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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Droits de l’homme - Les remous remontent jusqu’au président du Conseil Hariri s’inquiète auprès de Addoum au sujet des propos de Sfeir concernant les arrestations arbitraires

Dans un geste symbolique, M. Rafic Hariri a contacté hier par téléphone le procureur général près la Cour de cassation, le juge Adnane Addoum, pour s’informer au sujet du bien-fondé des déclarations, faites un jour plus tôt, par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, concernant les arrestations arbitraires de jeunes militants (notamment dans les rangs des Forces libanaises et du Courant patriotique libre (CPL, ancien CNL) de mouvance aouniste). M. Addoum a nié, lors de sa conversation avec M. Hariri, qu’il y ait eu des arrestations arbitraires. Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Addoum a donné les précisions suivantes : «Il ne s’agit pas d’arrestations. Ces jeunes sont juste convoqués par les services de sécurité quand ces derniers estiment qu’ils peuvent constituer des éléments perturbateurs, notamment depuis que des manifestations sont organisées. Ils s’informent sur eux, sur leur lieu de résidence, etc., dans le cadre d’opérations purement routinières. Mais je peux vous assurer qu’aucun d’entre eux n’est aux arrêts à cet instant». Il a par ailleurs démenti toutes les rumeurs faisant état de mauvais traitements subis par ces jeunes durant ces convocations. Rappelons que le patriarche Sfeir avait estimé lundi que «la réconciliation nationale ne peut avoir lieu à l’ombre des arrestations arbitraires dont sont victimes certains Libanais». Mgr Sfeir a déclaré, citant le cas d’une personne «recherchée, emprisonnée et humiliée» par les SR, que ce «comportement inacceptable n’encourage pas du tout les jeunes à rester au Liban». Répondant aux questions de L’Orient-Le Jour, Toufic Hindi, ex-conseiller du chef des FL dissoutes, Samir Geagea, relie le début de cette nouvelle vague de convocations des jeunes aux manifestations chrétiennes lors des deux messes, tenues l’une pour la commémoration de l’assassinat du président Béchir Gemayel, et l’autre en souvenir des martyrs des FL. «Avant cela, un jeune militant était arrêté durant un jour ou deux pour interrogatoire», a-t-il précisé. «Actuellement, ces convocations ressemblent de plus en plus à de l’intimidation. Les jeunes ont les mains liées et les yeux bandés. On leur fait signer un papier dans lequel ils s’engagent à ne plus avoir d’activités à caractère politique». Selon M. Hindi, «le dialogue est bien sûr coupé avec les autorités qui sont à l’origine du problème, mais les contacts se poursuivent avec toutes les parties concernées par la défense des droits de l’homme et toutes les instances civiles et politiques qui soutiennent les libertés dans le pays». Quel effet pense-t-il que ces convocations ont sur les jeunes ? «Il faudrait, en fait, remercier les autorités parce que ces actions ne font que renforcer les jeunes dans leurs convictions», dit-il. «Ils augmentent également la sympathie de la population envers ces courants.» Y a-t-il une coopération avec le courant aouniste ? «La coopération est continue autant avec le courant aouniste (CPL) qu’avec le Parti national libéral (PNL), qui ont tous deux formé avec les FL un comité de coordination», précise M. Hindi. Pour sa part, Me Georges Haddad, chef du bureau de communication du CPL, s’est étonné que le mot «opérations routinières» ait été prononcé par le procureur général. «Peut-on appeler routine le fait de poursuivre un ingénieur pendant quatre jours à Zahlé, et de le frapper en le blessant à l’œil lors d’un interrogatoire, après qu’il s’est rendu volontairement au bureau des SR en compagnie d’un représentant de l’Ordre des ingénieurs ?», demande-t-il. «Si cela s’appelle de la routine aujourd’hui au Liban, cela veut dire que notre pays devient vraiment dictatorial. D’ailleurs nous avons remarqué que les questions posées lors de ces interrogatoires sont d’ordre politique, jamais sécuritaire.» Me Haddad insiste sur le fait que ce cas n’est pas unique, et qu’il a été précédé de centaines d’autres. «Pourquoi obligent-ils ces jeunes à signer des documents dans lesquels ils s’engagent à ne plus poursuivre leur activité politique ?», poursuit-il. «Le droit à la vie politique et à la liberté d’expression est inaliénable, on ne peut même pas s’en départir !». Interrogé sur ce que le CPL comptait faire sur le terrain, il a répondu : «Nous continuerons à publier des communiqués». Que pense-t-il du coup de fil de M. Hariri au juge Addoum ? «Je pense que M. Hariri sera plus soucieux de la réputation du Liban, vu ses relations avec l’étranger», a estimé Me Haddad. Par ailleurs, le CPL continue ses contacts avec les organisations internationales comme Human Rights Watch, Amnesty International, l’Association internationale des droits de l’homme, etc. Dans ce cadre le CPL a publié hier un communiqué affirmant qu’«un militant du nom de Raghib Abi Akl a été convoqué et qu’on lui a demandé, fait curieux, de signer un document dans lequel il s’engage à ne pas causer de troubles !». Le communiqué poursuit : «Nous demandons au nouveau gouvernement, qui devra exprimer bientôt son attachement aux libertés, de ne pas agir en contradiction avec ses affirmations».
Dans un geste symbolique, M. Rafic Hariri a contacté hier par téléphone le procureur général près la Cour de cassation, le juge Adnane Addoum, pour s’informer au sujet du bien-fondé des déclarations, faites un jour plus tôt, par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, concernant les arrestations arbitraires de jeunes militants (notamment dans les rangs des Forces...