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Actualités - BIOGRAPHIE

OUVRAGE - Farès Khachan raconte les années Tabbarah au ministère de la Justice La lente reconquête des institutions judiciaires et la difficulté d’établir un État de droit

 Dans ce livre, tout est dit dans le titre. Notre confrère Farès Khachan, responsable de la rubrique judiciaire du quotidien As Safir a passé six ans au ministère de la Justice en tant que conseiller à l’information du ministre Bahige Tabbarah. Et c’est cette expérience hors du commun qu’il a choisi de livrer aujourd’hui au public, dans le cadre d’un ouvrage de 340 pages. Six ans dans un ministère aussi délicat que celui de la justice, c’est presque une vie. Aux côtés de M. Tabbarah, Farès Khachan s’est familiarisé avec tous les rouages des tribunaux, avec leurs faiblesses, leurs lacunes, mais aussi leurs réussites. Pour comprendre l’importance de cet ouvrage, il faut se replacer en 1992, dans un pays qui sort à peine d’une longue guerre qui a failli détruire toutes les institutions étatiques et qui n’a certes pas épargné le secteur judiciaire. En 1992, la nouvelle Constitution avait certes fait de la justice un pouvoir à part entière, sans toutefois lui donner les moyens de le devenir. Comme le rappelle le ministre Tabbarah dans sa préface, les magistrats touchaient à l’époque des salaires de misère et travaillaient dans des locaux vétustes sans les équipements nécessaires, ni la moindre décence. Commence alors pour lui une lente et difficile opération de sauvetage qui se fixe pour priorité de réhabiliter les Palais de justice et de donner aux magistrats l’indépendance financière, clé de l’indépendance de la décision. Justice et politique : interdépendance et tentative d’autonomie En observateur averti et bienveillant, Khachan a suivi toutes les étapes de cette démarche qu’il relate dans les détails, examinant au passage les grands dossiers qui ont marqué ces années riches en rebondissements judiciaires, alors que le Liban essayait de reconstituer les composantes d’un État viable. Au lieu de suivre une chronologie sans doute fastidieuse, l’auteur a préféré regrouper les éléments par thème, chacun d’eux formant un chapitre. Le lecteur commence ainsi par suivre l’état des lieux de la justice au Liban en 1992 avant de se familiariser avec le plan que s’était fixé Tabbarah pour tenter de régler la crise. Viennent ensuite les grands dossiers des années Tabbarah tels que la corruption, l’affaire japonaise, les grands procès et surtout, la problématique politique et son influence sur la justice au Liban. Avec beaucoup de franchise, l’auteur évoque les interférences qui ont failli porter le coup de grâce à la crédibilité de la justice ainsi que la difficulté d’être un magistrat conscient de ses responsabilités dans un pays où la loi du plus fort demeure la plus efficace. L’auteur dissèque aussi les interventions des divers services de sécurité qui ont largement contribué à faire de la justice un instrument contre la classe politique, utilisé surtout dans la période qui a suivi la prise en charge de la justice par M. Tabbarah. Il est vrai que l’ouvrage s’arrête à 1998 et la démission du gouvernement Hariri après l’élection du nouveau président de la République M. Lahoud. Mais à travers le récit, de nombreux éléments laissent craindre certaines dérives. L’ouvrage de Khachan est certes une plaidoirie en faveur des réalisations de M. Tabbarah au ministère de la Justice, mais il reste avant tout un document, truffé d’informations inédites expliquant certaines zones demeurées sombres dans les années Tabbarah au ministère de la Justice. Plus qu’un témoignage vécu, un ouvrage à conserver et à consulter pour qui souhaite comprendre les difficultés de construire un État de droit au Liban. C’est d’ailleurs le premier livre au Liban qui aborde avec tant de précision et de détails un sujet aussi délicat qui reste encore d’actualité. S.H.
 Dans ce livre, tout est dit dans le titre. Notre confrère Farès Khachan, responsable de la rubrique judiciaire du quotidien As Safir a passé six ans au ministère de la Justice en tant que conseiller à l’information du ministre Bahige Tabbarah. Et c’est cette expérience hors du commun qu’il a choisi de livrer aujourd’hui au public, dans le cadre d’un ouvrage de 340...