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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

SANTÉ - Conférence sur la vache folle à l’hôpital Notre-Dame de Jounieh Le prion, redoutable quand il devient pathogène

L’Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), communément appelée maladie de la vache folle, a attiré grand monde jeudi à une conférence scientifique organisée par l’hôpital Notre-Dame, à Jounieh. Cette maladie bovine, qui se transmet à l’homme pour donner une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, n’a pas fini d’inquiéter le public. À cette conférence organisée conjointement par la commission scientifique de l’hôpital Notre-Dame, le comité de prévention médicale du club Lions et les Lions de Kesrouan, assistaient le ministre de l’Agriculture, M. Ali Abdallah, ainsi que M. Fawzi Adaïmi, président du syndicat des hôpitaux. Les Dr Souheil Gebeily, président de la Société libanaise de neurologie, et Zouhair Tabbara, président de la Société libanaise des maladies infectieuses, ont dissipé le brouillard qui entoure cette maladie nouvelle et encore peu connue. M. Mansour Kassab, président de l’Ordre des vétérinaires et directeur des ressources animales au ministère de l’Agriculture, a insisté sur les mesures prises par l’État pour protéger les citoyens. Des informations intéressantes sur le prion, à l’origine de plusieurs maladies dont la plus fréquente est celle dite de Creutzfeldt-Jakob dans sa forme classique, ont été données par les spécialistes. Le prion a été découvert récemment par Pruziner, prix Nobel 1997. Il s’agit d’un agent infectieux, qui ressemble aux protéines et se trouve normalement dans les organismes humain et animal. Par un simple changement de structure et de propriétés biochimiques, il passe d’un élément normal à un élément pathogène. Il ne peut vivre de façon autonome et a besoin d’un hôte pour évoluer. Par ailleurs, c’est par simple contact que le prion pathogène contamine le prion normal, entraînant ainsi à la longue les symptômes de la maladie qui va mener le sujet inéluctablement vers la mort. Il faut préciser qu’il faut absorber une grande quantité de produits alimentaires contaminés (elle n’est pas encore fixée) pour développer une telle maladie. Le Creutzfeldt-Jakob lié à la viande contaminée par l’ESB n’a fait que 88 cas dans le monde, 86 en Grande-Bretagne et deux en France. Dans sa forme classique sporadique (qui se déclare sans raison apparente), il frappe généralement des personnes âgées de 70 ans et plus. Il a attaqué des patients plus jeunes, ayant une moyenne d’âge de 27 ans. La forme héréditaire ne concerne que 10 % des cas, et la forme iatrogénique (due à des implantations) reste très rare et est mieux contrôlée aujourd’hui. Le traitement du Creutzfeldt-Jakob dans toutes ses formes n’existe pas. Il est rare d’obtenir des diagnostics concluants. Pour la forme classique de la maladie, l’encéphalogramme montre des anomalies qui ne sont pas les mêmes pour la forme liée à l’ESB, dont la moyenne d’évolution est de 16 mois. La seule confirmation qui existe est obtenue par biopsie ou autopsie du cerveau. Origine : scrapie du mouton La gestion du risque par l’État a été abordée par MM. Abdallah et Kassab. Ne pas importer des bovins de plus de trente mois (âge réduit à 24 mois récemment), effectuer un appel d’offres pour acheter des laboratoires assez performants pour déceler la maladie chez l’animal et interdire l’importation et l’utilisation de farines animales, telles sont les principales mesures prises par le ministère pour protéger le marché libanais, comme l’a indiqué M. Abdallah. Il a fait remarquer que les mêmes ont été prises plus tard en Europe et considérées comme parfaitement suffisantes. Pour sa part, M. Kassab a expliqué l’origine de la maladie chez les bovins : dans la farine de viande et d’os servie aux vaches, notamment laitières, se trouvaient des carcasses de moutons atteints de scrapie, une autre maladie à prion connue depuis longtemps et qui n’est pas passée à l’homme par la consommation. Malheureusement, elle a franchi la barrière des espèces avec les bovins (surtout avec des procédures industrielles qui consistent à ne pas cuire la farine à la température voulue qui est de 133 degrés), pour ensuite contaminer l’homme ! Selon M. Kassab, l’incubation de la maladie est longue, de plus de quatre ans, et donne des troubles nerveux et de la locomotion très visibles à un stade avancé. Il a insisté sur l’abattage sanitaire de troupeaux entiers en Europe après la déclaration d’un cas d’ESB, et sur le fait que les autorités libanaises exigent un test sur les cellules nerveuses à partir de cette année. Il a recommandé que les éléments à risque, comme la cervelle, la moelle épinière et les abats ne soient ni consommés ni mélangés à la viande. Enfin, M. Adaïmi, avec son humour habituel, a posé la question qui, selon lui, est celle qui intéresse davantage que toutes les autres le public : peut-on manger de la viande ? Les spécialistes ont répondu qu’il fallait, pour cela, s’en remettre aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a déclaré que la viande rouge et le lait ne présentaient pas de risques, mais qu’il fallait tout de même en consommer avec modération… Ils ont rappelé qu’aucun cas n’a été déclaré au Liban. S.B.
L’Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), communément appelée maladie de la vache folle, a attiré grand monde jeudi à une conférence scientifique organisée par l’hôpital Notre-Dame, à Jounieh. Cette maladie bovine, qui se transmet à l’homme pour donner une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, n’a pas fini d’inquiéter le public. À cette conférence...