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Actualités - OPINION

Controverse larvée sur la nécessité d’un dialogue interne

La trêve politique étant un fait accompli, il paraît normal que se pose la question du dialogue. Il s’agit d’en déterminer à la fois l’ordre du jour et les participants. Du côté des loyalistes, plus exactement du Rassemblement parlementaire de concertation, les avis sont contradictoires. Certains voient dans le dialogue la seule façon de renforcer l’unité des rangs intérieurs, pour parer à toute éventualité régionale comme pour mieux lutter contre la récession. D’autres soutiennent qu’il est parfaitement inutile de dialoguer, même avec le patriarche Sfeir, car de toute évidence les positions sur les questions-clés restent tout à fait inconciliables. Pour choisir entre une option et l’autre, le groupe a décidé d’en référer à Baabda. De fait, son comité de suivi a demandé audience au chef de l’État. De leur côté, des officiels estiment qu’on peut se contenter pour le moment de calmer le jeu, d’apaiser les tensions. Ce qui implique, reconnaissent-ils, l’arrêt des règlements de comptes claniques, et des tracasseries parajudiciaires visant certains leaders de l’opposition. Pour ces responsables, dont l’avis est nuancé, le dialogue n’est pas condamnable en soi. Mais il serait préférable de ne pas l’engager de sitôt, car il pourrait provoquer une reprise des polémiques. Notamment sur la présence militaire syrienne, sujet sensible et explosif. Ces sources pensent, sans doute à juste titre, que l’opposition n’est pas disposée à renoncer à discuter la question de la souveraineté, comme le RPDC et le pouvoir le proposent en faisant valoir que la présence syrienne est validée jusqu’à la paix autant par la France que par les USA. À partir du moment où le dialogue inclurait un tel thème, il risquerait de déraper, répètent ces officiels qui précisent que la présence militaire syrienne est rendue encore plus nécessaire par la perspective d’un coup américain contre l’Irak comme par les menaces israéliennes. Mais ils conseillent, au nom de la raison, que les Libanais s’entendent sur une position commune concernant l’indépendance. Ce qui ne peut se faire, à leur avis, que dans un climat plus détendu, plus serein. Ils ajoutent qu’en attendant, l’armée syrienne présente au Liban devrait assumer une double mission : soutenir les forces de l’ordre sur le plan sécuritaire intérieur et assurer la protection pannationale des deux pays voisins face au péril israélien. Tout comme les forces armées américaines présentes en Allemagne, au Japon ou en Corée du Sud après la guerre. Autrement dit, en sous-entendu, ces loyalistes reconnaissent que les forces syriennes doivent avoir une mission purement technique de terrain, sans intervenir dans les affaires intérieures du pays. Il convient de noter que Mikhaïl Daher, contrairement à nombre de ses collègues du RPDC, ne demande pas que l’on mette de côté la question du retrait syrien. Il faut au contraire, à son avis, convaincre ceux qui ne le sont pas encore que la présence syrienne est indispensable. Tout en calmant les appréhensions du patriarcat au sujet de la souveraineté et de l’indépendance. De l’autre côté de la barrière, Boutros Harb, de la Rencontre de Kornet Chehwane, plaide pour un dialogue national à tête reposée, loin de toute tension confessionnelle. Il faut donc selon lui rétablir les ponts entre musulmans et chrétiens, pour se mettre ensemble en quête de dénominateurs communs. Sans clivages entre les communautés ou au sein même des différentes collectivités. Quant au patriarche Sfeir, il souligne qu’il est nécessaire de traiter les anomalies. C’est-à-dire de se pencher sur les causes qui paraissent justifier la présence des forces syriennes. Et de faire en sorte que les forces régulières locales soient en mesure de contrôler seules le territoire. Pour que les relations bilatérales deviennent enfin vraiment privilégiées, entendre épurées de tout défaut de base, dans un cadre de respect mutuel entre deux États pareillement indépendants. Émile KHOURY
La trêve politique étant un fait accompli, il paraît normal que se pose la question du dialogue. Il s’agit d’en déterminer à la fois l’ordre du jour et les participants. Du côté des loyalistes, plus exactement du Rassemblement parlementaire de concertation, les avis sont contradictoires. Certains voient dans le dialogue la seule façon de renforcer l’unité des rangs...