Rechercher
Rechercher

Actualités - INTERVIEWS

Après 13 ans de détention, Ali veut, avant tout, se rendre à Bkerké

«La première chose que je ferais ? Je veux baiser la main du patriarche Sfeir», indique Ali Abou Dehn détenu depuis 1987 en Syrie. Il avait à cette date 37 ans. Actuellement, il en a 50. Ce druze originaire de Hasbaya a été accusé de collaboration avec l’ennemi israélien, alors que son village natal était occupé par les soldats de l’État hébreu. Arrêté en Syrie, il sera transféré d’une geôle à une autre pour séjourner, à partir de 1992, à la prison politique de Saydnaya. C’est cette année-là, cinq ans après le début de sa détention, qu’il a reçu la première visite de sa famille. «Quand ils m’ont annoncé la visite, je n’en ai pas cru mes oreilles», dit-il en soulignant que «c’est en pleurant qu’il a accueilli sa femme Jamal». Durant un an, il a eu droit à une visite mensuelle. À partir de novembre 1993, les visites se sont arrêtées. En 1987, les trois filles de Ali, Hiba, Nada et Nancy, avaient respectivement sept, cinq et trois ans. Durant treize ans, Ali a pensé très souvent à la mort, «le seul moyen de mettre un terme à la souffrance», dit-il. L’ancien détenu parle «de cauchemars qui le hantaient la nuit». Avant l’appel du cardinal Sfeir en septembre dernier, il croyait dur comme fer qu’il allait périr en prison. Il évoque la solidarité entre détenus. «On se partageait tout, nos vêtements, notre argent et notre nourriture», indique-t-il. Quand Ali évoque ses sombres années de détention, la famille et les voisins de sa maison située à Dekouané éclatent en sanglots. Bien qu’il ait un regard parfois absent, l’ancien détenu ne verse pas de larmes durant l’entretien même lorsqu’il évoque la mort de sa mère. «J’aurais voulu voir ma mère, elle est morte il y a tout juste cinq mois», dit-il. Il aurait souhaité également assister au mariage de sa fille aînée. Mais Ali ne se perd pas dans les émotions. Il tient à remercier le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, les députés Walid Joumblatt et Boutros Harb, tous les journalistes «qui ne nous ont pas oubliés» surtout Nicolas Nassif dont les correspondances retransmises par RMC l’ont accompagné dans sa cellule syrienne. Et d’autres, beaucoup d’autres. Il n’oublie surtout pas de remercier les présidents Assad et Lahoud. Ali est rentré seul vendredi soir du Palais de justice. Sa famille a été avertie trop tard qu’il sera libéré. Il a donc pris un taxi. Il n’a rien reconnu de la ville. C’est en arrivant devant son immeuble de Dekouané qu’il a remarqué que des immeubles ont remplacé les orangeraies. Conscient, comme beaucoup d’autres détenus libérés, que plus jamais la vie ne sera la même, il indique : «Maintenant je vais rester à la maison, observer au moins durant deux mois ma femme et mes enfants, pour savoir comment je devrais m’adapter à cet environnement». «Je ne veux pas les gêner, elles ont évolué sans moi, elles ne me connaissent pas assez», assure-t-il. Et de souligner : «Je ne voudrais pas qu’arrive le jour où elles souhaiteraient que je soit mort en prison». Pat.K.
«La première chose que je ferais ? Je veux baiser la main du patriarche Sfeir», indique Ali Abou Dehn détenu depuis 1987 en Syrie. Il avait à cette date 37 ans. Actuellement, il en a 50. Ce druze originaire de Hasbaya a été accusé de collaboration avec l’ennemi israélien, alors que son village natal était occupé par les soldats de l’État hébreu. Arrêté en Syrie, il...