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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Société - Critique du Conseil féminin libanais Trente ministres hommes, mais aucune femme

La formule de l’actuel gouvernement que l’on dit «le plus largement représentatif» n’a pas fini de faire des vagues. Après les critiques formulées par la communauté arménienne, le parti Kataëb et le président Gemayel, c’est au tour de la femme de se dire insatisfaite de la composition de la nouvelle équipe ministérielle. Alors que les rumeurs avaient circulé qu’une femme accéderait, enfin, au saint des saints de l’Exécutif. La déception a été d’autant plus grande, que le nouveau Cabinet compte 30 ministres, qu’il s’agit donc d’une formule élargie. À laquelle ne manque qu’une femme. Pourquoi la République libanaise , dont l’un des principes constitutionnels fondamentaux stipule l’égalité entre les citoyens, n’a-t-elle pas donné jusqu’à présent à la femme sa chance dans la vie politique ? Alors que toutes les confessions ont pratiquement eu leur «part» dans l’actuelle équipe haririenne, pourquoi la femme aura-t-elle été, une fois de plus, «le maillon faible», celui que l’on a sacrifié aux dépens d’autres priorités ? Ce sont là les interrogations qui ont été soulevées lors d’une conférence de presse organisée par le Conseil féminin libanais, qui a sévèrement dénoncé, hier , l’absence d’une femme ministre au sein du Cabinet. «Nous n’avons jamais cessé de réclamer la présence de la femme – qui représente plus de la moitié de la société – au gouvernement et aux postes politiques», a affirmé la présidente du Conseil, Mme Iqbal Doughan, qui a par ailleurs souligné que plusieurs pays arabes ont déjà devancé le Liban sur ce plan, dont la Syrie, l’Égypte et la Tunisie. Tous ces États, en effet, ont des ministres femmes dans leurs gouvernements respectifs. «Nous n’avançons pas comme prétexte la notion de confession ou de région. Il s’agit plutôt d’une revendication nationale. Toute femme compétente, qui a déjà fait ses preuves dans le domaine public, devrait représenter les femmes du Liban», a poursuivi Mme Doughan. Au fond de la salle, certaines acquiescent, d’autres contestent. «À la place d’un ministre arménien, ils n’avaient qu’à désigner une Arménienne». «Ils n’avaient qu’à choisir une musulmane et une chrétienne au lieu des ministres hommes. L’équilibre confessionnel aurait été tout autant respecté». Entassées dans une salle extrêmement étroite, plus de 60 femmes s’agitent et conversent par groupes de deux ou trois. On dirait une classe d’élèves turbulentes que le maître a du mal à contrôler. La présidente les somme de se taire toutes les 30 secondes. Elle n’avait même pas terminé son discours. «Notre étonnement a été encore plus grand lorsque nous avons appris que des tractations sont en cours pour la nomination de nouveaux ministres», poursuit la présidente, en faisant allusion aux informations faisant état d’un possible élargissement du gouvernement pour y inclure deux nouveaux membres. Est-ce la raison pour laquelle le Conseil féminin s’est dépêché de tenir sa conférence de presse avant que les jeux ne soient faits ? Quelles sont les chances de voir une femme nommée ministre. D’autre part, que font ces braves dames pour infléchir la décision des grands ? À ce sujet, Mme Doughan a préféré rester discrète : «Nous l’annoncerons en temps voulu», dit-elle en réponse à la question de savoir si une action a déjà été envisagée afin de faire pression pour obtenir gain de cause. «Nous demanderons à être reçues par le Premier ministre pour réclamer notre part», lance une septuagénaire. Le débat qui s’ensuivit a porté sur la question du coût engendré par la pléthore de ministres, une partie de l’auditoire dénonçant l’idée du rajout de portefeuilles, dont les dépenses seront finalement assumées par le contribuable. Il ne s’agit pas par conséquent «de contenter toutes les parties en présence aux dépens du peuple», dira une des participantes. Mais encore, la question cruciale est de savoir quels sont les obstacles majeurs qui entravent l’accès de la femme aux postes de décision ? Pourquoi – alors qu’elle n’a plus à faire ses preuves, et cela à tous les niveaux – est-elle toujours écartée dès lors qu’il s’agit de la fonction publique ? «Ce n’est pas une question de groupe de pression organisé ou unifié», répond Iqbal Doughan à une question sur la solidarité et la capacité de coordination qui existent entre les mouvements de la femme au Liban. «C’est une décision purement politique», dit-elle, en citant la ministre syrienne, Mme Saliha Sankar, qui un jour lui avait dit qu’elle ne devait son accès au ministère qu’à la seule décision du président Hafez el-Assad. Jeanine JALKH
La formule de l’actuel gouvernement que l’on dit «le plus largement représentatif» n’a pas fini de faire des vagues. Après les critiques formulées par la communauté arménienne, le parti Kataëb et le président Gemayel, c’est au tour de la femme de se dire insatisfaite de la composition de la nouvelle équipe ministérielle. Alors que les rumeurs avaient circulé...