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Actualités - ANALYSE

Médias « Ad-Dabbour » ou la vérité qui pique

 Le frelon est de retour. «C’est un événement», indique le président du syndicat des rédacteurs, M. Melhem Karam. C’est Joseph Moukarzel, petit-fils du fondateur qui a pris l’initiative de le republier. C’est à la conférence de presse qui s’est tenue hier au siège du syndicat des rédacteurs à Acharafieh, que Joseph Moukarzel, Melhem Karam et Stavro Jabra ont annoncé la nouvelle. Karam a qualifié la réédition d’ad-Dabbour, aujourd’hui, alors que la production d’un journal coûte extrêmement chers, d’«opération-suicide» et d’«aventure». «C’est pour dire la vérité au peuple libanais et dire aux responsables ce que pense le peuple», c’est ainsi que Moukarzel a défini la mission de son journal, ou plutôt «du journal des Libanais». «C’est surtout, selon ses termes, pour hausser le plafond des libertés dans la presse au Liban». Il a ensuite tracé un petit historique du journal hebdomadaire : «Fondé en 1922 par Youssef Moukarzel, ce journal était pour ce dernier un rêve qui se réalisait. Plusieurs personnes l’ont traité de fou car il osait sortir un journal satirique à la fin du mandat français et au moment de la crise de l’indépendance. Son parcours n’était pas très facile : le journal a été suspendu plusieurs fois, lui-même a été dix fois agressé, il a été même emprisonné à plusieurs reprises. Quand il décède en 1944, d’autres Moukarzel (Richard, Michel et Fouad) prennent le relais. Mais Ad-Dabbour a cessé de paraître en 1977 en raison de la guerre libanaise. Le caricaturiste libanais Stavro Jabra avait entretemps continué à produire seul les 24 pages du journal. Dans l’abri, sous les bombes, écrivant toutes les matières». Dans quelles circonstances Ad-Dabbour a-t-il cessé de paraître ? «Une personne se chargeait de ramener les matières du journal, jusqu’à l’imprimerie, située à Beyrouth-Ouest, raconte Stavro. Un vendredi, je vais au kiosque pour me procurer le quatrième numéro que j’avais pourtant bien livré à l’homme qui faisait les navettes. Ad-Dabbour ne figurait pas parmi les journaux parus. Quelque temps après je vois la photo du livreur figurant parmi celles d’autres martyrs. J’ai compris alors que Ad-Dabbour allait cesser momentanément de paraître». Moukarzel a insisté sur le fait que ce journal hebdomadaire n’aura pas peur d’appeler les choses par leur nom. L’autocensure, a-t-il expliqué, ne va pas être pratiquée par la «famille» rédactionnelle de Ad-Dabbour. «Un hebdomadaire qui paraîtra tous les vendredis, qui se veut seulement libanais et qui n’a le soutien d’aucun parti politique». Aux affirmations de Stavro Jabra selon lequel il n’existe pas de liberté en matière de presse, Karam a répliqué avec force qu’»on ne peut pas pleurer la liberté. Elle n’est pas morte, elle est toujours en vie». Il a indiqué qu’«au Liban il n’existe pas des personnes qui font peur mais qu’il y des gens qui ont peur». Stavro a précisé qu’il parlait de responsables de médias qui demandent toujours aux journalistes de «baisser la dose de critique. On y retrouve alors à la place des caricatures qui prennent position de simples illustrations». À la liberté, en tout cas, le journal Ad-Dabbour a donné rendez-vous. Le frelon est effectivement de retour. Pour rendre le rire aux Libanais. Mais surtout pour piquer. Mirna BASSIL
 Le frelon est de retour. «C’est un événement», indique le président du syndicat des rédacteurs, M. Melhem Karam. C’est Joseph Moukarzel, petit-fils du fondateur qui a pris l’initiative de le republier. C’est à la conférence de presse qui s’est tenue hier au siège du syndicat des rédacteurs à Acharafieh, que Joseph Moukarzel, Melhem Karam et Stavro Jabra ont...