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Actualités - CHRONOLOGIE

Concert - Tchaïkovsky, Debussy, Liszt et Mozart à l’église Saint-Joseph – USJ Le profane et le sacré(photos)

Sous une pluie battante et par un temps des plus mauvais, le dernier concert de l’année 2002 de l’Orchestre symphonique national libanais a eu lieu à l’église Saint-Joseph (USJ) sous la houlette du maestro Walid Gholmieh. Sans pouvoir dissuader public et musiciens, et sans la moindre entorse à l’heure fixée pas plus qu’à l’incroyable fidélité des très, très nombreux mélomanes, les foudres du ciel n’ont fait que renforcer le pouvoir magique de la musique qui s’est élevée entre inspiration profane et sacrée en splendides mélodies éthérées, sous les voûtes illuminées d’une église aux vitraux assaillis par la grêle et un vent mugissant. Avec six invités en solistes (Zsolt Zsigeti, Ghada Ghanem, Armine Basmajian, Lilia Dragomir, Reem Deeb et Étienne Kupélian), le menu était un riche et scintillant (terminologie de fête oblige...) panaché, où se sont succédé des pages de Tchaïkovsky, Debussy, Gershwin, Puccini, Liszt, Schubert, Delibes, Mozart, Adam et Anderson. Ouverture ondoyante et en grande pompe avec la célèbre Valse des fleurs de Piotr Illych Tchaïkovsky. Chatoyances orchestrales pour une œuvre « rose », froufroutante d’espoirs fous et habitée d’une certaine gaieté dans le monde sonore souvent tragique du compositeur de La Belle au bois dormant. Plus grave mais douce et fine dans son esprit bien français est La première rapsodie pour clarinette (avec Zsolt Szigeti) et orchestre de Claude Debussy, où le compositeur de Pelléas et Mélisande explore avec originalité toutes les ressources d’un instrument qu’on utilisait rarement en soliste à l’époque. Changement d’atmosphère, de ton et d’horizon avec le languide et tendre Summertime tiré de Porgy and Bess de Gershwin ainsi que le O mio babbino caro (oh mon très cher père) tiré de l’opéra Gianni Schicchi de Giacomo Puccini. Pour exprimer le blues de l’enfance à l’américaine et les supplications d’une fille à son père de changer un testament, c’est la voix de la soprane Ghada Ghanem qui épouse deux situations bien différentes que réunit admirablement l’émotion humaine. Envolées lyriques et ultraromantiques avec Arminé Basmajian qui mène de doigts de maître les phrases torrentielles, fougueuses et méditatives du Concerto n° 1 pour piano et orchestre de Frantz Liszt. Longue narration impétueuse et passionnée, variée autant dans la forme que dans l’expression. Avec des moments de virtuosité éblouissante, soutenue par une mélodie non moins présente, mêlant avec dextérité exaltation, angoisse et rêverie. Célestes ou méphistoplétiques, les chromatismes ont ici des allures insaisissables dans leur beauté sereine ou tourmentée. Périlleux et ardu, ce concerto est sans nul doute un authentique morceau d’anthologie du répertoire romantique. Après l’entracte, place à la ferveur et la piété de Schubert à travers l’Ave Maria, chanté avec sentiment telle une prière par Lilia Dragomir. Musika de Grigoriu devait prendre le relais avec des effets vocaux séduisants, notamment une fin vibrante comme un appel d’amour. Version nouvelle de Lakmé, l’opéra de Léo Delibes, avec la trompette de Zoltan Kovacs. Mélodie orientalisante sur fond d’amour, d’honneur et de poison, voilà les ingrédients virant au tragique de cette partition en pays brahmane et dont on écoute ici un air suggéré assez adroitement par la trompette. Enfin du Mozart ! Tiré d’une messe, le Laudamus te du génie de Salzbourg , chanté par Reem Deeb, insufflait à ce concert la pointe de musique sacrée qu’il lui fallait. Et plus de circonstance était probablement aussi cette O Holy Night d’Adam, qui fait revivre le mystère et la foi d’un instant où le temps ne semble plus avoir de prise sur nous. Après une nuit sainte, voilà une nuit silencieuse ! Le célèbre Silent Night qu’on entonne tous en cette période de fête s’est élevé grâce au hautbois d’Étienne Kupélian, donnant une certaine distance mais gardant inconditionnellement ferveur et émotion à un chant si familier. Pour clôturer, en beauté et gaieté festive, voilà le Christmas Festival de L. Anderson. Ce que vous entendez à longueur de journées sur les ondes vous est servi ici… orchestralement ! Superbes images de traîneaux filant sur la neige, de pères Noël descendant dans les cheminées, de hottes pleines de cadeaux empaquetés, de guirlandes de gui avec nœud en satin sur les portes, de chandelles colorées, à la lueur claire, de sapins royalement décorés et scintillants. Tout cela, la musique vous le dit joyeusement en notes lâchées comme des confettis multicolores dans le vent. Edgar DAVIDIAN
Sous une pluie battante et par un temps des plus mauvais, le dernier concert de l’année 2002 de l’Orchestre symphonique national libanais a eu lieu à l’église Saint-Joseph (USJ) sous la houlette du maestro Walid Gholmieh. Sans pouvoir dissuader public et musiciens, et sans la moindre entorse à l’heure fixée pas plus qu’à l’incroyable fidélité des très, très...