DESIGN - Elle expose ses créations chez Artishow Yasmina Raffoul : l’art lui donne du fil à retordre

Yasmina Raffoul est très nerveuse, et c’est ce qui l’a amenée au… design. Chez Artishow , jusqu’au 6 janvier, cette étudiante en audiovisuel qui prépare son film de diplôme expose ses créations en fils de fer et autres métaux. Des objets divers, curieux et amusants, pour une note d’originalité et de fraîcheur. De nature très nerveuse, Yasmina Raffoul a toujours besoin d’avoir quelque chose dans les mains. «J’ai commencé par faire des “bêtises” avec du fil de fer que j’ai trouvé chez moi et puis, avec le temps, cela s’est développé», raconte-t-elle. C’est donc par hasard qu’elle s’est découvert ce talent, et non pas par «accident, puisque je suis très contente de le faire», précise-t-elle. Artishow accueille aujourd’hui la première exposition personnelle de Yasmina Raffoul, qui a toutefois participé à des «collectives», toujours dans cette galerie. L’artiste manie de ses doigts habiles le fer, le cuivre et autres grillages, en fils très fins et malléables, pour en faire des supports pour rouleaux de papier toilette, des lampes à pied, des ronds de serviette, des boules et guirlandes pour sapins de Noël, des sacs à main, des paniers, des boucles, des miroirs, des abat-jour, des porte-bouteilles… Les articles se suivent sans se ressembler, dans des formes toujours nouvelles, tantôt petites, tantôt volumineuses. On trouve aussi quelques œuvres en plastique, un nouveau créneau dans lequel l’artiste fait ses premiers pas. Dans ses œuvres monochromes, Yasmina Raffoul marie le métal aux perles, aux paillettes, aux plumes ou aux tissus. «Les idées viennent en même temps que l’objet est créé, mais il y a toujours des changements en cours de route», indique-t-elle. Parfois, aussi, ça ne marche pas. Et alors, elle se met dans des états pas possibles. L’article finit écrasé contre un mur, ou piétiné. «J’ai plein d’envie que je n’arrive pas toujours à réaliser», affirme-t-elle. Mais en gros, travailler de ses mains la calme. «Je crois que c’est un bon catalyseur de mon hystérie». Des objets « amicaux » et rigolos Ce que Yasmina aime bien, ce sont «les choses baroques, colorées, même si je suis monochrome dans mon travail. Je ne suis pas très “design épuré”, cela me donne froid. J’ai besoin d’un peu de folie». Mais pourquoi choisir alors le métal, connu pour sa froideur ? «Justement, parce que le pari au départ était de faire, à partir de quelque chose de froid, des objets “amicaux”, chauds, et surtout de rigolos». Même s’ils ne sont pas toujours très pratiques, comme ces sacs de soirée en fils, perles et tissus, assez délicats. Les matériaux sont achetés au Liban, ou alors en Syrie, pour les perles. «Mais on trouve de plus en plus de choses chez nous, note l’artiste. Quant aux grillages et fils métalliques, ils sont utilisés en construction et donc facilement disponibles. Lorsque je les achète, les gens sont étonnés de savoir ce que j’en fais». Côté public, «au tout début, il y a trois ans, les gens étaient moqueurs, surtout les hommes. Mais je crois qu’on finit par s’habituer à mon travail. Aujourd’hui, j’ai une clientèle. Des jeunes, mais aussi des femmes d’un certain âge». Une chose qui l’ennuie, c’est d’avoir à faire plusieurs exemplaires d’une même pièce. «Cela devient de la répétition et c’est épouvantable. Ce n’est plus un plaisir. Par contre, inventer un objet pour la première fois, c’est génial. Ou encore reprendre un projet que j’avais abandonné et le mener à terme ; arriver à arranger ce qui clochait». Pour la jeune créatrice, l’art devient de moins en moins un hobby. «Cela m’occupe de plus en plus, et je suis en phase de sérieux questionnement sur ce que je ferai une fois mon diplôme décroché. Peut-être une école de design, pour apprendre d’autres matériaux». Natacha SIKIAS P.S : Artishow ( Achrafieh, rue Baroudy) expose en permanence les créations de Yasmina Raffoul.