Critiques virulentes de Harb

 Le député Boutros Harb a prononcé samedi un véritable réquisitoire contre la gestion de la chose publique telle que pratiquée au cours des dix dernières années. L’intervention de M. Harb a été surtout axée sur l’indépendance de la justice, l’envoi de la troupe au Liban-Sud, la présence syrienne au Liban et la crise économique et sociale dont souffre le pays. M. Harb a relevé la contradiction entre le contenu de la déclaration ministérielle qui réaffirme l’indépendance de la justice, et la désignation, à la tête du ministère des Finances, d’une personne sous le coup de poursuites judiciaires. «Si la justice est ébranlée, l’État et le système tout entier sont menacés d’effondrement», a-t-il ajouté. Il s’est étonné que le chef du gouvernement attribue les réticences libanaises à déployer la troupe au Liban-Sud à une crainte de voir les militaires «enlevés» par Israël et s’est demandé si «les milliards alloués à l’armée servent à protéger le système politique, à arrêter les jeunes et les opposants et à jouer le rôle des FSI». Une source parlementaire présente a rapporté, à ce sujet, que, quand M. Harb a soulevé cette question, M. Hariri s’est tourné vers le nouveau ministre des Ressources hydroélectriques Mohammed Abdel-Hamid Beydoun, assis à côté de lui, et lui a demandé : «Que voulez-vous que je lui réponde ?». Au niveau de la présence syrienne au Liban, M. Harb a estimé qu’il ne peut exister de contradiction entre les relations privilégiées avec la Syrie et le respect de la souveraineté libanaise et a constaté que cette présence, d’aspect purement militaire au départ, joue actuellement un important rôle politique au Liban où «les nominations, les promotions, les élections et la formation des gouvernements s’inscrivent dans ce cadre». D’autre part, M. Harb a accusé la main-d’œuvre et la concurrence agricole étrangères d’être à l’origine de l’émigration forcée des jeunes Libanais et a dénoncé les nouvelles lois exonérant les produits agricoles étrangers de toute taxe.