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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉVÉNEMENT - Affluence au Grand Sérail pour un remue-ménage grammatical Bernard Pivot et les cracks de la dictée(photos)

Remue-ménage « grammatical » au Grand Sérail, où officie en toute discrète élégance Bernard Pivot. La dictée, vous connaissez certainement ! Pour la seconde année consécutive, qui aurait dit une telle affluence en ce dimanche ensoleillé depuis 10 heures du matin au marathon de celui qui commettrait le moins (ou le plus !) de fautes ? Après le premier tri de postulants à une orthographe sans failles, voilà les finalistes (123 entre scolaires et seniors), leurs accompagnateurs et quelques gens de la presse pour affronter cette « discipline » sans états d’âme qui, sans nul doute, n’a jamais fait les délices des écoliers. À part quelques heureux élus forts en thèmes, latin et grammaire. Mais c’est bon de sonder son savoir et peu importe l’âge. Un mal nécessaire, diront les plus sages ; un passage obligé, les puristes ! D’où cette foule hétéroclite et bigarrée qui se dirigeait bien sagement et quelque peu intimidée (juste comme avant de passer une « colle ») à la salle du Grand Sérail qui a l’allure de tout sauf d’une austère classe où l’on gèle de froid… Illuminée avec ses grands lustres à pendeloques, colorée de ses vitraux bleus, enrichie de lourds pans de rideaux ramagés et à passementeries, dominée par un plafond en poutrelles et boiserie sculptée, recouverte de murs en marbre, cette salle magnifique et immense offrait non de petits bureaux aux participants mais des chaises en plastique recouvertes de housses à nœud… Le temps de répartir les concurrents en bonne place avec consigne d’éteindre les mobiles et défense de mastiquer (les chewing-gums font mauvais genre à la télé, dixit l’organisatrice au micro avec un ton d’institutrice excédée !) et voilà que les feutrines des stylos sont en l’air et que les crayons, bien taillés, s’apprêtent à la chasse aux incorrections… Le regard (un peu) sévère, le costume sombre, la chemise bleu ciel, le nœud de cravate impeccable, Bernard Pivot, avec une voix claire, commence la lecture d’un texte jugé par les “connnaisseurs” moins “poétique” et moins difficile que celui de l’année dernière. Mais bien entendu n’excluant guère des pièges (assez fins) à éviter toutefois comme à Fort Boyard… Tout en pensant aussi qu’ci tout le monde n’est pas gagnant comme chez Jacques Martin. Et file la première phrase : « Durant la dictée du Liban, la vie était comme suspendue.» Ça c’est encore simple. Oui mais alors comment écrivez-vous b.a.-ba ? Antisèche ? Les participes passés ? Ecritoires appropriées ? ( Eh oui écritoire c’est féminin !) Et surtout , surtout ce « mangeotté » où presque tout le monde a glissé… Au moment même (redoutable test ou jeu d’enfant pour un lettré ?), devant votre papier (et même si vous pipez du côté du voisin à supposer que vous êtes maître dans l’art de la triche ) rien n’est évident et vous paniquez. Plus d’une possibilité et toutes semblent brusquement logiques et adéquates. Et Bernard Pivot qui passe entre les rangs, souriant. Têtes penchées, regard en l’air, stylos crissant sur la page à moitié vide ou mâchonnant fébrilement la gomme du crayon, les participants sont littéralement absorbés à débroussailler ce chemin semé d’embûches qu’on leur désigne. De la mèche rousse d’une mamie au collier en perles au quinquagénaire en costard et cravate, en passant par l’adolescent au jeans délavé et aux cheveux peroxydés ou à la jeune fille fluette avec piercing et bottines à talons aiguilles, la dictée est ici une même épreuve de savoir et de force intellectuelle. Silence, on cogite. Le point final tiré, moment de réflexion pour relire un texte où les fautes ne seront pas forcément corrigées... On peut même en (r)ajouter, qui sait ? Les dés sont jetés. On ramasse les copies. Tout à fait comme en classe. Murmure de soulagement. Les langues se délient. Le bruit des chaises qu’on écarte pour mieux bavarder les uns avec les autres s’amplifie. On s’informe d’un pluriel, d’un participe passé, d’un accord, d’un masculin, d’un féminin, d’un accent, d’une parenthèse… Il n’y a pas encore de bémols dans les voix. Les résultats c’est pour ce soir. Maintenant c’est la pause de midi. Rebelote vers 18 heures pour la même dictée mais avec un autre public. Plus nombreux, plus prestigieux, plus familier aussi peut-être avec le grand Sérail. Il s’agit d’un public invité sur carton, où l’on retrouve ministres, ambassadeurs, intellectuels, artistes et gens du monde. On cite volontiers la présence de Monsieur l’ambassadeur de France Philippe Lecourtier, l’intervention savante de Roger Assaf, le beau sourire de Norma Naoum qui prouve que beauté et culture ne sont pas forcément incompatibles. Salle comble, un peu moins appliquée et certainement plus agitée que celle du matin, se rendant au rendez-vous de Pivot comme pour un spectacle. Et spectacle il y en avait ce soir-là pour les stakhanovistes de la dictée. Un invité de charme, Philippe Laville, a animé la scène avec trois ritournelles tout en étant secondé par un jeune chanteur libanais Fouad Nohra, usant bien des rythmes levantins mais que Pivot a bien voulu nous révéler dans sa « francité musicale ». Atmosphère de fête avec impératif de marketing, avec quelques moments de confusion lors des remises des prix plutôt que la retenue d’une authentique présence intellectuelle.Voilà la dictée de Bernard Pivot qui se transforme en show. Mais on n’oublie pas pour autant les lauréats qui bénéficient d’un voyage à Paris ainsi que des montants allant de 2 000 à 500 euros. Uni dans l’amour de la langue française, le public écoutait encore les dernières mesures de la chanson On vit sous le même soleil quand les portes de la salle d’en face se sont grandes ouvertes, découvrant des tables magnifiquement dressées pour retrouver les nourritures terrestres. Edgar Davidian Les lauréats Scolaires : 1- Margarita Abi Zeid Daou 2-Georges Achi 3-Laura Abi Chakra Adultes : 1-Danièle Yazbeck (zéro faute!) 2- Bechara Mouzannar 3-Eliane Koniski.
Remue-ménage « grammatical » au Grand Sérail, où officie en toute discrète élégance Bernard Pivot. La dictée, vous connaissez certainement ! Pour la seconde année consécutive, qui aurait dit une telle affluence en ce dimanche ensoleillé depuis 10 heures du matin au marathon de celui qui commettrait le moins (ou le plus !) de fautes ? Après le premier tri de postulants...