Rappel d’un appel oublié

En 1997, les autorités syriennes avaient fait la sourde oreille à un appel au dialogue contenu dans un document de travail d’inspiration orientale, c’est-à-dire de l’Est politique. Cette plate-forme passe en revue les moments-clés d’une angoisse maronite quasi chronique. Une anxiété née au cours de la guerre domestique, interprétée comme une tentative de liquider la présence politique chrétienne, et partant, l’entité libanaise en tant que telle. Finement, le document cite ensuite le fameux discours dans lequel le président Hafez el-Assad justifiait, en juillet 1976, l’intervention de ses forces au Liban. Il y déclarait en substance : «Toute solution militaire (entendre toute victoire du camp islamo-palestino-progressiste de l’époque) au Liban produirait inévitablement un nouveau problème. Celui d’un peuple et d’une religion déterminés. Un problème qui embraserait la région, voire la planète, car il s’agirait d’une cause d’opprimés qui se gagneraient de ce fait même la sympathie du monde entier. Ce peuple maudirait alors les valeurs arabes car il n’est lui-même pas un peuple étranger, mais fait partie du plus profond de notre peuple. Ils y viendraient à cette extrémité du fait de la chaîne d’oppressions qu’ils auraient subie». Le document de travail en question rappelle ensuite que pour les chrétiens du Liban, Taëf représentait un moyen de mettre fin à la guerre. Ils y voyaient en outre au départ l’espoir d’une nouvelle République fondée sur l’égalité, l’équité, la justice et l’entente nationale bien équilibrée. Espoir totalement déçu, en partie à cause des couacs dans les relations libano-syriennes, ce qui a conduit à ce que l’on a appelé «le désenchantement chrétien».