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Actualités - OPINION

TRIBUNE L’école : évolution et révolution

Les équipements de laboratoire sont chers mais indispensables pour l’application des nouveaux programmes. «Instruire, c’est former le jugement» : une phrase réaliste de Montaigne. L’éducation passe avant l’instruction, dit l’ancien dicton. Mais pourquoi dans les écoles ne pas éduquer en instruisant et pourquoi ne pas instruire en éduquant ? En effet, ce n’est certainement pas un bâtiment neutre qu’une école, puisque son rôle éminent imprégné au plus profond de nous-mêmes laisse incontestablement des traces qui influencent l’avenir, sur le plan de la mentalité, de la psychologie, de la vie sociale et intellectuelle. Si nous analysons objectivement le rôle polyvalent de l’école, nous remarquons que le mérite de suivre l’enfant, l’adolescent dans la succession des diverses phases dont l’ensemble constitue la période ascensionnelle de l’être humain, est un mérite qui revient à un témoin de cette croissance humaine : l’école. Aucun doute, les bancs de l’école envisagent déjà l’enfance et l’adolescence dans les perspectives d’un certain finalisme sublime : la formation et la création de l’être adulte mur, équilibré et responsable. Sur ces bancs, découvrir, comprendre, discuter, assimiler, être, convaincre, discerner, choisir, lutter, vaincre, deviennent une nécessité agréable et facile à accepter. Ces progrès évolutif se fait sentir inévitablement dans notre vie, nous éloigne de notre égocentrisme, inspire, satisfait et développe les aspirations spirituelles hésitantes de notre nature. Ce progrès évolutif de l’individualisation à la socialisation se base sur les éléments acquis et adopté à l’école. L’école nous ouvre les horizons illimités d’un monde viré vers autrui. D’une manière générale, tout le monde aborde le sujet des droits de l’homme, de la femme, de l’enfant, de l’égalité, de la non-violence, des libertés un peu partout dans la presse et les médias afin d’atteindre un public parfois intéressé et amusé ou parfois désintéressé et cynique, oubliant le public le plus réceptif et le plus influençable : les esprits scolaires. En fait, l’enfant qui découvre l’alphabet ou qui apprend que Dieu a créé l’être humain homme et femme à son image n’oublie plus jamais ce qu’il découvre ou ce qu’il apprend. L’adolescent, qui est convaincu que l’égalité entre les êtres humains et les races humaines est une réalité, saura à son tour convaincre et appliquer ces principes sur le chemin de sa vie. L’adolescent, qui a assimilé définitivement que l’évolution sociale, l’évolution des traditions et des mœurs et la modification des lois, doit atteindre son objectif final, c’est-à-dire l’abolition de toute discrimination entre l’homme et la femme, de tous les points de vue : humain, familial, social, professionnel, intellectuel, sera un être plus épanoui, plus digne de la vie et plus responsable dans la société. Les programmes scolaires ont été modifiés. Il le fallait bien. Ils sont plus modernes, dit-on. Les droits, les obligations, la liberté, les libertés, le civisme, la citoyenneté, l’homme, la femme, l’enfant... Tout est mis en relief, enfin, pour faire partie de l’enseignement complémentaire puis secondaire relativement à chaque âge et être inculqué définitivement dans l’esprit de l’adolescent d’aujourd’hui et l’homme de demain. Mais au fond et d’une façon plus réaliste, qu’en est-il des enseignants et éducateurs, dont pour la plupart d’entre eux, les préjugés, les idées, les traditions les mœurs sont déjà acquis ? Est-il facile ou évident de passer de la tradition au progrès, au modernisme du jour au lendemain ?. «La tradition et le progrès sont deux grands ennemis du genre humain», a bien dit Paul Valéry. Ces éducateurs et enseignants d’instructions diverses, de mentalités et milieux différents ne doivent-ils pas suivre des sessions de formation «sérieuses» et uniformes ? Ne doivent-ils pas enfin comprendre que l’égalité des droits entre l’homme et la femme et la modification des lois discriminatoires dans la société sont aussi importantes et aussi valables que la leçon de grammaire, d’histoire ou de littérature et qu’il faudrait leur consacrer un temps aussi organisé qu’efficace ? Et pourtant le remarquons-nous ? L’admettons-nous ?. De longues années d’école... Toute une existence. Un passage précieux de la base, de la matière qui est l’enfance et l’adolescence, à «l’esprit», c’est-à-dire à l’âge adulte, l’esprit qui projette l’être humain vers l’apogée de son évolution. Lui inculquer une formation à lui. Lui ? Rien qu’un petit écolier, dirions-nous ? Mais savons-nous que cet écolier porte en lui les germes d’une évolution, voire d’une révolution psychologique, sociale, intellectuelle irréversible ? Séta KÉRÉCHÉKIAN
Les équipements de laboratoire sont chers mais indispensables pour l’application des nouveaux programmes. «Instruire, c’est former le jugement» : une phrase réaliste de Montaigne. L’éducation passe avant l’instruction, dit l’ancien dicton. Mais pourquoi dans les écoles ne pas éduquer en instruisant et pourquoi ne pas instruire en éduquant ? En effet, ce n’est...