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Actualités - ANALYSE

Prisonniers - La liberté pour un nouveau groupe de sept, anciens des geôles syriennes Retrouvailles émouvantes… mais discrétion assurée

C’est avec une impatience teintée d’angoisse que les familles sont venues attendre, ce samedi après-midi, les sept nouveaux détenus (des geôles syriennes) qui devaient être relâchés, après le premier lot libéré vendredi dernier. Un moment crucial auquel personne n’osait plus croire et qui pourtant se précisait d’heure en heure, de minute en minute, alors que les informations sur la libération finale se contredisaient. Seize heures tapantes : ils sont enfin libres. Dans les bras des leurs. Des retrouvailles presque douloureuses de par leur intensité. Les sept détenus n’auront appris la nouvelle que cinq minutes auparavant. Leur sortie de prison signe la fin d’un calvaire, qui aurait pu durer, pour certains, toute l’existence. C’est le début d’une renaissance à un nouveau monde. Parents et anciens détenus l’inaugurent, avec un espoir ténu mais, surtout, une discrétion pudique, une discrétion à toute épreuve. On parlera rarement de l’expérience syrienne en des termes négatifs, mais les regards, le chagrin, la révolte contenue et les larmes retenues se devinent à travers l’histoire que nous raconteront plus tard ces hommes fraîchement libérés. C’est devant la gendarmerie du Palais de justice de Beyrouth que la délivrance se concrétisera, à la manière d’un happy end un peu forcé. De gémissements en cris et en larmes, elle deviendra réelle, palpable, puis tangible à travers ces étreintes qui s’éternisent, ces démonstrations d’amour longtemps réprimées. Naji Harb tente de crier sa douleur puis se retient. Il n’est pas difficile de deviner cette fatigue innommable qu’il tente de dissimuler mais qui ne peut tromper les lentilles des appareils photos. Nacher Bahjat adresse, à cor et à cri, des louanges aux présidents de la République libanaise et syrienne. «Je remercie les chefs de l’État Émile Lahoud et Bachar el-Assad pour tous les efforts qu’ils ont déployés et qui ont abouti à notre libération», lance-t-il à tue-tête une fois la porte franchie. Le message est reçu. Le moment, d’une rare intensité, ne devra durer qu’une vingtaine de minutes, car les parents se dépêchent d’embarquer leur progéniture dans les voitures et les cars qui attendaient devant l’entrée, refusant pour la plupart de répondre aux journalistes. Normal. Ils étaient jaloux de ce moment précieux qu’ils voulaient savourer en exclusivité avec le fils chéri. Et puis il y avait la méfiance… Condamnés à des peines variables, entre 10 et 20 ans, ou à perpétuité, certains auront été libérés avant d’avoir purgé toute leur peine. Nacher Mohammed Bahjat, un membre de l’armée libanaise (aouniste), condamné à 20 ans de réclusion est resté 10 ans dans les prisons syriennes avant d’être relâché. Le groupe libéré samedi comprenait des prisonniers accusés d’espionnage au profit d’Israël, de meurtres de soldats syriens déployés au Liban, d’attentats à la bombe et de falsification de documents. Quatre de ces libérations font suite à un arrêt de justice se fondant sur le principe de la prescription extinctive : dix ans se sont écoulés depuis la date des délits pour lesquels ils ont été condamnés. Ce sont : Khaled Khodr Taoufic, Naji Aziz Harb, Élias Challita Abou Ghosn et Issam Othman Moustarah. Quant à Nacher Mohammad Bahjat et Nazih Ahmad Khanji, ils seront remis en liberté pour manque de preuves. Samir Mahmoud Tiba, dont les actes sont englobés par la loi d’amnistie, sera également relâché. La porte de la gendarmerie se ferme, les voitures démarrent emportant avec elles sept nouvelles personnes qui renaissent ainsi à la vie. Un beau cadeau de fin d’année qui contribuera peut-être à alléger une souffrance dont on ne connaîtra probablement jamais les annales. Jeanine JALKH
C’est avec une impatience teintée d’angoisse que les familles sont venues attendre, ce samedi après-midi, les sept nouveaux détenus (des geôles syriennes) qui devaient être relâchés, après le premier lot libéré vendredi dernier. Un moment crucial auquel personne n’osait plus croire et qui pourtant se précisait d’heure en heure, de minute en minute, alors que les...