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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

DÉVELOPPEMENT - À Kfar Fakoud, une ferme pilote pour le retour des déplacés L’Union européenne mise sur la coexistence druzo-chrétienne

Une assistance assurée à 10 000 agriculteurs originaires du Chouf, de Baabda et d’Aley, 32 hectares de terrain, don de l’ancien ministre des Déplacés Walid Joumblatt ; et 6 326 800 euros versés par l’Union européenne : le projet de ferme pilote à Kfar Fakoud est une belle œuvre pour le retour des déplacés et la réconciliation druzo-chrétienne. L’emplacement de la ferme est assez symbolique. Elle a été construite sur l’ancienne ligne de démarcation des années quatre-vingt. «Plus haut c’est Deir-el Kamar (l’enclave chrétienne de 1983) et plus bas la zone druze», indique Lorenzo Errighi, directeur du projet et représentant au Liban de l’Ong italienne ICU (Institution pour la coopération universitaire), chargée de l’exécution du projet. Hier, une délégation conjointe du ministère des Déplacés et de la Commission européenne s’est rendue à Kfar Fakoud pour inaugurer le projet, qui sera géré dans les douze mois à venir par des coopératives, des Ong et d’autres organismes libanais. Dans cette ferme pilote de l’ancienne zone sinistrée, tout a été préparé pour moderniser l’agriculture et l’industrie agroalimentaire. Ici, on élève des escargots, on plante des tomates-cerises, on fabrique diverses sortes de fromages et de produits laitiers, on essaie d’introduire sous serre des arbrisseaux exotiques (mangues et autres) ou de produire hors saison des fruits méditerranéens. Ici également, on presse des olives et on produit du vin, on élève des troupeaux de vaches, de moutons et de brebis, on loue de petits tracteurs et un grand bulldozer à des prix réduits, on organise des stages de formation aux agriculteurs et on aide les producteurs de la région à trouver des marchés pour leurs produits. En effet, les productions du projet pilote, financé par le don de l’Union européenne, se vendent dans 35 magasins de la région avoisinante. Récemment, un accord a été conclu avec le Monoprix, pour la vente notamment des tomates-cerises et du fromage. Les escargots ne seront mis sur le marché qu’en mars prochain, à 2 000 livres la barquette d’un demi-kilogramme. La ferme inaugurée solennellement hier a vu le jour en 1995, quand l’Union européenne a décidé de financer «le projet de soutien à la reprise économique des déplacés dans les secteurs agricoles et industriels». Ce projet, comme le souligne un communiqué distribué à la presse, «vise à renforcer la politique du gouvernement libanais dans son effort d’appuyer le retour des déplacés dans leurs villages d’origine et leur réintégration, notamment par l’amélioration de la situation économique et la reprise des activités (réhabilitation des infrastructures détruites, création d’emplois et de petites et moyennes entreprises…) dans les secteurs agricole et agro-industriel de la région du Mont-Liban sud». Encourager les jeunes à travailler dans l’agriculture La gestion de ce projet, qui a pris cinq ans pour être réalisé, a été confiée à l’Ong italienne ICU en collaboration avec le ministère des Déplacés, ainsi qu’avec le ministère de l’Agriculture, l’Institut libanais de la recherche agronomique, la faculté d’agronomie de l’Université libanaise et l’Institut méditerranéen de l’agronomie à Bari. Hier, avant d’entamer la tournée dans les diverses sections de la ferme pilote, le chef de la délégation de la Commission européenne Dimitris Kourkoulas, le ministre des Déplacés Marwan Hamadé, et Umberto Farri, président de l’ICU, qui est venu spécialement d’Italie pour l’occasion, ont pris la parole. M. Kourkoulas a indiqué que «le retour des déplacés est certainement l’une des tâches les plus compliquées que le gouvernement libanais a dû entreprendre au lendemain des événements qui ont secoué cette région durant les années 80». Et de poursuite que l’un «des aspects les plus positifs du projet de soutien au retour des déplacés a été sa contribution à la réconciliation entre déplacés et résidents de la région, tout au long de son exécution». M. Hamadé, qui a prononcé son discours en arabe et en français, a déclaré que «le ministère des Déplacés, grâce à la volonté de son ancien responsable Walid Joumblatt, a voulu faire de ce projet un élément fondamental pour un véritable retour, comparable à un retour à la vie». «Car l’unité du Liban dépend largement de l’unité de sa montagne», a-t-il expliqué. Le ministre des Déplacés a rendu hommage à l’Union européenne, qui «œuvre pour la reconstruction du Liban», avant d’exprimer l’espoir «de parvenir dans les années qui viennent à faire fructifier les accords de coopération et à faire du Liban un partenaire réel et entier de l’Europe». M. Farri a présenté l’Ong qu’il préside. Il a indiqué que l’ICU est une organisation sans but lucratif de coopération pour le développement créée en Italie en 1966. Elle opère à un niveau international et a réalisé durant les trente dernières années plus de deux cents programmes de coopération dans différents pays. «Ses activités, a-t-il ajouté, visent au renforcement des connaissances techniques et professionnelles, à la formation agricole et sanitaire ainsi qu’à la formation supérieure, en particulier la formation universitaire». Et de poursuivre que «pour consolider les résultats atteints et garantir la continuité de cette action, il est nécessaire maintenant de renforcer la collaboration entre les familles des agriculteurs, les autorités locales et les personnes de l’autre côté de la Méditerranée qui ont offert leur collaboration pour ce projet». À la question de savoir si ce projet permettra effectivement le retour des déplacés de la montagne, M. Hamadé a déclaré à L’Orient-Le Jour que cette ferme moderne «pourrait encourager les jeunes de la région à revenir et à travailler dans le domaine de l’agriculture». Le chef du PNL et président de la municipalité de Deir el-Kamar Dory Chamoun a estimé qu’un «véritable retour des déplacés nécessite des efforts accrus. Ce projet est considéré cependant comme un grand pas en avant car il mise notamment sur les nouvelles techniques, la création d’emplois et l’octroi de crédits». La tournée, qui a pris des allures d’excursion dans la montagne du Chouf, a été clôturée par un cocktail à l’occasion duquel ont été présentés les produits de la ferme pilote. 
Une assistance assurée à 10 000 agriculteurs originaires du Chouf, de Baabda et d’Aley, 32 hectares de terrain, don de l’ancien ministre des Déplacés Walid Joumblatt ; et 6 326 800 euros versés par l’Union européenne : le projet de ferme pilote à Kfar Fakoud est une belle œuvre pour le retour des déplacés et la réconciliation druzo-chrétienne. L’emplacement de la...