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Actualités - OPINION

Vie politique - La position de Lahoud diversement interprétée Rebond paradoxal de la controverse sur le sort du cabinet

L’étrange, la traditionnelle propension libanaise à subodorer derrière tout propos des intentions cachées brille d’un éclat particulier en cette fin d’année. En effet, pour certains, en prenant la défense des Trente en Conseil des ministres, en louant leurs réalisations biennales, le chef de l’État n’aurait accompli qu’une sorte de geste de courtoisie. En délivrant au gouvernement un satisfecit qui tiendrait lieu de bon de sortie. Comme un diplôme de fin d’études, en somme. Ces sources pensent que le président a voulu, en outre, calmer le jeu pour que la transition se déroule dans un climat serein, sans accroc. Pour faciliter la retraite des Trente plutôt que pour la prévenir. Ces pessimistes (ou ces optimistes, selon l’angle où l’on voit les choses) relèvent une petite phrase du discours présidentiel relative à la légitimité des critiques en régime démocratique. Pour eux, cela signifie que les attaques contre le gouvernement ne sont pas déplacées. Mais c’est oublier un peu vite que le président a condamné fermement la campagne menée contre le gouvernement, ou plutôt pour son départ. Il a souligné que ce bruitage nuit à la productivité des ministres, en les rendant hésitants dans le traitement de dossiers qu’ils pourraient n’avoir pas le temps de boucler. M. Lahoud a donc voulu les rassurer, en insistant pour qu’ils travaillent comme s’ils venaient d’être nommés. À ce propos, les sources citées plus haut avancent une explication ingénieuse : en bon stratège, M. Lahoud cherche par de telles assurances à assurer aussi bien la continuité du rendement des ministres mais également la docilité des fonctionnaires, qui se relativise naturellement lorsqu’un gouvernant est en instance de départ. Passe encore de planter, mais semer à cet âge, disait La Fontaine. Ces personnalités impatientes concluent sur un proverbe oriental identique. Qui demande à l’homme d’œuvrer toujours ici-bas comme s’il était immortel. Mais d’autres pôles se veulent moins philosophes ou moins subtilement exégètes. Pour eux, ce que le président a dit est on ne peut plus clair, net et précis : le cabinet reste sine die. Ils soulignent qu’on ne change pas une équipe gagnante, qualité que le président de la République reconnaît volontiers. D’autant, ajoutent-ils, que les conditions constitutionnelles requises pour changer un gouvernement ne sont pas réunies. Ces conditions se résument comme suit : en cas de disparition du Premier ministre ; en cas d’avènement d’un nouveau chef de l’État ou d’un nouveau Parlement ; en cas d’un vote de défiance à la Chambre. D’autre part, les circonstances régionales ne sont également pas propices et nécessitent un maximum de stabilité intérieure. Il en va de même pour les suites de Paris II et la préparation de Paris III. Il serait imprudent, suicidaire peut-être même, de s’embourber dans une crise ministérielle qui risquerait de tourner à la crise de pouvoir. Si le changement devait devenir impératif, ce qui n’est pas encore le cas, il faudrait l’entourer de toutes sortes de précautions. Il devrait y avoir d’abord un accord sur le programme du gouvernement suivant, facteur qui conditionnerait pratiquement la sélection des ministres. Dans la même optique, on devrait s’entendre préalablement sur des noms qui soient capables, fiables, populaires et représentatifs des régions comme des divers courants politiques. Il faudrait en outre tenir compte, dans la formation du nouveau gouvernement, des données régionales, surtout sur le plan des retombées économiques qu’une frappe US en Irak pourrait avoir. Toujours est-il que le président Berry continue à déclamer la chronique d’une mort gouvernementale annoncée. Tandis que M. Walid Joumblatt exige que l’on rétablisse le Conseil des ministres dans ses prérogatives et se dresse contre le bordereau numéro 9. Il est évident que pour ces pôles le délai de grâce court en principe jusqu’au vote du budget, à l’issue d’un débat qui commence le 7 janvier. Après quoi, à leur avis, les Trente n’auraient plus de condition à remplir pour satisfaire à Paris II. Et il vaudrait mieux les remplacer par une équipe qui serait mieux capable de faire face aux développements régionaux. Émile KHOURY
L’étrange, la traditionnelle propension libanaise à subodorer derrière tout propos des intentions cachées brille d’un éclat particulier en cette fin d’année. En effet, pour certains, en prenant la défense des Trente en Conseil des ministres, en louant leurs réalisations biennales, le chef de l’État n’aurait accompli qu’une sorte de geste de courtoisie. En...