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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

DROITS DE L’HOMME - L’enquête militaire semble retenir la version de la mort accidentelle Le décès d’un ancien milicien de l’ALS continue à faire des vagues

Deux morts sur 2 932 détenus, anciens membres de l’ALS : le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire M. Nasri Lahoud estime que la proportion est acceptable surtout lorsqu’on songe à l’exiguïté des prisons libanaises. Mais le plus important aux yeux du magistrat Lahoud, c’est encore d’assurer que les deux ex-détenus, Barakat Saïd el-Amil, originaire de Rmeich, et Gergès Saïd, décédés l’un il y a deux jours, l’autre à la fin de juin, n’ont pas succombé aux effets de la torture mais par accident. Mis en cause par des associations des droits de l’homme, le parquet militaire avait ordonné hier l’ouverture d’une enquête sur le décès à la prison militaire dite des «Massaleh» (près de l’Hôpital militaire) de Barakat Saïd el-Amil, âgé de 45 ans. Les résultats préliminaires de cette enquête révélés à L’Orient-Le Jour par le magistrat Lahoud semblent attester que l’ancien membre de la milice, tout comme Gergès Saïd qui était âgé de 72 ans au moment de son décès fin juin, serait mort par accident. Dans le cas de Barakat el-Amil, la cause serait due à des troubles de la pression artérielle, malgré l’absorption de médicaments adéquats, la veille même de son décès. Interrogé par L’Orient-Le Jour, le ministre de la Justice Samir el-Jisr affirme aussi avoir reçu les mêmes conclusions de l’enquête et il précise qu’il se tient en permanence au courant des développements de cette affaire, ayant particulièrement à cœur de s’assurer que Amil n’est pas mort sous la torture. Le magistrat Nasri Lahoud révèle à L’Orient-Le Jour que la victime est arrivée au poste de l’armée à Saïda le 15 novembre. Le lendemain, Barakat était transféré à Yarzé. Le 17, le parquet l’a interrogé et l’a déféré le même jour devant le juge d’instruction Abdallah Hajj, qui après l’interrogatoire lui a décerné un mandat d’arrêt le 21 novembre. Troubles de tension et cellules bondées La victime souffrait déjà de troubles de tension et elle a été à plusieurs reprises admise à l’Hôpital militaire tout proche. Selon M. Lahoud, trois médecins ont examiné Amil : les Drs Awada, Allawi et Zogheib. Tous trois ont décrété que son état ne nécessitait pas une hospitalisation, mais qu’il devait prendre des médicaments pour la tension, que les geôliers lui avaient procurés. La veille de son décès, sa tension était de nouveau variable et le Dr Rabih Saad l’a examiné à l’Hôpital militaire à 18h. Après lui avoir administré le traitement nécessaire, il a demandé qu’il soit ramené en prison. Il était 21h. Selon M. Lahoud, ses (nombreux) compagnons de cellule, interrogés dans le cadre de l’enquête, auraient affirmé qu’il se portait très bien et plaisantait avec eux. Les prisonniers auraient aussi rapporté que Barakat se serait réveillé deux fois pour se rendre aux toilettes à minuit et à 3h30. Mais à 6h, il ne s’est pas réveillé. Redoutant que l’on n’attribue sa mort aux effets d’une torture éventuelle, le parquet a aussitôt donné l’ordre de photographier la dépouille mortelle et le médecin-légiste qui l’a examinée a écrit dans son rapport qu’il n’y a aucune trace de coups ou de sévices quelconques sur le corps de la victime. S’agirait-il donc d’une erreur médicale ? Lahoud affirme s’être renseigné auprès des médecins, qui lui auraient déclaré que les variations de la tension artérielle sont imprévisibles et par conséquent la mort serait accidentelle. Quant aux médicaments administrés au prisonnier, ils ont été cités dans le rapport de l’enquête et jugés adéquats. Le magistrat précise ainsi que si les prisons sont loin d’être des hôtels cinq étoiles, les prisonniers n’en sont pas moins relativement bien traités et, en tout cas, la torture n’est pas une pratique courante, et surtout pas contre les anciens membres de l’ALS. «D’abord, parce que cette affaire est très délicate, et, ensuite, parce que ceux qui se sont livrés aux autorités libanaises sont des sous-fifres, les responsables de la milice s’étant réfugiés en Europe ou sur le continent américain». Lahoud est catégorique : «Nous faisons de notre mieux d’abord pour accélérer les jugements et pour faire régner une justice équitable qui tienne compte des conditions qui ont poussé ces hommes à s’enrôler au sein de l’ALS. Cela nous a d’ailleurs valu de violentes critiques de la part de plusieurs parties impliquées dans cette affaire. Mais nous avons tenu bon, par souci d’humanité. Et la plupart des condamnations ne dépassent pas l’année de détention. Les jugements sévères sont ceux qui sont prononcés par contumace. De plus, j’ai moi-même veillé après la mort de Gergès Saïd à placer en liberté surveillée les anciens membres de l’AlS ayant dépassé les 70 ans, pour leur éviter les ennuis que peut causer la détention, quittes à ce qu’ils se présentent devant le tribunal pour les audiences du procès». Voilà donc la version officielle. Les organisations des droits de l’homme et les proches des anciens membres de l’ALS s’en contenteront-ils ? Le ministre de la Justice Samir el-Jisr a affirmé à L’Orient-Le Jour qu’il comptait suivre le dossier, bien qu’il relève de la justice militaire. De toute façon, il a déclaré avoir à cœur l’amélioration des conditions de détention et le respect strict de la loi. Interrogé sur le sort des détenus libanais en Syrie, il a précisé qu’il ne disposait pas d’informations sérieuses sur ce sujet. «Jusqu’à présent, je n’ai reçu qu’un seul message par fax d’un père qui me demandait d’intercéder en faveur de son fils emprisonné en Syrie. Je compte en parler avec mon homologue syrien. Mais pour les autres cas, si je n’ai pas de dossier, je ne peux pas les évoquer». À bon entendeur, salut.
Deux morts sur 2 932 détenus, anciens membres de l’ALS : le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire M. Nasri Lahoud estime que la proportion est acceptable surtout lorsqu’on songe à l’exiguïté des prisons libanaises. Mais le plus important aux yeux du magistrat Lahoud, c’est encore d’assurer que les deux ex-détenus, Barakat Saïd el-Amil, originaire de...