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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - « Vol au-dessus d’un nid de coucou » au Casino du Liban Les vies de Bernard Tapie

Bernard Tapie est un bon acteur. Il suffit de l’avoir vu sur les planches de la Salle des ambassadeurs du Casino, le week-end dernier, pour s’en convaincre. Après Hommes, femmes : mode d’emploi, le film de Claude Lelouch qu’il a tourné dès sa sortie de prison, il a montré qu’il aimait encore les défis. Peur-être même plus que jamais parce que l’acteur de théâtre est considéré comme la crème des acteurs. Il n’a pas le droit à l’erreur, il est en direct, relié à son public par la force du réel et du moment présent. Bernard Tapie est agaçant à force d’essayer et de toujours se débrouiller pour réussir à faire prendre la sauce. Si, à tort ou à raison, le football et la politique, bref les affaires, ne lui ont pas réussi, il s’est lancé à corps perdu dans le divertissement : animateur radio et télé, de nouveau acteur dans un téléfilm français, les projets ne manquent pas. Sans oublier Des yeux trop grands, roman largement autobiographique. Mais jusqu’où va-t-il aller ? Comme un gant Le rôle de Patrick McMurphy lui va comme un gant. L’adaptation française a été pensée pour lui : on retrouve intactes l’insolence et la gouaille de l’ancien ministre de la Ville, du président de l’Olympique de Marseille ou du Superman des entreprises en capilotade. Lors de la conférence de presse donnée à Kaslik, il faisait part de sa crainte d’être loin du public : en effet, 12 mètres l’ont séparé des premiers spectateurs, et sa voix, qui n’a pas encore le «coffre» et la puissance d’élocution exigés au théâtre, portait parfois péniblement. En revanche, il maîtrisait de façon naturelle l’espace en s’y déplaçant comme s’il était dans sa cuisine ou au bord de sa piscine. Bernard Tapie a le don de faire sien n’importe quel espace public. De préférence en tenant le premier rôle, comme dans ce Vol au-dessus d’un nid de coucou qui, si on écoute le texte, ressemble bien à sa propre histoire, même s’il s’en défend énergiquement : un homme emprisonné trouve le moyen de se révolter contre le règlement carcéral. Un incompris en quelque sorte. Et Patrick McMurphy meurt, sacrifiant sa vie pour réveiller celle des morts-vivants qui l’entouraient, ces soi-disant fous incurables. Avatars À la seule différence que Bernard Tapie a laissé derrière lui, en prison, l’enveloppe inutile d’un de ses avatars, le Nanard des Guignols de l’info, le capitaliste aux dents qui rayent le parquet. Exit Nanard, bonjour monsieur Bernard : plus sage, plus humain, mûri, capable de mourir sur scène et d’émouvoir un public qui ne pense pas à regarder sa montre, ce qui est une très bonne chose. Et puis il n’y a rien à faire contre ce charme, ce charisme, cette présence faite d’instinct et de sensualité à laquelle on résiste difficilement. Même l’actuel résident de Baabda a cédé et a reçu l’ancien repris de justice comme un invité de marque. Pardon, je voulais dire le fringant acteur, auréolé de l’admiration béate et inconditionnelle d’un public libanais, qui le verrait bien en conférencier «guest star» à l’Institut supérieur des affaires, donnant des conseils judicieux aux businessmen en herbe. Mais tout cela, c’est du passé : Bernard Tapie s’offre une nouvelle vie, qui lui va bien. Très bien. Diala GEMAYEL
Bernard Tapie est un bon acteur. Il suffit de l’avoir vu sur les planches de la Salle des ambassadeurs du Casino, le week-end dernier, pour s’en convaincre. Après Hommes, femmes : mode d’emploi, le film de Claude Lelouch qu’il a tourné dès sa sortie de prison, il a montré qu’il aimait encore les défis. Peur-être même plus que jamais parce que l’acteur de théâtre...