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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Place de l’Étoile - La Chambre a élu hier ses commissions Le dosage communautaire et régional soulève des protestations

À la Chambre comme au gouvernement : c’est suivant un savant dosage communautaire, régional et politique que les commissions parlementaires – dont le nombre a été porté de quatorze à seize – ont été formées hier place de l’Étoile. Plusieurs voix se sont élevées pour déplorer le procédé – curieux il est vrai – qui a précédé l’élection des membres des seize commissions : la composition de chaque groupe avait été établie la veille et le Parlement n’a fait en définitive qu’entériner le choix justifié, au niveau de la présidence de la Chambre, par la nécessité de parvenir à un consensus afin que la structure des commissions soient autant que possible variée. La tâche du président de la Chambre, M. Nabih Berry, n’était pas du tout aisée, bien qu’il ait fait de son mieux lundi pour préparer la réunion et éviter d’éventuels tiraillements qui auraient retardé ou compromis les élections. Le choix des membres des commissions a de tout temps répondu aux mêmes critères qui ont été retenus par la nouvelle Chambre – plusieurs députés de longue date l’ont fait remarquer – mais c’est apparemment le genre de critères auquel ont ne peut pas s’habituer au sein d’un système fondé obligatoirement sur les élections puisqu’il se veut démocratique. La polémique commence tôt le matin, juste après la minute de silence observée en mémoire du député Chaker Abou Sleiman, avec une proposition de loi présentée par M. Farid el-Khazen pour rattacher la commission du Plan à celle de l’Économie. De nombreux députés, notamment MM. Boutros Harb, Saleh Kheir, Hussein Husseini et Farès Boueiz, y voient une tentative d’éliminer cette commission et insistent sur l’importance de la planification dans le pays. M. Berry s’évertue à expliquer que la fusion de deux commissions ne signifie nullement la suppression de l’une d’elles. Le maintien de la commission du Plan est soumis au vote. Il ne passe pas. Les députés ne s’opposent pas en revanche à l’institution de deux nouvelles commissions, celle de la Jeunesse et des Sports et celle de Femme et de l’Enfant. La première est présidée par M. Émile Lahoud et la deuxième par Mme Nayla Moawad. Il est temps de procéder aux élections. D’emblée, le chef du Parlement soulève un point dont se plaignait souvent les présidents des commissions sous l’ancienne Chambre : l’absentéisme. «À chaque début de session, nous constatons un formidable entrain et un enthousiasme réjouissant : tous les députés veulent faire partie des commissions. Nous serons encore plus heureux si cet enthousiasme est maintenu. Si je tiens ces propos, c’est pour que les parlementaires qui se sentent incapables de consacrer du temps au travail des commissions laissent la voie libre à d’autres», dit-il. Il enchaîne en reconnaissant qu’une liste des membres de chaque commission a été formée sur base de l’ancienne composition de ces groupes. Seuls les noms des députés battus aux élections ont été remplacés. «Malheureusement, nous sommes obligés de tenir compte des considérations régionales et communautaires», ajoute-t-il, «c’est la solution à laquelle nous sommes parvenus». « Une cuisine » M. Bassem el-Sabeh bondit : «Je peux parfaitement comprendre qu’on prépare des listes, mais ce que je ne comprends pas c’est qu’on supprime mon nom de deux commissions et qu’on me place dans deux autres sans même me consulter. Je refuse qu’on cite mon nom dans une commission préfabriquée». «On ne “préfabrique” rien ici, réplique M. Berry, ennuyé ; je vous ai expliqué ce qui s’est passé. Nous vous avons soumis des propositions et chacun peut réclamer des changements. C’est juste pour faciliter l’opération électorale et pour ne pas passer des jours (dans l’hémicycle). On ne «préfabrique» rien, on cuisine». «Eh bien, je ne veux pas que mon nom fasse partie de ce plat», rétorque le député. Les protestations fusent : «Pourquoi a-t-on donc supprimé le nom de Misbah Ahdab de la composition de la commission des Finances et du Budget si l’on veut maintenir les anciens députés à leurs postes» ? s’exclame M. Béchara Merhej. M. Akram Chehayeb ne comprend pas pourquoi le bloc Hariri est représenté au sein de la même commission par deux députés, MM. Nabil de Freige et Hagop Kassarjian alors que le sien – celui que préside M. Walid Joumblatt – n’est pas autorisé à y placer un deuxième député, en l’occurrence M. Salah Honein. Le président de la Chambre s’empresse de couper court à la vague de contestation : «Nous vous demandons de nous excuser pour ce que nous avons préparé. Nous allons procéder aux élections pour qu’on ne dise pas que nous cachons un dessein. Personnellement, je suis contre le principe du (tri) confessionnel et régional». Chaque député est prié d’inscrire sur son bulletin les noms des 17 candidats. MM. Salah Honein, Misbah Ahdab et Jihad Samad posent leur candidature. Le dépouillement s’éternise. Les trois sont élus. L’urne ne passera qu’une fois durant la réunion. Les parlementaires ne protestent pas contre la composition des autres listes, à l’exception de M. Ghattas Khoury qui annonce son retrait de la commission de la Santé qu’il était supposé présider. Le président de l’Ordre des médecins ne précise pas les motifs de son geste et ce n’est au terme de la réunion qu’il explique, dans une conférence de presse, qu’il a agi de la sorte pour protester contre le fait que le choix des présidents et des rapporteurs a avant les élections. Pour des considérations confessionnelles, M. Khoury, un maronite, ne pouvait pas présider la Santé du moment que quatre autres ont été confiées à des membres de cette communauté et c’est donc M. Atef Majdalani, un grec-orthodoxe qui la présidera. « Serge je-ne-connais- pas-le-reste » Dans une ambiance bon enfant, les députés échangent leurs places au sein des commissions. M. Serge Ter Sarkissian insiste pour faire partie de l’Administration et de la Justice. «Il faudra que vous preniez la place de quelqu’un d’autre», lui explique M. Berry. «Je suis prêt à prendre la place de n’importe qui. Je veux cette commission», s’enflamme le député au grand amusement de ses collègues. C’est M. Mahmoud Abou Hamdane qui lui cède sa place. Le chef du Parlement a, encore une fois, du mal à prononcer le nom du député qu’il appelle Serge Kasparian. L’intéressé épèle son nom. Mais M. Berry ne le retient pas. Aussi, lorsqu’il annonce par la suite la composition de la commission, il marque une pause devant le nom du député avant de lancer : «Serge je-ne-connais-pas-le-reste». La salle s’esclaffe. M. Berry a un sérieux problème avec les noms des députés. MM. Jean Oghassapian et Atef Majdalani deviennent respectivement Jean Kasparian et Afif Majdalani. À deux reprises, il appelle ce dernier Afif. Dès que les députés s’entendent sur la composition de la commission de l’Environnement qui regroupe entre autres MM. Walid Joumblatt et Akram Chehayeb, le chef du Parlement demande, taquin, aux parlementaires d’élire M. Chehayeb à sa tête «afin qu’il soit pour une fois hiérarchiquement supérieur à Walid Bey». Et lorsque M. Nabil Boustany tente de sortir de la salle, il le prie de regagner sa place, mais comme M. Boustany ne l’entend pas, il insiste en riant : «Mais ma parole, vous vous croyez à Monaco». Très peu de changements sont introduits aux listes proposées pour les commissions, à l’exception de la commission de la Jeunesse et des Sports, dont sept candidats proposés se désistent au profit de MM. Mikhaël Daher, Misbah Ahdab, Mohammed Yaghi, Hagop Kassardjian, Abbas Hachem, Abdallah Farhat et Farid el-Khazen. Au terme de la séance, les commissions élisent chacune son président et son rapporteur, suivant le même dosage confessionalo-régional. Cinq commissions sont confiées aux sunnites, MM. Jihad Samad, Mohamed Kabbani, Sami Khatib et Bahiya Hariri, Mohammed Ali el-Meyss, quatre aux maronites MM. Samir Azar, Mikhaël Daher, Émile Lahoud et Mme Nayla Moawad, trois aux chiites, MM. Ali Khalil, Hussein Hajj Hassan et Abdel Latif Zein, deux aux grecs-catholiques, MM. Élie Skaff et Marwan Farès, une aux grecs-orthodoxes, M. Atef Majdalani et une autre aux druzes. Entre-temps, la présidence de la Chambre annonce que le débat de confiance s’ouvrira demain jeudi et s’étalera sur trois jours. Le vote de confiance est prévu pour samedi. Tilda ABOU RIZK
À la Chambre comme au gouvernement : c’est suivant un savant dosage communautaire, régional et politique que les commissions parlementaires – dont le nombre a été porté de quatorze à seize – ont été formées hier place de l’Étoile. Plusieurs voix se sont élevées pour déplorer le procédé – curieux il est vrai – qui a précédé l’élection des membres des...