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Actualités - OPINION

Vie politique - Le chef de l’État a calmé les ardeurs des ministrables et des grognards Baabda gomme un compte à rebours prématuré

En intervenant en Conseil des ministres, pour en prier les membres d’agir comme s’ils venaient d’être nommés, le président de la République a littéralement douché à froid l’impatience des ministrables ou des grognards. Qui comptent dans leurs rangs, paradoxe qui n’a rien d’étonnant dans un pays aussi fantasque, nombre de ministres et autres responsables. Le chef de l’État a fustigé la légèreté des bruiteurs qui, en répandant rumeurs et pronostics sur un changement prochain de gouvernement, nuisent à la stabilité économique aussi bien que politique. M. Lahoud a même été jusqu’à délivrer un retentissant satisfecit à l’équipe en place pour ses deux années d’exercice. Il est clair que Baabda riposte de la sorte aux positions critiques (plaisant euphémisme) adoptées ces derniers temps par Nabih Berry et Walid Joumblatt. Le leader progressiste, pour bien montrer la radicalisation de sa contestation, est pour ainsi dire descendu dans la rue. En participant, en compagnie de Marwan Hamadé et aux côtés de Sélim Hoss comme de Nassib Lahoud, à la manif de la CGTL. Également dans le camp néo-opposant crypté, on trouve Issam Farès, le vice-président du Conseil, qui va répétant que le gouvernement est aux soins intensifs, sous perfusion. Or le clivage naissant au sein de la grande famille loyaliste est redoutable aux yeux de l’axe majeur de l’Exécutif parce qu’il présage d’un débat budgétaire difficile. Un point tout à fait essentiel pour le pouvoir. Car le projet de loi des finances, qui prévoit de réduire le déficit public à 25 %, a été présenté à l’étranger comme une sorte de garantie, ou d’engagement formel, sans laquelle Paris II n’aurait pas réussi. Autrement dit, il y a à craindre que les créanciers et les bailleurs de fonds ne retirent leurs billes, si le Liban ne tient pas parole, du moment qu’en pratique aucune bourse n’a encore été déliée. Les premiers fonds ne doivent en effet arriver qu’au début de l’an prochain. Cinq ou six mois plus tard, il devrait y avoir un nouveau rapport du Fonds monétaire international, en vue de Paris III. Une conférence qui, aux dires des loyalistes, devrait être encore plus fructueuse que Paris II qui va rapporter grosso modo au pays trois milliards de dollars. Pour sa part, Hariri évite visiblement, ces derniers temps, de s’impliquer dans des controverses politiques intérieures. Ses proches précisent qu’en tout cas ni les spéculations sur le départ des Trente, ni les préparatifs du bazar traditionnel qui accompagne la formation d’un nouveau Cabinet ne l’intéressent. Il a de la sorte confié récemment à un ministre qui lui rendait visite que son équipe s’est solidifiée, en prenant de l’expérience. Ajoutant qu’il n’y a pas lieu, à tout prendre, de balancer tout le gouvernement simplement parce que trois ministres sont contestés par leurs propres formations. Pour Hariri, les circonstances actuelles ne se prêtent en aucun cas au changement. Il n’en dit pas plus et semble soucieux, en fait, de ne pas engager de polémique avec Berry ou avec Joumblatt. Car il en a besoin pour faire passer sans encombre le budget, le bordereau fiscal numéro 9 surtout, à la Chambre. Globalement, le président du Conseil se dit confiant, malgré les attaques contre le gouvernement et malgré le risque de voir le bloc Joumblatt voter contre le budget. La contestation technique du texte est menée, répétons-le, par Hoss, Joumblatt et N. Lahoud. Berry, pour sa part (prépondérante), ne s’en mêle pas trop. Il attaque certes le gouvernement, parce qu’il veut larguer certains ministres, mais il prend soin d’insister sur un point : l’entente entre les présidents est une bonne chose. Solide et capable de résister à toute divergence de vues, ajoute-t-il. Il en veut pour preuve première l’accord sur le cellulaire. Un point de vue que partagent d’ailleurs nombre de ministres. Qui croient pouvoir indiquer que l’harmonie retrouvée se fonde sur un gentleman’s agreement aussi classique que simple : mettre de côté, dans la mesure du possible, les sujets qui fâchent. L’axe présidentiel est consolidé en outre par l’action que mène quotidiennement à cette fin le ministre de l’Intérieur, Élias Murr. Il prend en effet sur lui de traiter, d’une manière conciliatrice, nombre de dossiers litigieux, de questions quotidiennes ou cycliques qui ne peuvent être gelés. Cela pour instaurer un climat favorisant l’application de Paris II et la préparation de Paris III. C’est-à-dire la mise en place de réformes administratives, financières ou économiques déterminées. Il s’agit, entre autres, de lutter contre la corruption, le gaspillage et la lourdeur bureaucratique de l’administration. Il faut aussi, on le sait, mettre les privatisations (29 institutions publiques ou semi-publiques y sont candidates) en train. Ce programme commence tout de suite avec le secteur des télécommunications, cellulaire en tête, plus de 15 groupes internationaux semblant a priori intéressés par l’appel d’offres. Dans le même temps, le Conseil supérieur des privatisations planche sur l’électricité et l’eau. Philippe ABI-AKL
En intervenant en Conseil des ministres, pour en prier les membres d’agir comme s’ils venaient d’être nommés, le président de la République a littéralement douché à froid l’impatience des ministrables ou des grognards. Qui comptent dans leurs rangs, paradoxe qui n’a rien d’étonnant dans un pays aussi fantasque, nombre de ministres et autres responsables. Le chef de...