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Actualités - ANALYSE

Adhésion à Taëf et acceptation de la présence syrienne, double condition pour la réconciliation nationale

On a beaucoup parlé d’entente nationale depuis la conclusion de l’accord de Taëf il y a dix ans. Mais jamais un véritable gouvernement d’entente n’a été formé jusqu’à présent, y compris le dernier en date présidé par Rafic Hariri. L’entente est-elle donc si difficile à réaliser ? Des députés, qui ont participé aux rencontres de Taëf, ont rappelé que cette fameuse entente était destinée à tourner la page de la guerre dans la perspective d’un avenir prometteur. Dans les premiers gouvernements constitués après Taëf, l’ex-commandant en chef des Forces libanaises, Samir Geagea, s’était abstenu d’y participer en personne, préférant y déléguer un représentant. Quant au général Michel Aoun, il a combattu l’accord par tous les moyens. Résultat : l’ancien Premier ministre a été exilé à Paris tandis que M. Geagea était incarcéré. Tous les leaders maronites opposés à l’accord de Taëf ou à la présence militaire syrienne au Liban ont donc été bannis (Amine Gemayel, Raymond Eddé et Michel Aoun) ou emprisonnés, comme Samir Geagea. En l’absence de ces leaders, il est évident que l’entente n’était plus qu’un slogan creux, et les gouvernements qui se sont succédé depuis 1990 se sont caractérisés par leur monochromie, leur adhésion à l’accord de Taëf et par leur loyalisme indéfectible à Damas. Aujourd’hui, la première question qui vient ainsi à l’esprit des Libanais est de savoir si le Cabinet Hariri est vraiment désireux de réaliser l’entente dans le pays. Si oui, dans quelle mesure peut-il effectivement se lancer dans un tel processus sans l’aval de la Syrie ? Quoi qu’il en soit, pour aboutir à une véritable réconciliation nationale, il incombe aux responsables d’en fixer clairement les conditions. S’agira-t-il donc pour les opposants de proclamer leur adhésion totale à Taëf ou d’admettre la présence militaire syrienne au Liban, comme «nécessaire, légale et provisoire» ? Dans tous les cas, en se pliant à ces deux conditions, nombre de personnalités politiques ont pu accéder au Parlement ou même au gouvernement. Or il semble que le retour du général Aoun ait été compromis en raison de l’activité de ses partisans au Liban. En effet, les déclarations et les tracts fustigeant la présence syrienne ont conduit les autorités judiciaires à brandir une fois de plus la menace des fameux dossiers incriminant l’ancien chef du gouvernement dans des détournements de fonds dont il se serait rendu coupable quand il était au pouvoir. De même, la loi d’amnistie spéciale dont Samir Geagea aurait pu bénéficier risque de ne plus être qu’un souvenir pour des raisons similaires. Faut-il rappeler dans ce cadre les slogans antisyriens lancés par ses partisans lors des messes célébrées en mémoire des martyrs ? Ce ne sont certainement pas des actes pareils qui accéléreront une éventuelle libération de l’ancien chef des FL. Les milieux parlementaires susmentionnés estiment ainsi en conclusion qu’aucune réconciliation ne peut être envisagée si elle ne tient pas compte des conditions qui se résument en une phrase : accepter l’accord de Taëf et la présence militaire syrienne au Liban. Émile KHOURY
On a beaucoup parlé d’entente nationale depuis la conclusion de l’accord de Taëf il y a dix ans. Mais jamais un véritable gouvernement d’entente n’a été formé jusqu’à présent, y compris le dernier en date présidé par Rafic Hariri. L’entente est-elle donc si difficile à réaliser ? Des députés, qui ont participé aux rencontres de Taëf, ont rappelé que cette...