare et lui permettra de retrouver son allié Shimon Peres qu’il avait rencontré en 1982». «Mais quand même…», l’a interrompu M. Berry en ponctuant ses mots d’un geste dénotant que le député avait dépassé toutes limites. « Un grand mensonge » Mais M. Kanso a poursuivi de plus belle : «Est-ce que Walid Joumblatt assimile la Syrie à un réservoir de sang sans cause ou identité dans lequel il puise ses victoires et qu’il jette lorsqu’il obtient (pour cela) le feu vert des ennemis du courant patriotique national, ses vrais alliés ? Est-ce que Walid Joumblatt veut effacer de notre mémoire pour qu’on oublie qu’il a persécuté les résistants, qu’il a tenu la montagne à l’écart (de la résistance) ? Est-ce qu’il veut nous faire croire ce grand mensonge qu’est son rôle national ? Ce rôle national est-il illustré par son massacre des chrétiens de la montagne et pour lequel il souhaite maintenant obtenir quitus à travers des surenchères au détriment de la Syrie et de la ligne nationaliste ?». Et ce n’est pas tout : «À Walid Joumblatt nous disons : vous êtes allé trop loin et vous avez dépassé toutes limites. La guerre israélienne est aux portes. La résistance, la Syrie, l’ensemble du peuple libanais et l’armée sont sur leurs gardes, pour faire face aux Israéliens mais aussi à tous les agents avoués ou cachés qui ne pourront pas se protéger contre les armes des résistants». Il a estimé que M. Joumblatt «aurait dû, avant de défendre les meurtriers de Tony Frangié, se rappeler ceux qui ont versé leur sang pour qu’il devienne un leader et qui lui ont pardonné les péchés qu’il avait commis». Sa conclusion est encore plus virulente : il a réclamé le rattachement de l’allocution de M. Nasser Kandil, qui, lui aussi, s’en était vivement pris à M. Joumblatt, au préambule de la déclaration ministérielle «afin que nous puissions accorder sur cette base notre confiance au gouvernement». Il a aussi demandé au chef du gouvernement d’«adopter une position ferme à l’égard des deux ministres (Marwan Hamadé et Ghazi Aridi) qui n’ont pas tenu compte de leur présence au gouvernement et qui se sont empressés de répondre à Nasser Kandil». «Ils doivent soit démissionner, soit présenter des excuses publiques», a-t-il déclaré. M. Joumblatt comptait d’ailleurs répondre en soirée, mais le président de la Chambre, M. Nabih Berry, et le chef du gouvernement – qui avaient multiplié dans l’après-midi les contacts afin que la polémique sur le dossier syrien ne s’envenime pas dans l’hémicycle – l’auraient persuadé de revenir sur sa décision, selon des sources parlementaires. Dans le même ordre d’idées, M. Berry a réclamé à l’ouverture de la séance nocturne que les attaques de M. Kanso contre le leader druze soient supprimées du procès-verbal de la séance. Près d’une demi-heure avant l’ouverture de cette séance, c’est un Walid Joumblatt à la mine renfrognée qui est arrivé à la Chambre. Durant toute la durée de la séance nocturne, il n’a pas arrêté de pianoter sur le banc devant lui ou d’agiter fébrilement les jambes. Et lorsque M. Hariri a annoncé qu’un des moyens envisagés pour stimuler l’activité économique dans le pays consiste à «ouvrir» l’espace aérien libanais, il n’a pas pu s’empêcher de répliquer : «Mais tout est ouvert chez nous», en allusion, entre autres, aux passoires que sont devenues nos frontières terrestres. L’insistance de Nader Succar La polémique aurait quand même pu rebondir au moment du vote, lorsque M. Nader Succar a demandé au chef du gouvernement, avant de décider s’il doit ou non accorder sa confiance à son équipe, de préciser si MM. Marwan Hamadé et Ghazi Aridi approuvaient sa réponse au sujet du dossier syrien. C’est M. Berry qui a répondu : «Mais oui». Le député est revenu à la charge, soutenu par M. Kanso, qui a repris la même question à son compte : «Le gouvernement est solidaire», a répliqué, laconique, M. Hariri. Quelques minutes plus tard, lorsque les noms des ministres-députés ont été annoncés dans le cadre du vote nominal de confiance, M. Aridi a répondu fermement : « La confiance, je la donne et je reste attaché à toutes mes convictions». Il a scandé chacun de ses mots. Il est évident que la polémique est loin d’avoir pris fin. Durant la séance matinale, d’autres députés avaient défendu la présence syrienne au Liban, notamment MM. Sami Khatib, Jihad Samad et Mohamed Ali el-Mayss. Mais aucun d’eux n’a été aussi loin que M. Kanso dans sa critique. Les trois députés ont dans le même temps formulé une série de remarques sur la déclaration ministérielle, s’interrogeant, à l’instar de MM. Anouar el-Khalil, Serge TerSarkissian, Karim Racy et Mohamed Yaghi sur le mécanisme qui sera mis en application pour concrétiser les grandes lignes de ce texte sur base duquel le gouvernement a obtenu la confiance de la Chambre. Ils ont particulièrement insisté sur le développement du secteur de l’agriculture. M. Khatib a, lui, plaidé en faveur d’une gestion optimale des ressources hydrauliques. MM. Hagop Kassardjian et Serge TerSarkissian ont tous deux mis l’accent sur l’importance de la mission impartie au gouvernement et soulevé la question de la représentation arménienne au gouvernement. M. Ali Bazzi a soulevé des questions diverses, économiques, pédagogiques et sociales. Avant de prononcer son discours, il a quand même pris soin d’en montrer le texte au président de la Chambre qui y a apporté quelques modifications qui sont restées sur les copies distribuées par la suite à la presse. En tout, 10 députés ont pris la parole durant la séance matinale. M. Hussein Husseini était supposé être le dernier, mais il a fini par renoncer à prononcer son allocution à cause de la tempête soulevée par le député de Baalbeck-Hermel. «C’est toute l’ambiance qui ne me plaît pas», a-t-il confié plus tard à un journaliste. Tilda ABOU RIZK
Le quatrième gouvernement Hariri a obtenu la confiance du Parlement par 95 voix sur un total de 118 députés présents hier soir, place de l’Étoile. Six députés lui ont refusé cette confiance et 17 autres se sont abstenus. Un vote sans surprise majeure, en somme, puisque la nouvelle équipe ministérielle était dès le départ assurée d’une majorité parlementaire, qui...