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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Les parents exigent de connaître la vérité

«Seule la lumière sur les faits peut clore le dossier des Libanais détenus par les forces syriennes ou disparus au su de ces forces». C’est en ces termes que Mme Sonia Eid, du comité des parents de détenus dans les prisons syriennes, et l’association Solide (Soutien aux Libanais détenus et exilés) ont protesté hier contre les propos tenus jeudi par le procureur général Adnane Addoum sur «la fermeture définitive de ce dossier». Les parents ont par ailleurs observé une minute de silence, les yeux bandés, pour manifester leur écœurement face au traitement réservé aux 45 prisonniers politiques libanais en Syrie pris en charge lundi par les autorités libanaises. Au cours d’une conférence de presse à l’hôtel Alexandre – Achrafié, les parents ont réclamé, dans un communiqué rendu public par le président de Solide Ghazi Aad, la création d’une commission d’enquête officielle neutre et formée de personnalités indépendantes des milieux gouvernementaux, de juristes et d’observateurs des droits de l’homme. Cette commission devra également, selon M. Aad, «bénéficier de vastes pouvoirs judiciaires lui permettant d’interroger les civils et les militaires libanais et non libanais qui ont eu recours à la pratique des enlèvements et des arrestations arbitraires, de consulter les documents nécessaires et d’entrer dans les divers emplacements considérés comme centres de détention et de liquidation physique». «Les parents ont le droit de savoir quel a été le sort de leurs enfants, s’ils sont morts ou toujours prisonniers, mais le problème, c’est qu’au niveau de l’affaire du dossier des détenus et des disparus sous la responsabilité de la Syrie, le parquet est soumis à la volonté du pouvoir politique. Celui-ci ne veut ni l’ouverture de ce dossier ni son étude dans la transparence», a affirmé le président de Solide. L’initiative d’Assad positive Estimant que l’initiative du président Bachar el-Assad de remettre à la justice libanaise les détenus libanais en Syrie «était positive et visait à corriger les relations bilatérales, après vingt ans d’arrestations et d’enlèvements de citoyens libanais pratiqués par l’armée syrienne sur le territoire libanais», M. Aad a critiqué toutes les contradictions qui ont accompagné le développement de ce dossier. Ainsi a-t-il rappelé que les prisonniers relaxés par la Syrie «sont aussi revenus à la vie, puisque la commission nommée par le Premier ministre Hoss le 21 décembre 1999 avait décidé le 25 juillet 2000 qu’ils étaient tous morts». M. Aad a cité dans ce sens le cas du responsable du Tawhid, Hachem Minkara, relâché en août 2000 par les Syriens après avoir passé 15 ans de sa vie dans les prisons syriennes «sans que l’État libanais ne soit au courant ou reconnaisse sa présence en Syrie». Il a également cité le cas du soldat Naji Harb, relaxé lundi par la Syrie, «après qu’il a été demandé à sa mère de signer son acte de décès». M. Aad a par ailleurs réfuté la thèse selon laquelle «les parents de détenus sont exploités par certaines parties politiques», demandant «quel pourrait être l’intérêt politique d’associations internationales de droits de l’homme comme Amnesty International ?». «Si l’initiative de mettre un terme à la question des détenus a échoué, c’est en raison de l’absence totale de transparence dans le traitement du dossier et la contradiction dans les positions et dans les chiffres avancés», a-t-il poursuivi, ce qu’il a qualifié de «fuite en avant de la part des responsables libanais». Et M. Aad de se référer respectivement aux propos contradictoires et imprécis tenus ces dernières semaines par plusieurs responsables libanais à ce sujet : le ministre de la Justice Samir Jisr, le Premier ministre Rafic Hariri, le député Assem Kanso, le procureur général Adnane Addoum. «Devant le comité des parents, vendredi dernier, M. Addoum a nié posséder toute information sur le nombre ou les noms, précisant que les chiffres avancés par certains journaux étaient imprécis, et qu’il pourrait y avoir 100 ou 200 détenus. Le lundi 11, il s’est rendu à Damas pour ramener avec lui 45 Libanais dont il ne connaissait pas les noms, ou les raisons et les conditions de leur arrestation. Ils sont rentrés les yeux bandés, les mains liées, tête baissée, et tout le monde a parlé d’amnistie et de libération alors qu’il ne s’agissait que d’un transfert de prisonniers», a souligné le président de Solide. M. Aad a remarqué que «l’état d’urgence est toujours proclamé en Syrie depuis les années 60, que les jugements s’y poursuivent toujours dans le secret, et sans aucun respect des normes internationales d’un jugement équitable ou même des procédures pénales en vigueur en Syrie». Des rapports d’Amnesty Citant des rapports d’Amnesty International, il a affirmé que «les autorités syriennes ont continué à arrêter des Libanais au Liban après la fin de la guerre sans même en référer aux autorités libanaises». Il a ensuite révélé l’existence d’un rapport du ministère américain des Affaires étrangères datant de mars 96 selon lequel «les unités de l’armée syrienne et les services de renseignements syriens continuent à arrêter des Libanais malgré la convention bilatérale de 1991 sur la sécurité». Selon l’article 13 de la déclaration pour la protection de tous contre les enlèvements adoptée par l’Assemblée générale de l’Onu en 1992, il est du devoir de l’État d’enquêter en cas d’enlèvement et d’arrêter les auteurs, même s’il n’y a pas eu de plainte dans ce sens, a poursuivi M. Aad. «Pourquoi le Parquet n’enquête pas, alors que des dizaines de familles se plaignent de la disparition de leurs fils», a-t-il demandé, soulevant le cas de l’ancien membre du bureau politique du parti Kataëb Boutros Khawand, enlevé devant son domicile le 15 septembre 1992 à 9h du matin, et des deux pères antonins disparus le 13 octobre 1990 à Beit Méry. M. Aad a en outre appelé l’État libanais à «réclamer à la Syrie une liste détaillée de toutes les personnes arrêtées par les forces syriennes au Liban depuis 1976, en mentionnant ceux qui sont morts comme Adel Ajoury et Joseph Zgheib et ceux qui ont été condamnés à mort comme Khadigé Boukhary et Dany Mansourati». Il a enfin évoqué le cas des «prisonniers qui recevaient jusqu’en août 2000 les visites de leurs parents en Syrie et qui n’ont pas été relaxés, comme Najib Jaramani, Tony Tamer, Georges Chlawitt et Milad Barakat, et qui sont sûrement dans les geôles syriennes», et les soldats enlevés le 13 octobre 1990, que l’armée avait d’abord considérés comme morts dans un rapport avant de se rétracter, comme Johnny Nassif, Marwan Zoghbi, Youssef Hasbani, Joseph Azar, Élie Haddad et Élie Aoun. «Où sont-ils s’ils ne sont pas morts ?», a-t-il conclu.
«Seule la lumière sur les faits peut clore le dossier des Libanais détenus par les forces syriennes ou disparus au su de ces forces». C’est en ces termes que Mme Sonia Eid, du comité des parents de détenus dans les prisons syriennes, et l’association Solide (Soutien aux Libanais détenus et exilés) ont protesté hier contre les propos tenus jeudi par le procureur général...