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Actualités - ANALYSE

Chebaa, pomme de discorde entre le Liban et la communauté internationale

Certes, les menaces israéliennes lancées vendredi contre le Liban et la Syrie à cause des opérations du Hezbollah sont préoccupantes. Mais, tout en les prenant au sérieux, les parties concernées ont tendance, comme l’ambassadeur jordanien le fait dans ses déclarations, à les considérer comme de la pure intimidation. D’une part parce que le Hezbollah a tout de suite contre-menacé de frapper à l’intérieur d’Israël, tandis que la Syrie indiquait qu’elle ne resterait pas les bras croisés en cas d’attaque israélienne. D’autre part, parce qu’avec les complications doubles de l’intifada et de sa situation politique intérieure, on voit mal Israël s’engager dans un processus d’escalade militaire au Liban-Sud ou dans la Békaa. Car une telle option peut mener tout droit à une guerre généralisée. Or dans un tel cas de figure, on le sait, la règle sioniste historique, dite de survie, impose à Israël une décision prise à l’unanimité de ses partis politiques.Il reste que Chebaa constitue une autre source de préoccupation pour les autorités locales. À cause de leurs frictions avec l’Onu à ce sujet, comme à celui du non-envoi de l’armée au Sud. Un diplomate occidental en poste à Beyrouth estime pour sa part en substance «que le député libanais Nassib Lahoud, lui-même ancien ambassadeur, a parfaitement raison de relever que juridiquement il ne suffit pas que le Liban proclame que Chebaa lui appartient et que la Syrie confirme qu’elle n’en revendique pas la propriété. Il faut des preuves tangibles. C’est-à-dire un traité frontalier précis, accompagné de graphiques, signé par les deux pays et remis à l’Onu. Pour appuyer une demande de modification de l’aire d’application respective de la 242 et de la 425, afin de faire passer les hameaux du régime de l’une au régime de l’autre. Une telle démarche est techniquement nécessaire si le Liban veut récupérer Chebaa, par les négociations ou par la résistance active. En l’état actuel du dossier juridique, votre pays est en train de couvrir des opérations armées qui s’effectuent en territoire étranger. Dès lors, la communauté internationale ne peut pas légitimer ces actions de résistance, qui sont à ses yeux illégales. De même, le Liban reste privé du droit même de négocier au sujet de Chebaa tant qu’il n’a pas prouvé, par un traité signé avec la Syrie, que la zone est comprise dans son propre territoire national». «Il faut, insiste ce diplomate, réaliser l’importance capitale du facteur de légalité internationale. Si le Liban a pu lutter par les armes, et avec succès, à l’occupation israélienne du Sud, c’est parce qu’il pouvait s’appuyer sur la Charte des Nations unies qui consacre la légitimité de toute résistance. D’autant plus que dans le cas libanais, l’Onu avait tout de suite condamné l’invasion israélienne de 1978 par la résolution numéro 425 qui ordonnait à l’agresseur de se retirer immédiatement, et sans conditions, du territoire libanais. En outre, si on veut être réaliste et pratique, on ne doit pas oublier non plus l’importance du facteur d’unité nationale. Cette unité n’a jamais fait défaut au Liban quand il s’agissait de libérer le Sud par une résistance active. Par contre en ce qui concerne Chebaa, qui est une sorte de résidu d’occupation, beaucoup de parties libanaises estiment tout à la fois qu’il faut prouver que cette zone tombe sous le coup de la 425 et non de la 242 ; et qu’il vaut mieux la récupérer par la négociation. Car nul n’ignore que les opérations armées donnent à Israël un prétexte irréfutable pour justifier de lourdes représailles visant la Syrie mais surtout le Liban. Un tel enchaînement des faits réduirait à néant, on ne le sait que trop, tout espoir d’un redressement économique du Liban, sans pour autant lui rendre Chebaa. Est-ce donc ce que vous voulez ?». Cette personnalité étrangère conclut en rappelant que «la demande de l’envoi de votre armée au Sud n’émane pas seulement de l’Onu ou des États-Unis mais aussi de l’Union européenne. Alors, sur qui le Liban pourrait-il compter pour prévenir, condamner ou faire arrêter une éventuelle agression israélienne entreprise au titre des représailles ? La France, l’Italie, la Grande-Bretagne et l’Allemagne ont mis en garde vos autorités contre le non-envoi de l’armée au Sud. Le délégué européen, M. Miguel Moratinos, a surenchéri dans ce sens, en souhaitant en outre que l’affaire de Chebaa soit traitée par les voies diplomatiques, pour dissiper une tension qui devient dangereuse. La décision libanaise est très difficile à comprendre. L’intérêt de ce pays commande en effet qu’il stabilise la région du Sud et en prenne le contrôle, avec l’accord de la Syrie et de la Résistance. Pour la sécurité de ses propres ressortissants, et non pour celle d’Israël. Ceci ne l’empêchera pas de maintenir le jumelage de son volet avec celui de la Syrie, dans le cadre du processus régional». Émile KHOURY
Certes, les menaces israéliennes lancées vendredi contre le Liban et la Syrie à cause des opérations du Hezbollah sont préoccupantes. Mais, tout en les prenant au sérieux, les parties concernées ont tendance, comme l’ambassadeur jordanien le fait dans ses déclarations, à les considérer comme de la pure intimidation. D’une part parce que le Hezbollah a tout de suite...