Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Berry répond avant l’heure par la voix de Ali Hassan Khalil La leçon de démocratie et le « non » de Nassib Lahoud

La partie de ping-pong, débutée vendredi après le discours de Walid Joumblatt place de l’Étoile, entre les partisans d’une révision des relations libano-syriennes et les farouches défenseurs de Damas, et qui s’était poursuivie samedi, a continué hier dimanche sous les lambris du Parlement. Nassib Lahoud, Nayla Moawad et Salah Honein d’une part, Ali Hassan Khalil, homme-lige de Nabih Berry, Adnane Arakji, un haririen pure souche, et Sélim Saadé (PSNS) de l’autre ont chacun entrepris d’asséner leurs vérités à la tribune parlementaire. Les rangs des députés – il est rarissime que la Chambre se réunisse un dimanche soir – commencent progressivement à se remplir, Nayla Moawad resplendit avec sa nouvelle coiffure, et la plupart des hommes sont en chemise bleu clair – il paraît que c’est tellement plus télégénique... Élias Murr est le premier à s’asseoir sur le banc du gouvernement, il se lèvera et sortira de l’hémicycle trente secondes plus tard, au moment même où Nabih Berry invite Nassib Lahoud à prendre la parole. Dire que tout le monde attendait impatiemment – et même avec un peu d’appréhension – le discours du député du Metn est un sacré euphémisme. Appréhension inutile : parce que même s’il s’est situé en deçà d’un Walid Joumblatt par exemple – il faut dire que le député du Chouf a fixé un peu haut le plafond Nassib Lahoud a eu les mots qu’il fallait, avec la fermeté qu’il fallait, ne variant pas d’un iota du discours tenu avant et pendant la campagne électorale. Dressant un bilan plus que sombre des deux dernières années, avec des ministres et une population paralysés selon lui par les tenants et aboutissants d’un projet hégémoniste avec ses multiples «sources mystérieuses» et autres fantômes, Nassib Lahoud a tiré les leçons nées de «ces décombres». Première leçon, «le Liban ne peut être gouverné ni d’une façon hégémonique, ni en faisant cavalier seul, ni en dehors du cadre des institutions constitutionnelles. La démocratie, le pluralisme et la liberté demeurent la pierre angulaire d’une structure politique saine, la condition sine qua non pour la stabilité et la prospérité». Réaffirmant que tous les Libanais aspirent à un gouvernement d’exception, avec un programme d’exception, le député du Metn a estimé que ce quatrième Cabinet Hariri n’est qu’une «énième réplique des formations précédentes dont tout le monde s’est lassé». Et résumant le pricipe sur lequel s’est basée la formation de cette équipe au clientélisme et au népotisme, «ce n’est pas avec cela que l’on remplace l’hégémonie ou l’individualisme», Nassib Lahoud a déploré le caractère saisonnier de la surveillance de l’action de l’Exécutif, ainsi que la justice, utilisée comme arme, et que «le pouvoir brandit quand bon lui semble, ou cache quand bon lui semble...». Il a également dénoncé la quantité, «privilégiée au détriment de la qualité», déclarant que «plus il y a de ministres dans un gouvernement, et plus le pouvoir exécutif s’effrite». «Cette déclaration se contente simplement de proposer des titres, et rares sont ceux que nous n’avons pas déjà entendus. C’est comme si ce gouvernement ne voulait respecter aucune condition, comme s’il n’avait aucun but précis. Entre la multiplication des promesses intenables et l’énoncé de grandes et vagues lignes directrices, il y a une juste mesure où devraient venir s’inscrire des mécanismes, des mises en pratique et des engagements». Et Nassib Lahoud d’énumérer un bon nombre d’exemples : la souveraineté de la justice, la protection du citoyen et les droits de l’homme – l’allusion aux arrestations arbitraires est claire, le volet économique, «qu’adviendra-t-il par exemple du plan quinquennal ?», ou la loi électorale. Les relations bilatérales La deuxième partie de son discours est consacrée à tout ce qui est particulièrement épineux, ou délicat. Exhortant à la normalisation de la vie politique et à la clôture de la page de la guerre, Nassib Lahoud a estimé «inadmissible que certains dirigeants demeurent en dehors du système ou de la légalité politiques, poursuivis, exilés ou emprisonnés». Et à propos de la révision des relations entre le Liban et la Syrie, il n’a pas cédé d’un pouce. «On ne peut pas résumer cela dans une déclaration ministérielle par le mot lacunes. Il faut impérativement rééquilibrer ces relations, dans un respect et une autonomie mutuelles. Trois volets : la présence militaire, à quel point on en a besoin, son poids, sa position géographique et sa durée dans le temps. L’interventionnisme syrien dans les affaires internes libanaises ensuite et le déséquilibre institutionnel qui s’ensuit. Un autre déséquilibre enfin, les relations économiques entre les deux pays». Exigeant pour ce problème complexe un débat détaillé entre les membres du gouvernement d’abord, «il faut qu’il assume ses responsabilités», et avec le gouvernement syrien ensuite, Nassib Lahoud a refusé les réponses préfabriquées assénées par le Cabinet Hariri à ce sujet, ainsi que l’ostracisme infligé à l’encontre, par exemple, de Bkerké. Se penchant ensuite sur le volet du Sud, il s’est demandé comment consolider et dynamiser «la grande victoire libanaise», comment, maintenant, construire. Répondant à Nabih Berry qui s’en était pris la veille à Pierre Gemayel au sujet des hameaux de Chebaa, Nassib Lahoud a privilégié la légalité internationale : «Le Liban pourrait combattre qui et quoi que ce soit, et remporter la victoire, à condition que cette légalité soit de son côté, il doit ainsi revendiquer à l’échelle internationale la libanité de ces hameaux, en coopération avec la Syrie et demander à l’Onu une révision de la ligne bleue. Sauf qu’en attendant, le rétablissement de la souveraineté libanaise au Liban-Sud ne peut que passer par le déploiement de notre armée le long de la frontière». La conclusion a ainsi été sans surprise : «Je voulais que soit poursuivie la réconcliation nationale, que soit révisées les relations libano-syriennes, que soit relancée la croissance, que la formation du gouvernemant se fasse dans le cadre de la Constitution. Tout cela ou presque n’est pas respecté. Je ne donnerai pas ma confiance à ce gouvernement». À l’instar de Walid Joumblatt vendredi, Nassib Lahoud a été largement applaudi à l’issue de son intervention. Nayla Moawad le suit à la tribune, et le troisième intervenant s’appelle Ali Hassan Khalil, un proche parmi les proches du président de la Chambre, Nabih Berry. Exigeant presque que le Liban se mobilise, politiquement et diplomatiquement, pour exiger que la lumière soit faite sur la disparition, en Libye, en 1978, de l’imam Moussa Sadr, le député de Marjeyoun-Hasbaya soulignera par ailleurs l’importance des sacrifices consentis par la Syrie, évoquant notamment «les milliers de soldats syriens tombés pour que se relève et se réunifie le Liban». Et c’est à un véritable cours d’histoire qu’il s’est livré, contrairement à son collègue haririen de Beyrouth, Adnane Arakji, qui, en véritable bouffon du roi, a fait chavirer de rires et d’applaudissements l’ensemble des parlementaires et des journalistes. S’en prenant à Boutros Harb au sujet du cas Siniora – Nabih Berry l’arrêtera et prendra la défense de «cheikh Boutros» – ou à Yaacoub Sarraf, le mohafez de Beyrouth, Adnane Arakji se livrera à un éloge dithyrambique de la Syrie. Idem pour le député du Hezbollah Ali Ammar qui critiquera le programme économique de la déclaration, tout comme son collègue Nazih Mansour, auquel s’opposera avec véhémence et au micro le ministre Fouad Siniora : «Non, le dollar ne sera pas à 2 000 LL en janvier !» Fin du débat de confiance aujourd’hui lundi. Il aura tout de même duré cinq jours... Ziyad MAKHOUL
La partie de ping-pong, débutée vendredi après le discours de Walid Joumblatt place de l’Étoile, entre les partisans d’une révision des relations libano-syriennes et les farouches défenseurs de Damas, et qui s’était poursuivie samedi, a continué hier dimanche sous les lambris du Parlement. Nassib Lahoud, Nayla Moawad et Salah Honein d’une part, Ali Hassan Khalil,...