Tatiana Primak-Khoury à NDU-Louaizé : éloquence du clavier

C’est avec une rare éloquence que Tatiana Primak-Khoury fait résonner le clavier à chacun de ses concerts. Pour les fervents mordus des touches d’ivoire, cette jeune pianiste, qui allie avec grâce talent et virtuosité, aura, une fois de plus, choisi la difficulté, pour en triompher avec éclat. Un programme périlleux mais aux phosphorescences de diamant pur. À son menu, des pages (éblouissantes) de Serge Prokofiev, un Bach-Busoni et une sonate de son mari, le compositeur Houtaf Khoury. Ouverture avec les grandes et lumineuses arches sonores de la chaconne (BWV 532) de Bach revisitée par Busoni. Succèdent une sonate (nº 2) à quatre mouvements de Prokofiev et quelques «courtes pièces» toujours de l’auteur de Pierre et le loup. On sait très bien que Prokofiev a beaucoup écrit pour le piano, son instrument de prédilection et la plupart de ses partitions sont d’une qualité exceptionnelle. Esthétique d’une musique très difficile à définir en raison de ses nombreuses facettes. Conciliant avec originalité et caractère des tendances classique, novatrice et «constructiviste» Prokofiev a un monde sonore des plus riches et des plus surprenants. De la Russie profonde au monde de ce jeune compositeur, Houtaf Khoury habitant Tripoli. La pianiste a offert presque en «hommage» et «complicité» cette sonate pour piano signée de son mari et épousant les audaces prokofieviennes ! Ton, rythme et atmosphère d’une œuvre résolument et franchement moderne. Pour terminer, retour à Prokofiev avec la très belle et puissante sonate nº 3. Retour quelque peu solennel clôturant avec une certaine magnificence sonore une envoûtante promenade en territoires ukrainiens sous le ciel de Zouk Mosbeh dans le Concert Hall du collège Notre-Dame à Louaizé.