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Actualités - ANALYSE

Baabda et Koraytem entrent dans l’ère de la coopération

À en croire un ministre aussi influent que fin chronographe, «il est clair que les présidents Lahoud et Hariri sont désormais résolus tous deux à coopérer. Sans quoi leur rencontre dominicale n’aurait pas duré 90 bonnes minutes, mais le petit quart d’heure protocolaire d’usage. Le pays a de la chance, car au moment où il aborde une des phases les plus difficiles de l’après-guerre, les deux personnalités les plus fortes qu’il compte dans le domaine public allient leurs efforts pour le tirer de l’ornière». Cette source se remémore, sans trop de nostalgie, «le temps où MM. Lahoud et Hariri entretenaient des relations tendues. À cause certes du dérapage initial, qui avait conduit le maître de Koraytem, pressenti pour diriger le premier Cabinet du nouveau régime, à se récuser. Mais aussi et surtout à cause de son hostilité marquée au gouvernement Hoss, que le chef de l’État avait pris sous son aile. Il faut dire que le gouvernement actuellement en partance a ouvert le feu le premier contre M. Hariri, à travers la tentative dite de réforme administrative et les poursuites contre ses lieutenants. Puis l’équipe en place n’a jamais ménagé ses critiques à l’encontre des gouvernements que le milliardaire avait dirigés. C’était même devenu du harcèlement, il faut bien le reconnaître. Seulement il s’est fait que les technocrates ont échoué dans presque toutes leurs entreprises. Le pays s’est enfoncé sous leur égide dans une crise socio-économique sans précédent. Et du coup, M. Hariri a retrouvé toute sa popularité, comme en attestent largement les résultats des dernières législatives. Vox populi vox dei et, au nom de la démocratie, le régime ne peut plus aujourd’hui ignorer le phénomène Hariri. Le retour au Sérail de l’ancien président du Conseil est donc assuré. Par chance, répétons-le, il se fera dans un climat de confiance totalement rétabli au niveau des rapports avec Baabda. Les deux parties prouvent de la sorte leur sens profond de l’intérêt national bien compris». Et de laisser entendre ensuite que «le régime a dû combattre les fortes préventions de ses supporters dont bon nombre abhorrent toujours la figure emblématique, le charisme trop accentué à leur goût de M. Hariri auquel ils reprochent un culte pour le pouvoir personnel. Il a fallu les convaincre qu’il a changé totalement de façon de voir et qu’il a retenu les leçons de l’expérience avortée de la troïka. L’ancien chef du gouvernement a d’ailleurs tenu à préciser lui-même que les erreurs ou les fautes commises antérieurement étaient répudiées de son lexique. Ajoutant qu’il ne serait plus question de gouverner en base d’un partage de zones d’influence ou des avantages que le pouvoir peut offrir. Mais de naviguer au plus près, de concert avec le régime et avec toutes les institutions, pour freiner la récession, en attendant de pouvoir redresser la barre. Finalement, souligne cette personnalité, la défaite à Beyrouth du président du Conseil en place devant le porte-drapeau en jupon du camp haririen, Mme Ghounwa Jalloul, est venue prouver aux loyalistes proches du régime qu’on ne pouvait plus se soustraire à l’obligation de coopérer avec M. Hariri. Sauf à provoquer une crise politique très grave, un blocage institutionnel que le pays n’aurait pas pu supporter, on ne pouvait plus empêcher le milliardaire de regagner ce grand Sérail qu’il a retaillé lui-même à sa mesure. Tout ce qu’on pouvait lui demander, et cela a été fait par le biais des décideurs-arbitres, c’était de s’engager à ne pas tenter de régner de nouveau en maître absolu. Après quoi le régime a pu tranquillement annoncer qu’il n’opposait de veto à l’avènement de personne et qu’il respecterait la volonté exprimée lors des consultations par la majorité parlementaire. Il est bon de relever, estime ce ministre, que notre gouvernement d’aujourd’hui a beaucoup puisé dans le crédit du régime et l’a même presque épuisé. Il n’en ira sûrement pas de même avec la prochaine équipe qui devra être beaucoup plus solide sur le plan politique. Le changement va en fait permettre au régime de souffler un peu en n’étant plus constamment sur la défensive pour servir de bouclier au gouvernement». – Un peu dans le même sens, des sources informées révèlent qu’à la demande du président, une équipe de conseillers a dressé un tableau critique des réalisations et des faux pas accomplis par le gouvernement Hoss ces deux dernières années. Ces sources ajoutent que le bilan est apparu comme largement négatif et qu’il faut maintenant prendre des contre-mesures pour réparer les erreurs commises. Notamment, dit un député, sur le front de l’information officielle, qui s’est trop fourvoyée, comme on sait, lors de la campagne électorale. Pour corriger le tir, on a fait appel à M. Rafic Chelala, ancien directeur de l’Ani, nommé conseiller de la présidence et qui sera entouré d’une nouvelle équipe dynamique. Ce qui par contrecoup peut signifier que des têtes vont tomber. Philippe ABI-AKL
À en croire un ministre aussi influent que fin chronographe, «il est clair que les présidents Lahoud et Hariri sont désormais résolus tous deux à coopérer. Sans quoi leur rencontre dominicale n’aurait pas duré 90 bonnes minutes, mais le petit quart d’heure protocolaire d’usage. Le pays a de la chance, car au moment où il aborde une des phases les plus difficiles de...