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Actualités - OPINION

vie politique - Électricité dans l’air et de l’eau dans le gaz L’opposition critique amèrement l’État

On le pressentait depuis des années (lumière) : une partie des Libanais allait officiellement se faire dévaliser par une autre. Avec la complicité active de l’État (de fait et de Taëf). L’exploit, double, est maintenant accompli. Généreux, le pouvoir prodigue les moratoires autant qu’il en réclame. Il vient en effet, comme l’Est ne le sait que trop, de gommer l’ardoise des impayés d’électricité et d’eau. Plus exactement, de ratifier, en la « légalisant », la pratique coutumière de faire casquer la différence par la composante chrétienne de ce pays. Cette initiative soulève un tollé dans les cercles opposants. Qui s’étonnent que l’État, qui halète après les sous, se montre si prodigue en termes de recouvrement de ses droits les plus légitimes, comme les plus pressants. Où sont donc, ajoutent les opposants, les recettes accrues que Siniora promet de réaliser ? Comment va-t-il s’y prendre ? Par de nouvelles taxes indirectes ? En accablant, comme il le fait déjà joyeusement, les demi-soldes, les pauvres retraités et les femmes salariées, en charge de marmaille ? Pour être juste, le ministre des Finances s’est dit opposé aux arrangements proclamés par l’Eau et par l’Électricité en faveur des consommateurs oublieux des factures. On semble, assurent les opposants, lui avoir conseillé d’ouvrir la bouche pour le principe, mais de fermer les yeux en pratique. En lui faisant valoir qu’après tout, il n’y perd que quelques petits millions de dollars, une dizaine au plus. Il ne s’est pas laissé tout à fait convaincre. Car il est le mieux placé pour savoir qu’il n’y a pas de petits profits, qu’un sou est un sou et que le précédent d’exemption injustifiable peut faire boule de neige. Du côté du téléphone par exemple. Ou de celui des administrations publiques, dont bon nombre sont en situation irrégulière concernant leurs quittances. À dire vrai, la plupart des députés, même loyalistes, manifestent un haut-le-corps, comme le ministre. Ils savent en effet que l’opinion, aussi blasée qu’elle soit, a toujours du mal à admettre un choix de deux poids, deux mesures aussi flagrant que le délit du même nom. Surtout qu’on ne cesse de matraquer la population de slogans l’invitant à bien comprendre l’esprit (de sacrifice) qui découle de Paris II et du plan de redressement économique. Cependant, ces parlementaires ne souhaitent pas faire trop de tapage. Parce qu’ils se soucient de protéger Paris II. Et savent qu’une sorte d’esclandre sur une affaire comme celle-là ferait mauvais effet sur des donateurs étrangers qui, pour la plupart, n’ont pas encore délié les cordons de leur bourse. Certains d’entre eux suggèrent dès lors un compromis : une dispense généralisée à tous les domaines sur les arriérés remontant à plus loin que 1995, comme pour l’eau et l’électricité, mais échelonnement (et non plus une suppression) des amendes cumulées après cette date. Oubliant un peu que c’est une proposition d’un de leurs pairs, Samad, qui est à l’origine de ce quasi-scandale, oubliant aussi l’indignation initiale de Hariri, ces députés reprochent à l’État, entendre à l’Exécutif, de n’être pas conséquent avec lui-même. Ils n’ont peut-être pas tout à fait tort. Car en réalité, après avoir parlé d’une perte sèche (beaucoup trop gonflée) de 400 milliards de livres (plus de 260 millions de dollars !), le président du Conseil a fini par se plier aux desiderata de son allié, le président Berry, qui a soutenu à fond l’exemption. Parce que ce sont surtout les siens, comme on dit, qui en profitent, le refrain étant connu depuis des années. Quant aux Libanais, on sait bien lesquels, qui sont en règle et qui se sont parfois acquittés au retour d’un longue absence de lourdes amendes rubis sur l’ongle, ils peuvent toujours se lamenter, autre refrain connu. À moins que certains d’entre eux ne s’aventurent à porter l’affaire devant le Conseil d’État. Juste pour voir. Et pour savoir avec quels fonds le pouvoir va alimenter les caisses spéciales réservées aux régions dites en développement et qui viennent, en outre et en pratique, de recevoir un splendide cadeau hydroélectrique de fin d’année. Alors que les régions qui paient, comme Jbeil, sont privées de projets, de travaux. En partie à cause de leur fidélité à l’opposition et à ses grandes figures, comme le regretté Raymond Eddé. Philippe ABI-AKL
On le pressentait depuis des années (lumière) : une partie des Libanais allait officiellement se faire dévaliser par une autre. Avec la complicité active de l’État (de fait et de Taëf). L’exploit, double, est maintenant accompli. Généreux, le pouvoir prodigue les moratoires autant qu’il en réclame. Il vient en effet, comme l’Est ne le sait que trop, de gommer...