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Actualités - ANALYSE

Gouvernement - Les hasards du calendrier pourraient faciliter les choses Controverse persistante sur la nécessité d’un accord préliminaire

Décidément, même les hasards du calendrier semblent favoriser M. Rafic Hariri. La Chambre issue des dernières élections entre en fonction le 17 octobre et se réunit pour élire son président. Dès le lendemain, le 18, le président Lahoud doit procéder aux consultations parlementaires pour la nomination d’un nouveau Premier ministre. Et le 21, il est appelé à se rendre au Caire pour un sommet arabe de deux jours. Ainsi, M. Hariri qui, selon toute probabilité, aura été auparavant désigné président du Conseil, pourra à son aise fabriquer tout seul sa petite liste de ministres. Certes, il aura toujours à la soumettre ensuite au chef de l’État pour approbation, mais ce n’est pas tout de même comme s’il devait la composer sous l’œil même de ce dernier, et pour ainsi dire avec sa participation active. Pour le moment, les professionnels se focalisent sur une controverse : faut-il ou non réaliser un consensus préalable pour la formation du prochain Cabinet ? En d’autres termes, les présidents Lahoud et Hariri, ainsi que les forces politiques du pays, doivent-ils se mettre d’accord d’avance sur une formule, un organigramme et un programme de gouvernement ? Se rangeant à l’avis des haririens, le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli, soutient en substance que «la désignation doit intervenir avant la composition. Car inverser l’ordre des choses présenterait le risque d’une personnalisation d’un éventuel litige sur la formation du Cabinet. Une récusation qui aurait lieu alors pourrait conduire à la réintroduction d’un système de partage» des parts du gâteau. En clair, si M. Hariri devait renoncer à cause d’un conflit, soit avec le régime, soit avec les forces politiques concernées, le gouvernement ne pourrait plus être formé qu’à partir d’un bazar sur la distribution des maroquins. On s’éloignerait dès lors de la règle du «Right Man in the Right Place» et le pays se verrait affligé d’un gouvernement faiblard, à un moment où il a plus que jamais besoin d’une direction solide. Pour M. Ferzli, toujours cité en substance, «il est nécessaire que le chef de l’État, pour éviter l’écueil d’un marchandage généralisé, s’élève au-dessus du débat. Assumant un rôle de régulateur-arbitre, il doit définir les bases, les critères de sélection que l’intérêt national commande. Mais, ensuite, il doit laisser les mains libres au chef du gouvernement désigné. Après quoi, la parole reviendra démocratiquement à la Chambre qui par un vote de confiance ou de défiance dira si le choix gouvernemental opéré est le bon, eu égard bien entendu aux difficultés socio-économiques intérieures ainsi qu’à la crise régionale ambiante». D’autres pôles, abondant dans le même sens, relèvent qu’il faut «respecter scrupuleusement les procédures constitutionnelles, ainsi d’ailleurs que la logique même des choses. Comment peut-on composer un Cabinet avant même qu’un nouveau Premier ministre ne soit désigné ? D’ailleurs, ce dernier ne peut pratiquement pas donner au chef de l’État une idée de la sélection des ministres avant d’avoir lui-même consulté les blocs parlementaires, comme la règle le veut. On ne doit pas oublier en effet que certains groupes peuvent laisser au Premier ministre désigné le soin de choisir les personnalités qui vont les représenter au sein de son équipe, alors que d’autres insisteraient pour effectuer eux-mêmes un tel choix. Au risque de provoquer des frictions, soit avec le président du Conseil désigné, soit avec d’autres forces politiques. Tous ces détails, finalement décisifs, on ne peut donc les aborder en pratique qu’après la désignation du président du Conseil. Il est dès lors tout à fait vain de plaider pour un consensus général préalable, pour un pré-marché gouvernemental. Le panier de la ménagère ne se compose pas des jours à l’avance». Moins prolixes sans doute, mais tout aussi nombreux, des pôles politiques influents continuent à mener campagne en faveur d’un consensus politique préalable. Leur principal argument : il faut éviter au pays, par une telle précaution, une crise politique grave en cas de brusque conflit lors de la formation du nouveau Cabinet. Surtout à l’heure où le Liban se trouve plongé à la fois dans les affres d’une crise socio-économique sans précédent et dans les tourments du maelström régional. Bien qu’ayant peu de chances de voir leurs vues adoptées, puisque M. Hariri ne les approuve pas, les tenants de cette thèse mettent leurs espoirs, dit l’un d’eux, «dans une initiative du régime. Avant son départ pour Le Caire, le chef de l’État pourrait organiser des rencontres de concertation active avec M. Hariri, pour une entente préalable détaillée sur le volume, la nature et la composition du prochain Cabinet, ainsi que la distribution des postes-clés». Émile KHOURY
Décidément, même les hasards du calendrier semblent favoriser M. Rafic Hariri. La Chambre issue des dernières élections entre en fonction le 17 octobre et se réunit pour élire son président. Dès le lendemain, le 18, le président Lahoud doit procéder aux consultations parlementaires pour la nomination d’un nouveau Premier ministre. Et le 21, il est appelé à se rendre au...