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Actualités - ANALYSE

Débat de confiance - Les alliés de la Syrie passent à la contre-offensive Échanges d’accusations et dialogue de sourds

C’est à un matraquage en bonne et due forme que se livrent depuis quatre jours, sans relâche, place de l’Étoile, les partisans d’un retrait syrien du pays et ceux, plus nuancés mais tout aussi fermes, favorables à un rééquilibrage fondamental des relations du Liban avec son voisin. Un matraquage qui a instantanément entraîné une contre-offensive parlementaire, dont le résultat immédiat a été l’émergence d’un bras de fer entre deux courants parlementaires antinomiques, l’un jugeant nécessaire d’accorder la priorité aux questions politiques susceptibles de favoriser un rapprochement entre les Libanais et de constituer une bonne base pour un assainissement de la vie politique et démocratique dans le pays, et l’autre aveuglément attaché à ce qu’il est convenu d’appeler depuis des années, dans le jargon officiel, «les constantes» de la politique libanaise. Les relations «privilégiées» libano-syriennes – comprendre un ralliement libanais aveugle et sans failles à la Syrie – en font partie. Qui a suivi de près les discours et les échanges d’accusations, qui ont ponctué le débat autour de la présence syrienne au Liban et qui se sont exacerbés samedi avec la violente offensive de M. Nasser Kandil (bloc Hariri) contre M. Walid Joumblatt, ne peut s’empêcher d’abord de s’interroger sur l’avenir de l’alliance Hariri-Joumblatt et se demander ensuite si l’Exécutif donnera suite, une fois le débat de confiance terminé, aux points soulevés par les députés favorables à une révision des rapports avec la Syrie, en instituant au moins un dialogue sur la question. Ces parlementaires ont placé si haut la barre, en déplorant sans détours l’intervention syrienne dans les affaires intérieures libanaises, qu’il n’est pas possible, normalement, d’ignorer leurs revendications. Dans la perspective d’un redressement économique, peut-on par exemple ne pas tenir compte des remarques de MM. Walid Joumblatt et Nassib Lahoud sur le rééquilibrage des rapports avec la Syrie ou encore celles qu’ils ont formulées avec MM. Nehmetallah Abi Nasr, Boutros Harb, Farès Souhaid et Pierre Gemayel, au sujet de l’affluence de la main-d’œuvre syrienne ? Si la nouvelle équipe ministérielle qui s’est donnée pour nom «gouvernement d’entente et de développement» souhaite instaurer cette entente et «renforcer la confiance des Libanais dans l’État et le régime» ne devrait-elle pas prêter une oreille attentive au groupe de parlementaires qui ont brisé le tabou au sujet de l’intervention syrienne dans les affaires intérieures libanaises ? Si la question se pose au sujet de la suite qui sera donnée au débat de confiance, c’est parce qu’il est jusqu’à présent apparu, place de l’Étoile, que les alliés traditionnels de la Syrie au pouvoir au Liban sont farouchement opposés à tout changement du fait accompli syrien dans le pays. Il y a d’une part, le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, qui a donné le ton jeudi. Depuis, les membres de son équipe ont pris le relais, qui pour justifier âprement la présence syrienne au Liban, qui pour accuser les partisans d’un retrait des troupes syriennes d’être des agents israéliens. Dans la mêlée, ils ont même mis dans la bouche de certains députés des mots que ces derniers n’avaient même pas prononcés. M. Kandil a ainsi accusé en substance le leader druze, sans le nommer, de présenter les retraits israélien et syrien comme étant concomitants, sachant que M. Joumblatt avait seulement plaidé en faveur d’un repositionnement syrien dans des points stratégiques au Liban. Il y a ensuite le chef du Parlement, M. Nabih Berry, qui a répondu par la voix d’un de ses proches, M. Ali Hassan Khalil, aux partisans d’un retrait syrien et qui doit, selon ses proches du moins, s’exprimer ce soir sur la question, juste avant la réponse du gouvernement et le vote de confiance. Entre le courant parlementaire favorable au fait accompli syrien au Liban et les partisans d’une révision fondamentale des relations libano-syriennes, c’est un dialogue de sourds – dialogue par rapport auquel les députés du Hezbollah ont quelque peu pris leur distance – qui est engagé depuis quatre jours, sous la coupole du Parlement : Les «pro» ne jurent que par les «intérêts stratégiques communs». Les autres tentent en vain de convaincre leurs collègues du camp opposé qu’un rééquilibrage des rapports libano-syriens dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance des deux pays est nécessaire pour réaliser l’entente nationale et donner à la vie politique démocratique au Liban tout son sens. Ce n’est qu’à la faveur de la réponse du gouvernement aux points soulevés durant les quatre derniers jours qu’on saura si l’État compte suivre le conseil de M. Omar Karamé et tenir compte des réserves exprimées sur la présence et l’influence syrienne au Liban, mais aussi sur de nombreux points de la déclaration ministérielle jugée décevante par un grand nombre de parlementaires. Tilda ABOU RIZK
C’est à un matraquage en bonne et due forme que se livrent depuis quatre jours, sans relâche, place de l’Étoile, les partisans d’un retrait syrien du pays et ceux, plus nuancés mais tout aussi fermes, favorables à un rééquilibrage fondamental des relations du Liban avec son voisin. Un matraquage qui a instantanément entraîné une contre-offensive parlementaire, dont le...