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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE « Hathi », une histoire d’éléphant

 PARIS. – De Mirèse AKAR Absurdes ou carrément loufoques, les histoires d’éléphants – ou Elephant Stories puisque beaucoup d’entre elles venaient d’outre-Atlantique – avaient fait nos délices il y a de cela quelques lustres. En voici une pour de vrai et sur grand écran puisqu’il s’agit d’un film, Hathi, tourné dans le sud de l’Inde par Philippe Gautier à partir d’un scénario de Prajna Chowta. Après une maîtrise d’ethnologie à la School of Oriental and African Studies de Londres, cette native de la région a voulu revenir aux sources et se défaire ainsi d’une approche occidentale et académique de sa propre culture. Le département des forêts C’est il y a quelque 5 000 ans que les Indiens apprirent à capturer et dresser les éléphants, et un texte du IIIe siècle avant notre ère, l’Arthashastra, décrit le métier de «mahout» ou cornac, transmis de père en fils depuis des temps immémoriaux. Si l’on se souvient aussi qu’un texte épique fameux, le Mahabharata, fut composé avec sa défense droite par Ganesha, divinité à tête d’éléphant du panthéon indien, on mesurera le rôle singulier de ces pachydermes dans un pays où l’on en dénombre aujourd’hui 25 000 sur les 50 000 recensés en Asie. Mais que de tribulations n’auront-ils pas connues! Quand, au lendemain de l’indépendance proclamée en 1947, les maharadjahs se voient dépossédés de leurs privilèges, les officiers du département des forêts, organisme mis en place à l’époque coloniale, deviennent la seule autorité dont relèvent les «mahouts», considérés plutôt comme les serviteurs que les maîtres des éléphants. Hathi raconte l’histoire de Makboul, qui, contre l’avis de sa mère, rêvait d’en devenir un. Son père confie à sa garde un éléphanteau, Vikrama, et, avant de disparaître, l’initie à ce métier à risques consistant à débarder les troncs d’arbres abattus. Entre un «mahout» et son animal, on voit invariablement se tisser des liens affectifs très forts et, encore adolescent, Makboul n’hésite pas à dire qu’il a le sien «dans la peau». Une fable poétique Mais l’exploitation forestière ayant décliné, le gouvernement décide de se défaire de Vikrama, et Makboul reçoit l’ordre de le conduire au marché où un acheteur qui a dupé le département des forêts l’obtient à bas prix puis réalise un gros bénéfice en le revendant. Désespéré, Vikrama tuera son nouveau maître et sera restitué à Makboul qui entreprend avec lui le long voyage de retour vers son village. Même si la véracité des situations y relève presque du documentaire et nous éclaire sur un aspect mal connu de la culture indienne, Hathi se veut d’abord une sorte de fable poétique. Trois ans de repérages et de recherches furent nécessaires à Philippe Gautier avant les quatorze mois que dura le tournage. Comme il s’agissait d’éviter à tout prix les numéros d’acteurs, ce sont d’authentiques «mahouts» que nous voyons dans le film, et non pas des comédiens professionnels. Mais les véritables vedettes en sont quelque cent cinquante éléphants, tous préalablement «auditionnés» avec soin. Le choix du réalisateur s’est ainsi porté sur celui qui joue Vikrama après comparaison de la symétrie de leurs défenses, de la forme de leur tête et de la courbe de leur dos. Comme dans un casting en bonne et due forme.
 PARIS. – De Mirèse AKAR Absurdes ou carrément loufoques, les histoires d’éléphants – ou Elephant Stories puisque beaucoup d’entre elles venaient d’outre-Atlantique – avaient fait nos délices il y a de cela quelques lustres. En voici une pour de vrai et sur grand écran puisqu’il s’agit d’un film, Hathi, tourné dans le sud de l’Inde par Philippe Gautier à...