Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Gouvernement - À la recherche d’une baguette magique L’empirisme à l’ordre du jour

Selon un expert, les solutions envisageables pour un traitement en profondeur de la crise socio-économique ne peuvent être qu’empiriques. Il n’y a pas de baguette magique, pas de solution miracle ni même accélérée, répète-t-il après les dirigeants. Ce spécialiste compare le mal «à une allergie qui se manifeste par des troubles au niveau de l’épiderme. On doit d’abord procéder par tâtonnements, effectuer des tests, et une fois l’agent infectieux identifié, autrement dit une fois le diagnostic solidement établi, il faut encore rechercher par expérience les produits à administrer au patient ainsi que la liste des précautions qu’il devra suivre. Dans notre cas, cela signifie que l’on est certes tenu d’adopter rapidement des mesures, dans une optique générale de redressement, mais qu’il ne faut pas compter en voir les résultats se dégager avant de nombreux mois. L’exemple de la baisse des tarifs douaniers et des effets statistiques qu’ils peuvent avoir sur plusieurs plans, dont la balance commerciale, illustre bien cette réalité de patience. Qui se manifestera également, on ne peut en douter, au niveau des apports financiers ou économiques des privatisations projetées par le gouvernement». Ce professionnel note que le risque d’erreur existe dans toute projection économique. «Ainsi, rappelle-t-il, le Cabinet Hoss avait relevé les tarifs douaniers en pensant que cela améliorerait les recettes du Trésor, qui en a bien besoin. Or, c’est tout le contraire qui s’est produit. Cette hausse a constitué une barrière qui a réfréné le débit du robinet. Les importations légales, lourdement pénalisées, ne se sont plus faites qu’au compte-gouttes, tandis que la contrebande fleurissait. La dynamique de production locale et le commerce se sont retrouvés paralysés. Alors que l’État, pour payer ses fonctionnaires et pour servir la dette publique, empruntait à tour de bras, aggravant l’endettement et creusant le déficit national. À partir de cet échec, il est naturel que le nouveau gouvernement prenne le contre-pied des mesures de l’équipe précédente et libère les douanes. Il espère de la sorte relancer la dynamique commerciale et économique, au profit des rentrées effectives du Trésor. Le gouvernement détaillera son idée générale dans le projet de Budget de l’an 2001 qu’il doit sous peu soumettre à la Chambre. Mais on ne pourra savoir que dans plusieurs mois si cette orientation porte ses fruits. Dans un ordre des choses qui reste purement matériel, seuls les résultats comptent. Et ils sont conditionnés, faut-il le rappeler, par une infinité de considérations psychologiques aussi bien que techniques. Il est de la sorte évident qu’ouvrir ou fermer un marché n’a que peu d’importance s’il n’y a pas de stabilité sécuritaire, politique et monétaire». Et de souligner encore une fois que «tout le monde recherche en définitive le même objectif, à savoir sortir le Liban de l’ornière, mais par des moyens différents. Le gouvernement Hoss avait de la sorte élaboré en son temps un plan d’assainissement des finances publiques passant par l’allègement de la dette et la réduction du déficit budgétaire. Mais il n’avait pas pu le mettre en pratique, pour la bonne raison que la croissance n’était pas au rendez-vous. Le gouvernement Hariri veut pour sa part relancer d’abord la croissance ; mais est-ce que l’apurement des comptes publics suivra ?» Pour illustrer sa conviction que les deux camps sont d’égale bonne foi, la personnalité économique citée relève que «M. Hoss déclare lui-même que les options en la matière de son successeur ne lui semblent pas contredire les siennes propres. Sur un ton mesuré, il ajoute toutefois que les nouvelles stratégies, qui s’exemptent de tout nouvel impôt, lui paraissent discutables. Car, à son avis, la relance de la croissance ne va pas se traduire par de meilleures rentrées pour le Trésor. Ou du moins, pas avant une bonne année, le déficit et l’endettement risquant entre-temps de s’alourdir beaucoup, tandis que les taux d’intérêts augmenteraient sur le marché. Ce qui, par contrecoup, affecterait gravement le développement du mouvement d’investissement. Bien entendu, le Cabinet en place ne partage pas du tout ces vues pessimistes. Il espère, par une audacieuse politique de ventilation, relever le niveau national de subsistance, donner un coup de fouet salutaire à la fois au pouvoir d’achat des Libanais et à la consommation, attirer les investisseurs comme le tourisme d’achalandement, revigorer le mouvement commercial et les marchés. Parallèlement, une action est déjà menée pour soutenir l’industrie locale et la rendre compétitive. Tandis que le Cabinet commence à s’attaquer à l’hydre de la routine administrative, par des arrêtés simplifiant les formalités, notamment en ce qui concerne les projets d’investissement, ainsi que par une meilleure utilisation des compétences au niveau du personnel. Entre autres détails, le gouvernement prépare un projet d’arbitrage global pour les créances des entreprises à l’égard de la Sécurité sociale et un autre pour les arriérés fiscaux». Selon ce spécialiste, «il subsiste tant de difficultés que sans un effort concerté de toutes les composantes concernées du pays (l’État, le patronat, les travailleurs, les différents organismes économiques etc.), le pays courrait à sa ruine. Il faut des électrochocs qui produisent un effet salutaire de confiance retrouvée et d’essor. Un élan que de premiers résultats positifs devraient conforter dans un délai de six ou sept mois». Mais, comme le souligne de son côté une source ministérielle, «il ne faut pas oublier l’essentiel, à savoir que sans stabilité sécuritaire et politique, aucun redressement n’est possible. Car nous ne pourrions alors compter ni sur les investisseurs ni sur les aides, financières ou techniques, des pays frères ou amis. Tout cela suppose, entre autres, que l’on traite sans tarder, et sans complaisance, l’épineux dossier des relations avec la Syrie. Et celui du Sud». Cela murmuré mezza voce, bien que cet officiel, qui se veut optimiste, affirme que «le gouvernement s’efforcera de faire en sorte que sur ces dossiers le Liban parle d’une seule et même voix». Certes, mais la voix de qui ? On peut relever, à titre comparatif, que le chef de l’État se déclare pour sa part optimiste. Il prévoit que d’ici à huit mois, le Liban aura récupéré Chebaa tandis que la Syrie aura repris le Golan. Alors que de son côté, le président Hariri se refuse, cette fois, de miser sur une paix régionale rapprochée. Il tient à dissocier le redressement économique du dossier régional. Mais comment serait-ce possible ? Les haririens répondent qu’on peut toujours essayer, en assurant une bonne base de stabilité à l’intérieur. Ce qui ne fait, en réalité, que transposer la question : comment peut-on se blinder, conforter ses équilibres à l’intérieur si les extrémités restent branlantes et fragiles ? Émile KHOURY
Selon un expert, les solutions envisageables pour un traitement en profondeur de la crise socio-économique ne peuvent être qu’empiriques. Il n’y a pas de baguette magique, pas de solution miracle ni même accélérée, répète-t-il après les dirigeants. Ce spécialiste compare le mal «à une allergie qui se manifeste par des troubles au niveau de l’épiderme. On doit...