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Actualités - ANALYSE

CONCERTS - L’âme andalouse dans une musique pleine de fougue L’orchestre de chambre catalan à l’institut cervantès : profondément ibérique

Très dynamique cette année, l’institut Cervantes, avec ses multiples et successives manifestations culturelles et surtout musicales. Après Carmen Linares, Antoine El Pipa et Pilar Jurado, voilà l’orchestre de chambre Catalan, dirigé par Juan Pamies, dans un programme profondément ibérique, aux couleurs très «viva espana». Jugez plutôt de ce menu où résonnent les partitions de Granados, de Garcia Lorca (le poète et le musicien) et surtout de Manuel de Falla. En première partie, un torrentiel et passionné «allegro» de concert pour piano d’Enrique Granados et au clavier Matilda Maffiotte Olivencia. Élève d’Albeniz, ce musicien inspiré a su couler toute l’âme andalouse dans une musique pleine de fougue et de vivacité aux mélodies comme jaillies de joyeuses et sensuelles «zarzuellas». Ont succédé plusieurs chansons populaires espagnoles, interprétées par le mezzo soprano Monserrat Torruelle Alsina accompagnée au piano par Matilda Maffiotte Olivencia. Paroles et musique signées Federico Garcia Lorca, l’auteur des Noces de sang. Humeurs changeantes, inspiration vagabonde et notes à l’éclat des regards de braise de ces gitanes aux gestes vifs et aux longues robes froufroutantes. Histoires de cœur battant la chamade, de tendresse déçue, d’espoir fou, d’amours contrariées ou rêvant d’éternité, tout le verbe haut en couleur de Lorca serti là d’une musique aux longues modulations empreintes d’un certain esprit espagnol oscillant entre flamenco et pur «cante ». Un baiser contre le fantôme En seconde partie, El amor Brujo ou, en termes français L’amour sorcier de Manuel de Falla. Deux tableaux (en fait il s’agit là d’un ballet) incantatoires et aux couleurs sombres narrant la passion dévorante et folle de Candelas abandonnée par son amant. L’action est inspirée d’une légende gitane où l’on voit Candelas, une jeune femme hantée par les apparitions du spectre de son ancien amant, qui veut la séparer de son fiancé Carmelo. Lucia, la compagne de Candelas, par sa coquetterie provocante, détourne sur elle l’attention du spectre, et les deux fiancés peuvent échanger le baiser qui éloigne à jamais le fantôme. La danse rituelle du feu qui est la page la plus justement célèbre de la partition, offre avec une grande puissance de suggestion le caractère magique d’une incantation rythmée sur la quarte descendante du «cante flamenco» et destinée à chasser l’envoûtement; le chant âpre de Candelas se mêle par endroits aux rythmes emportés des danses gitanes, cependant que les «cloches du matin» tintent dans le final et annoncent le triomphe de l’amour. L’œuvre, d’un relief peu ordinaire et d’une concision extrême, déborde d’une vie intense et c’est certainement intéressant de la découvrir ici dans son intégralité, interprétée par l’orchestre de chambre catalan, et ne pas se contenter du simple et archi-connu passage de la danse rituelle du feu ! Salve d’applaudissements d’un public nombreux ravi de cette prestation aux couleurs exclusivement espagnoles. Edgar DAVIDIAN
Très dynamique cette année, l’institut Cervantes, avec ses multiples et successives manifestations culturelles et surtout musicales. Après Carmen Linares, Antoine El Pipa et Pilar Jurado, voilà l’orchestre de chambre Catalan, dirigé par Juan Pamies, dans un programme profondément ibérique, aux couleurs très «viva espana». Jugez plutôt de ce menu où résonnent les...