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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - Les 30 ans de la faculté de musique de l’Usek Splendeurs belcantistes avec Rima Makdici Tawil

C’est avec éclat que l’Université Saint-Esprit de Kaslik fête le 30e anniversaire de la fondation de sa faculté de musique en mettant sous les feux de la rampe les splendeurs belcantistes illustrées ici par le soprano Rima Makdici Tawil (dont ce n’est pas la première apparition sur scène aux mélomanes libanais) accompagnée au piano par Michèle Voisiet, chef de chant à l’Opéra de Paris depuis 1984. Au menu des pages de Tchaikovsky, Massenet, Purcell, Donizetti, Dvorak, Vivaldi et Cilea. Choix varié d’un répertoire riche, vocalement puissant, ambitieux et éclectique, attestant d’une vaste culture musicale et s’étendant avec une suprenante aisance sur plus d’un registre. En ouverture, la célèbre (et vocalement périlleuse) scène de la lettre de Tatiana, tirée de l’opéra en trois actes Eugène Onéguine de Tchaikovsky, d’après un poème de Pouchkine. Moment d’agitation, de fébrilité, d’espoir fou et d’amour transi – et un peu de fausse innocence – par une jeune fille rédigeant quelques lignes fiévreusement passionnées pour un homme qui ne lui rendra pas ses sentiments brûlants et «absolus». Tchaikovsky est bien placé pour «narrer» cette situation qu’il n’a que trop (mal) vécu. Partagée entre dignité, grandeur, deuil, écartelée entre devoir et élans de cœur, Chimène «pleure» de toutes ses larmes, dans Le Cid de Massenet, le père «assassiné» et l’amant qu’on ne saurait plus atteindre. Drame cornélien enrobé ici par la musique de Massenet à travers une mélodie toute en voiles de tristesse, avec de grands pics d’aigus qui donnent à la cantatrice la possibilité de momemts de tragédienne. Toute aussi tragique sous son diadème de reine de Carthage est Didon qui, sur un air gravissime, dit adieu à la vie dans cette aria de Purcell d’une émouvante simplicité. «Quand je reposerai sous terre», un des grands moments de l’opéra magnifiant les amours contrariées et malheureuses d’Élissar et d’Énée, ce prince troyen. Pour terminer la première partie de ce récital, les joyeux refrains de Donizetti, aussi ondoyants et frais que les falbalas d’une virevoltante jupe gitane. La zingara est un morceau de charme. Mélodie souple, vivante, légère où la voix brille d’un éclat particulièrement mutin, riant et rieur. Après l’entracte, en robe d’héroïne verdienne, avec écharpe soyeuse sur des épaules nues, un bustier scintillant et des cheveux en bouclettes anglaises, Rima Makdici Tawil nous entraîne dans son sillage «romantique» vers un paysage nocturne tchèque avec une lune argentée. Roussalka (d’après un livret en trois actes de J. Kvapil et une musique superbe de Dvorak) est cette jeune fille de «conte» qui confie ses désirs d’amour à la lune. Amoureuse d’un prince jeune et beau et voulant prendre une forme humaine, elle, dont l’élément naturel est l’eau, chante dès l’ouverture du premier acte justement ce passage mélodieux, chaste et émouvant. Prestige de la musique baroque avec La Sposa son disprezzeta de Vivaldi. Le prêtre roux de Venise prête des accents de tragédienne, pour une complainte des amours infidèles, à cette épouse bafouée. Adrienne Lecouvreur, comédienne accomplie (Sarah Bernhardt avait fait merveille dans ce rôle) et star de la Comédie française, peaufine ses dernières répliques avant le lever de rideaux. Les nombreux compliments qui tombent dans son oreille sont loin de lui tourner la tête. La preuve : cet air – que l’on entend d’ailleurs tout au long de cet opéra en 4 actes de Francesco Cilea – «Io son l’umile ancella» (Je ne suis que la servante de l’art)–, dit-elle. Et quel art ! Pour terminer, un autre moment d’actrice et surtout visage de femme dont Rima Makdici Tawil brosse ici diverses facettes, toutes plus séduisantes les unes que les autres. La courtisane Thaïs (opéra en trois actes de Jules Massenet), railleuse et voluptueuse, sur un air charmant, exige qu’on rende hommage à sa beauté. Dis-mois que je suis belle, chante-t-elle, et d’ajouter : «Éternellement». Authentique morceau de bravoure qui révèle le panache d’un soprano qui a tout pour séduire son auditoire. Qu’elle se rassure, Thaïs : car grâce à Rima Makdici Tawil, elle était certainement ce soir-là «très belle», peut-être pas éternellement – ce qui n’est guère, hélas, de notre ressort de mortels ! –, mais assurément pour un bon moment que nous qualifions d’éblouissant. Salve d’applaudissments et «standing ovation» d’un public absolument conquis. En bis, les tranquilles et bucoliques amours d’été de «Porgy and Bess» de Gershwin. Un «Summertime» qu’on savoure indéfiniment. Edgar DAVIDIAN
C’est avec éclat que l’Université Saint-Esprit de Kaslik fête le 30e anniversaire de la fondation de sa faculté de musique en mettant sous les feux de la rampe les splendeurs belcantistes illustrées ici par le soprano Rima Makdici Tawil (dont ce n’est pas la première apparition sur scène aux mélomanes libanais) accompagnée au piano par Michèle Voisiet, chef de chant à...