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Actualités - ANALYSE

Débat de confiance - Gouvernement non représentatif, relations déséquilibrées avec la Syrie Des critiques, des réserves... mais le « oui » est garanti

Des 18 députés qui ont pris la parole à l’ouverture du débat de confiance, cinq ont annoncé d’entrée de jeu, qu’ils n’accorderont pas leur confiance au nouveau Cabinet. Le quatrième gouvernement Hariri obtiendra le feu vert de l’Assemblée, cela va sans dire. Mais ce n’est sûrement pas en raison du programme d’action qu’il a soumis à la Chambre et qui a été largement critiqué, hier place de l’Étoile. Ce n’est certes un secret pour personne que les mêmes conditions qui ont commandé le retour de M. Rafic Hariri au Pouvoir, induisent aujourd’hui l’octroi de la confiance à une équipe dont même la composition est contestée dans certains milieux parlementaires. Cette contestation a été exprimée durant les deux premières séances du débat de confiance. MM. Nicolas Fattouche, Farès Boueiz, Farid el-Khazen, Gebrane Tok et Kabalan Issa el-Khoury n’ont pas manqué de relever, dans le cadre des réserves qu’ils ont exprimées sur le texte de la déclaration ministérielle, que la structure gouvernementale contredit nettement aussi bien le chapitre qui traite de l’entente nationale que la raison d’être du gouvernement, appelé «gouvernement d’entente nationale et de développement». «Nous avions réclamé durant les consultations parlementaires, la formation d’un gouvernement de réconciliation et d’entente nationale ; d’un gouvernement de pôles politiques, représentatif de tous les courants sur la scène nationale. Nous nous retrouvons aujourd’hui devant une équipe fournie sur le plan numérique, et maigre au niveau de sa représentativité politique», a déclaré M. Boueiz. «Vous parlez d’entente et vous voulez qu’on vous croit. Mais où trouve-t-on la représentativité de la plupart des courants et des parties politiques et régionaux ? où est donc le respect de la volonté populaire» ? a enchaîné M. Fattouche. Échanges sur la Syrie S’il est légitime d’émettre des doutes au sujet d’une réelle volonté gouvernementale d’œuvrer en vue d’engager un dialogue autour des sujets qui sont au centre d’un débat dans le pays, notamment la présence syrienne au Liban, c’est en raison de la position en flèche adoptée par M. Hariri, en réponse à l’intervention du ténor parlementaire, M. Albert Moukheiber, qui a réclamé sans ambages le départ des troupes syriennes stationnées au Liban et le déploiement de l’armée à la frontière libano-israélienne. «Si ces rapports (entre Beyrouth et Damas) restent inchangés, les Libanais risquent d’être pour la Syrie ce que les Palestiniens sont aujourd’hui pour Israël», a fait valoir M. Moukheiber avant de demander également l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays. «Si la Syrie voulait exercer une hégémonie sur le Liban, elle n’aurait pas contribué à l’édification de son armée. Sa présence (au Liban) est nécessaire étant donné le conflit (avec Israël) qui prend de l’ampleur. (…). La question soulevée aujourd’hui n’est pas justifiée. Elle n’aboutira à rien et attisera les dissensions entre les Libanais sans déboucher sur un acquis quelconque», a répliqué M. Hariri. L’argumentation développée par le chef du gouvernement est presque identique au chapitre réservé dans la déclaration ministérielle aux relations libano-syriennes et qui constitue en quelque sorte une réponse au communiqué des évêques maronites. On sait que les prélats avaient également réclamé le départ des troupes syriennes et plaidé en faveur d’un sérieux rééquilibrage politique et économique des rapports dans les deux pays. En défendant fougueusement la présence syrienne dans le pays, M. Hariri a laissé entendre, mais sur un ton qui ne peut prêter à aucune équivoque, qu’il n’est pas question pour son équipe, de s’aventurer sur ce terrain en engageant un dialogue autour de la nature des rapports que le Liban entretient avec son voisin depuis la conclusion de l’accord de Taëf et encore moins de les remettre en question. Pourtant le dossier syrien constitue une des principales pommes de discorde sur la scène nationale et son règlement est considéré comme étant une des conditions sine qua non pour un rapprochement entre les Libanais. Force est de constater que le discours de M. Hariri marque un certain recul par rappel au texte de la déclaration ministérielle qui reconnaît au moins l’existence de «failles» au niveau des relations libano-syriennes et prône une «confiance bilatérale susceptible de les corriger». Il n’en demeure pas moins qu’il a suscité une réaction enthousiaste de la part d’une majorité parlementaire acquise à la Syrie. Mais l’enthousiasme parlementaire s’arrête sur ce point. Car la déclaration ministérielle est jugée décevante dans plusieurs milieux, place de l’Étoile. M. Mikhaël Daher s’est d’ailleurs fait l’écho de cette déception en exprimant d’emblée sa consternation devant un texte «marqué par son caractère rhétorique routinier et par la répétition de nombreuses phrases qui ne veulent rien dire». Un bref coup d’œil sur les déclarations ministérielles du premier et du troisième gouvernement Hariri et l’on a tôt fait de découvrir l’énorme ressemblance entre les trois textes. Le gouvernement Hariri formule les mêmes promesses politiques, économiques, sociales, administratives, écologiques… qui n’ont pas été tenues. Sauf que cette fois, il a préféré adopter une attitude plus nuancée en s’abstenant de «s’engager» à les concrétiser, préférant plutôt «s’efforcer» d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixés. Place de l’Étoile, le scepticisme était de rigueur, hier. Mais aussi virulentes soit-elles, les critiques et les réserves formulées n’empêcheront pas une large majorité parlementaire de dire «oui», le moment venu. Tilda ABOU RIZK
Des 18 députés qui ont pris la parole à l’ouverture du débat de confiance, cinq ont annoncé d’entrée de jeu, qu’ils n’accorderont pas leur confiance au nouveau Cabinet. Le quatrième gouvernement Hariri obtiendra le feu vert de l’Assemblée, cela va sans dire. Mais ce n’est sûrement pas en raison du programme d’action qu’il a soumis à la Chambre et qui a été...